3 novembre 2017

Chinese Man en interview et en live !!!

À l’occasion de la sortie de Shikantaza, leur 2ème album, Chinese Man était sur la scène du Zénith ce samedi 28 octobre. L’occasion pour Fragil de poser quelques questions aux trois membres du groupe et d’assister à leur live explosif.

Chinese Man en interview et en live !!!

03 Nov 2017

À l’occasion de la sortie de Shikantaza, leur 2ème album, Chinese Man était sur la scène du Zénith ce samedi 28 octobre. L’occasion pour Fragil de poser quelques questions aux trois membres du groupe et d’assister à leur live explosif.

Composé des DJs Zé Mateo et High Ku, et du beatmaker Sly, Chinese Man a su, au fil des années, se faire une place de choix dans le vaste monde du son. Discrets, les trois acolytes se définissent l’un comme un « chef de favela brésilien à la coiffure extravagante », l’autre comme un « gangster polonais de Long Beach près de Lyon » et le dernier en « moine bouddhiste spécialisé dans l’euthanasie ». Tout un programme !

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2-Chinese-Man-©Leo-Berne

Leo Berne

Etre assis sans rien faire

Cinq ans après Racing with the sun, le groupe fête la sortie de son deuxième opus, Shikantaza, attitude à adopter lors de la méditation bouddhiste zen soto et qui veut dire « être assis sans rien faire » en japonais. Conçu et imaginé entre Marseille, Bombay et l’Ardèche, cet album est une invitation au voyage… mental, à la réflexion et à la méditation. Ponctués de sonorités orientales et d’asian vibes, les morceaux de Shikantaza sont nappés de samples enregistrés lors des nombreux voyages du groupe, notamment en Inde, posés sur des beats hip hop puissants et rythmés par les flows d’une pléiade de MCs (Dillon Cooper, A-F-R-O, Taiwan MC, R.A., Youthstar…).

Un régal à écouter, assis sans rien faire.

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Anaïk Viollin

Interview de Chinese Man

FRAGIL : Pourquoi Shikantaza ?
CHINESE MAN : Ce mot définissait bien l’état d’esprit dans lequel nous étions pour la création de l’album : nous voulions prendre notre temps, composer sans pression et expérimenter de nouvelles choses sans changer notre façon de faire… Et on imaginait « qu’être assis sans rien faire » (qui est une des traductions de « Shikantaza ») serait une bonne façon d’écouter l’album !

 » Nous choisissons les samples à l’instinct… »

FRAGIL : On parle beaucoup de voyages en évoquant votre dernier opus. Avez-vous effectivement beaucoup voyagé avant d’enregistrer cet album ?
CHINESE MAN : Nous avons la chance de pouvoir voyager régulièrement grâce à la musique et chaque voyage est une source d’inspiration pour nous. Nous nous sommes donc nourris de ces voyages pour commencer à composer et avons continué à le faire pendant l’enregistrement de l’album avec notamment une étape en Inde ou nous avons pu collaborer avec des musiciens locaux qui ont apporté une couleur supplémentaire à « Shikantaza ».

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Anaïk Viollin

FRAGIL : Comment choisissez-vous vos samples, comme par exemple celui du réalisateur Alejandro Jodorowski ?
CHINESE MAN : Nous choisissons les samples à l’instinct parce qu’ils nous inspirent ou évoquent quelque chose qui nous parle et qui paraît cohérent avec le morceau sur lequel nous les utilisons. Pour Alejandro Jodorowski c’est un peu différent parce que nous l’avons rencontré et enregistré son intervention alors que le morceaux était terminé. On est très fan de son boulot et on trouvait que sa voix irait parfaitement sur le morceau « Maläd » et il a accepté de se prêter au jeu et on est très fiers de l’avoir sur l’album !

 » Chinese Man est un groupe sans origines particulières installé à Marseille ! »

FRAGIL : Vous inscrivez-vous dans une tradition marseillaise du rap bien que vous soyez riches de multiples influences musicales ?
CHINESE MAN : Nous vivons maintenant à Marseille, mais on ne se voit pas comme un groupe marseillais… On collabore avec des gens de pleins de pays et de cultures différentes, on va dire que Chinese Man est donc un groupe sans origines particulières installé à Marseille !

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Anaïk Viollin

FRAGIL : Quel est votre meilleur souvenir de concert ? Et le pire ?
CHINESE MAN : On espère que notre meilleur concert est encore à venir… et que le pire aussi !

L’homme Chinois au Zénith

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Merwann Abboud

Nul doute que celui du Zénith de Nantes sera classé parmi les bons, voire très bons souvenirs.
Surélevés au-dessus d’un décor futuriste et derrière leurs platines, Zé Mateo, High Ku et Sly ont, pendant plus de deux heures, mixé leurs beats et leurs basses agrémentés de samples piochés aux quatre coins du monde. Derrière eux, un écran géant diffusait des films d’animation, créés pour l’occasion, entrecoupés d’images prises en live par plusieurs caméras. Devant les deux DJs et le beatmaker, six chanteurs et MCs (Taiwan MC, Youthstar, Illaman, A State of Mind et Mariama) ainsi qu’un quatuor de cordes, Elixir (trois violons et un violoncelle), se sont relayés pour enflammer la soirée.

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Anaïk Viollin

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Merwann Abboud

Le savant mélange hip hop, dub et électro de Chinese Man a immédiatement conquis le public nantais, intergénérationnel et prompt à répondre aux sollicitations des différents guests. C’est pourquoi, aux antipodes du Shikantaza, il était impossible, ce soir-là, de rester assis sans rien faire.

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Chinese Man Records

Chinese Man « Shikantaza » (Chinese Man Records) 2017

Plus d’infos sur chinesemanrecords.com

Les Festivals de cinéma, on peut tous en profiter !

Jean-François Sivadier met en scène « Don Giovanni » : Par delà ce regard…

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017