25 octobre 2022

Ça va déménager le 26 octobre au Pannonica avec le trio de filles Qonicho D

Elles seront 3 sur scène le 26 octobre au Pannonica et elles joueront en avant première de Subutex, un groupe lui bien masculin. Des filles qui viennent s’incruster dans un univers très macho, c’est suffisamment rare pour leur consacrer un article. Fragil s’y est collé.

Ça va déménager le 26 octobre au Pannonica avec le trio de filles Qonicho D

25 Oct 2022

Elles seront 3 sur scène le 26 octobre au Pannonica et elles joueront en avant première de Subutex, un groupe lui bien masculin. Des filles qui viennent s’incruster dans un univers très macho, c’est suffisamment rare pour leur consacrer un article. Fragil s’y est collé.

Ne leur dites surtout pas que leur musique est féminine. Elles vous renverraient à vos préjugés et elles auraient bien raison car sur scène, Morgane Carnet au saxophone, Blanche Lafuente à la batterie et de Fanny Lasfargues à la basse ont une énergie débordante. Elles revendiquent un jazz déjanté et improvisé, un mélange de rock et de punk, à l’image de leurs idoles de Nirvana.

«On est parti de notre  passé free jazz pour faire naître notre musique» indique Blanche Lafuente. «On a commencé avec des improvisations sur Nirvana. On était les Nirvanana. Et puis on a dévié sur Qonicho, ce qui veut dire Bonjour en japonais. Il y a eu plusieurs versions d’ailleurs :Qonicho Ah et maintenant Qonicho D».

Blanche reconnaît que ces jeux de mots sont un peu «pourris». Mais pour elle ce qui compte, c’est le plaisir de jouer avec sa complice depuis 2014, Morgane Carnet. Toutes les deux sont passées par le Conservatoire de musique de jazz. Elles ont grandi dans un univers musical dominé par les hommes et ont acceptés des remarques sexistes du style : «Dis donc tu joue drôlement bien pour une fille» ou encore «Ah c’est toi la chanteuse». Mais elles ne se rendaient pas compte de l’effet nocif que ces remarques sexistes avaient sur elles.

C’est le mouvement Me Too qui a éveillé leur conscience et conduit à former un groupe exclusivement féminin. Sans être des militantes, elles s’affichent comme féministes et regrettent de ne pas être reconnues pour leur musique.

«J’ai été recrutée par Fréderic Maurin pour jouer à l’Orchestre National du Jazz»   admet Morgane Carnet. «C’est bien car ça m’a permis de me faire repérer par des programmateurs et de décrocher des contrats. Ça a lancé ma carrière mais si j’ai été embauché à l’ONJ, c’est pour de mauvaises raisons, pour atteindre le quota de femmes».

« Aujourd’hui, le bon musicien, c’est celui qui joue vite et fort, qui est capable de prouesses techniques« . Autrement dit c’est un ou une virtuose, mot dérivé du latin virtu qui signifie énergie, qualité, de virtus qui veut dire compétence, virilité, excellence et qui découle de la racine commune vir qui désigne l’homme.

Changer des habitudes ancestrales et apprendre dès l’enfance et par l’éducation à ne pas genrer les comportements, cela va sans doute prendre du temps. En attendant Qonicho D cultive sa différence.

«Monter sur scène et montrer qu’on est un groupe de filles, c’est un bel exemple pour les futures générations de musiciennes» affirme Blanche Lafuente qui reconnaît par ailleurs que : «Entre filles, il y a moins de frottement. On se sent plus en sécurité. On est plus solidaires». 

De nombreuses musiciennes les appellent pour rentrer dans le groupe mais ne sont retenues que celles qui sont compatibles, c’est-à-dire celles qui apprécient leur musique et qui ont envie d’évoluer ensemble sur jazz, rock, punk débridé.

Papooz, le Ferrailleur chaloupe !

Pourquoi la Saint-Barthélémy n’a pas eu lieu à Nantes ? 450 ans plus tard, des historiens revisitent l’histoire.

Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017