2 novembre 2017

« La bibliothèque, la nuit », l’invitation au voyage du LU

Après Montréal et Paris, l’exposition en réalité virtuelle fait escale à Nantes et est à découvrir jusqu’au 7 janvier 2018 au Lieu Unique. Fragil l’a testée pour vous.

« La bibliothèque, la nuit », l’invitation au voyage du LU

02 Nov 2017

Après Montréal et Paris, l’exposition en réalité virtuelle fait escale à Nantes et est à découvrir jusqu’au 7 janvier 2018 au Lieu Unique. Fragil l’a testée pour vous.

Inspirée de l’œuvre éponyme d’Alberto Manguel (Actes Sud, 2006), l’exposition nous invite à voyager dans les 10 plus belles bibliothèques du monde à l’aide d’un masque relié à un écran digital et d’un casque audio.

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2-Article-BLN-Affiche

Lieu Unique

L’installation, conçue par la compagnie québécoise Ex Machina, nous plonge d’emblée dans une ambiance calme et sereine : des bureaux d’étude sont disposés dans la salle, nous sommes éclairés par des lampes en opaline verte et un léger souffle de vent imaginaire nous invite à nous asseoir sur les chaises pivotantes pour un voyage à 360°.

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3-Article-BLN-Installation

Nicolas PATAULT

Le dispositif a été conçu comme un Oculus Rift et il fonctionne très bien : une fois le casque et les lunettes chaussés, le visiteur est immergé dans une forêt nocturne aux arbres immenses autour desquels gravitent 10 logos, chacun représentant une bibliothèque emblématique d’une époque ou d’une partie du monde. Il suffit de fixer un logo pendant quelques secondes pour que démarre le voyage, mais accrochez-vous ! l’impression de réalité est vraiment fascinante… et parfois même vertigineuse.

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Nicolas PATAULT

Guidés par les textes et la voix d’Alberto Manguel, on a l’occasion d’explorer des lieux étonnants et cosmopolites, allant de la méga-bibliothèque à la fois aérienne et aquatique de Mexico City à la bibliothèque-moulin du temple de Hase-dera au Japon, en passant par deux lieux imaginaires qui se dessinent progressivement sous nos yeux : la bibliothèque du Nautilus (inspirée de Vingt mille lieues sous les mers) et celle d’Alexandrie qui nous offre un voyage depuis les étoiles jusque dans les hauteurs de la mégalopole égyptienne d’aujourd’hui.

Mais surtout, l’exposition nous raconte les histoires de ces lieux et chaque destination nous plonge dans une époque et dans un lieu différent où se mêlent l’histoire, l’architecture et le savoir ; les livres anciens d’hier et les tablettes digitales d’aujourd’hui ; le temps qui s’écoule et le temps qui s’arrête parfois au fil de nos lectures. C’est ainsi que l’on découvre par exemple à quel point les bibliothèques changèrent au XIX° siècle à l’époque où Paris s’équipait de la lumière au gaz permettant des lectures plus tardives, que l’on assiste avec effroi au grand incendie de la mythique bibliothèque d’Alexandrie et que l’on rencontre Vedran Smailović, ce célèbre violoncelliste qui continua de jouer sous les bombardements des jours durant dans la bibliothèque universitaire de Sarajevo pendant le siège de la ville en 1992.

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Nicolas PATAULT

Les bibliothèques sont des lieux clos, confinés, mais où – comme le pensait Jose Luis Borges (La Bibliothèque de Babel, 1944) – chacun des livres qui s’y trouvent peuvent se décomposer en une infinité de variantes et d’interprétations possibles en fonction du nombre de ses tirages, de ses traductions mais surtout de ses lecteurs, qui augmentent de jour en jour. D’autant plus vertigineux, n’est-ce pas ?

L’exposition est visible jusqu’au 7 janvier 2018, les places sont à retirer au Lieu Unique ou depuis la billetterie en ligne.

Pour prolonger l’expérience, Alberto Manguel sera présent au Lieu Unique à Nantes pour une conférence sur les origines du projet le jeudi 16 novembre à 18h30.

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À mi distance entre la pédagogie et le journalisme, Benoist est un passionné des cultures et des sociétés du monde, des sciences et des mythologies. Prof de formation, grand fan de "C'est pas sorcier!", ne voyage jamais sans son ukulélé.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017