24 janvier 2024

Blocage à la fac de Nantes contre la loi asile et immigration

Ce mercredi matin, un blocage du campus Tertre de l'Université de Nantes est en cours suite à une assemblée générale tenue la veille. Plusieurs dizaines de militant·e·s, principalement des étudiant·e·s de l'agglomération nantaise sont sur place pour barricader les entrées des différents bâtiments et essayer d'organiser un mouvement contre la loi asile immigration.

Blocage à la fac de Nantes contre la loi asile et immigration

24 Jan 2024

Ce mercredi matin, un blocage du campus Tertre de l'Université de Nantes est en cours suite à une assemblée générale tenue la veille. Plusieurs dizaines de militant·e·s, principalement des étudiant·e·s de l'agglomération nantaise sont sur place pour barricader les entrées des différents bâtiments et essayer d'organiser un mouvement contre la loi asile immigration.

Le rendez-vous avait été donné à 6h30 au pôle étudiant de l’université de Nantes par le compte ag_de_nantes via un post Instagram publié la veille.

Une vingtaine de personnes sont déjà présentes quand nous arrivons sur place. En quelques minutes, plusieurs groupes se forment afin d’aller trouver de quoi bloquer les nombreuses entrées des bâtiments de l’université avant l’arrivée des étudiant·es.

Toutes les entrées de l’université sont barricadées par les militant.e.s © Juliette Ducornetz

Pendant l’opération, un militant se retrouve à échanger avec les étudiant·e·s arrivé·e·s dès le début sur place : “La question c’est comment nous on discute, comment nous on se réapproprie les lieux, c’est ça l’enjeu pour nous ! Il y a une tendance globale de la mutation de la gouvernementalité en France et partout en Europe, l’accession au pouvoir de l’extrême droite est permise par des politiques réactionnaires dont Darmanin est le symbole.

Une convergence d’étudiant·e·s de toute l’agglomération

Les participant·e·s au blocage viennent de différentes écoles de toute l’agglomération nantaise : “On vient d’une école sur Rezé qui forme des travailleurs sociaux, on a eu vent du blocage ce matin et on est venu voir si on pouvait soutenir.” nous expliquent Bernard et Léo. Ils assurent ne pas vraiment sentir de réelle opposition face à la loi asile immigration comparé au mouvement contre les retraites. “En même temps les questions d’immigration ça mobilise beaucoup moins de gens.”.

Tag « Non à la loi immigration » sur les murs de l’université. © Juliette Ducornetz

Une heure après le début des opérations, la plupart des entrées de l’université sont condamnées, les étudiant·e·s commencent à arriver en nombre sur le parvis de l’université et s’arrêtent pour discuter devant les barricades. Même si les avis semblent assez consensuels sur la loi immigration, ils divergent néanmoins sur les méthodes utilisées.

On a reçu un message de la part de nos camarades pour nous expliquer qu’il y aurait un blocage ce matin, mais on n’avait pas plus d’informations. C’est bien d’exprimer ses opinions mais de là à bloquer tout un bâtiment. […] Ça empêche tout le monde de travailler, même ceux qui ne veulent pas s’impliquer. J’avais cours à 8h et je pense que les cours de la matinée vont sauter.” Nous indique Aony, étudiante en troisième année de lettres modernes.

La foule d’étudiant·e·s grossit avant 8h. © Juliette Ducornetz

L’heure de début des premiers cours approche, le nombre d’étudiant·e·s agglutiné·e·s devant les portes pour se protéger de la pluie grandit. Les militant·e·s entament ensuite la distribution d’un “livret d’information et d’argumentation contre la loi immigration” imprimé par le syndicat solidaires étudiant·e·s, ainsi que d’un tract pour une manifestation “contre la loi immigration et toutes les lois racistes” prévue ce jeudi 25 janvier à 18h30 devant la préfecture.

Faire front ensemble

Une militante prend ensuite la parole devant les étudiant·e·s avec un porte-voix : “Cette loi elle est discriminante, notamment pour les étudiants étrangers à la fac qui devront laisser une caution très élevée, qu’ils ne pourront récupérer qu’après avoir quitté le territoire ! Cette loi va aussi impacter économiquement 110 000 personnes dont 30 000 enfants selon les économistes … Ce qu’on vous propose aujourd’hui c’est de s’organiser en mouvement, il va y avoir des projections de films et différents ateliers, on vous propose une assemblée à 10h pour organiser tout ça et faire front ensemble !

Depuis quelques semaines, l’opposition face à la loi immigration se fait de plus en plus présente dans les milieux lycéens et étudiants et les blocages se multiplient sur Nantes. Afin de connaître les suites de ce mouvement, n’hésitez pas à nous suivre.

Originaire de Normandie, Bastien a grandi dans le vignoble nantais. Après des premiers pas en médecine, c’est finalement vers des études de géologie qu’il se dirige. Passionné du vivant et de la terre (il avoue avoir une collection de pierres depuis tout petit !), Bastien ressent le besoin de s’engager pour penser et changer le monde de demain.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017