19 décembre 2017

Les amours contrariées de la Cie Frasques

Dans sa dernière création, Goodbye Love, la Cie Frasques explore le répertoire des chansons américaines des années 30 à 60, et livre un spectacle au croisement du théâtre, de la musique et des arts numériques. Fragil était à la représentation du 8 décembre dernier au Pannonica.

Les amours contrariées de la Cie Frasques

19 Déc 2017

Dans sa dernière création, Goodbye Love, la Cie Frasques explore le répertoire des chansons américaines des années 30 à 60, et livre un spectacle au croisement du théâtre, de la musique et des arts numériques. Fragil était à la représentation du 8 décembre dernier au Pannonica.

« To carry a torch for someone », brûler d’amour pour quelqu’un… Cette expression enflammée a donné naissance au terme “Torchs songs”, ces chansons d’amour contrarié ou non partagé, qui connurent leurs heures de gloire aux Etas-Unis des années 30 aux années 60. La compagnie nantaise Frasques s’est emparée de ce répertoire pour monter ce qui devait d’abord n’être qu’un duo autour de la chanteuse Chloé Cailleton et du pianiste Guillaume Hazebrouck, et qui s’est vu étoffé par la mise en scène et la création vidéo d’Erwann Jan.

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Chloé Cailleton et Guillaume Hazebrouck

Compagnie Frasques

Guillaume Hazebrouck, tour à tour conférencier pince-sans-rire dissertant sur les « torch songs » et pianiste fou plaquant des accords de jazz, donne la réplique à la merveilleuse voix de Chloé Cailleton, alors que derrière eux défilent des images en noir et blanc, montage d’images animées de pin-up américaine à la Betty Boop ou extraits du film intime de la mémoire de la chanteuse… rêveries, souvenirs, on ne sait plus très bien sur quel plan ni dans quelle sphère évolue Chloé.

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Chloé Cailleton et Guillaume Hazebrouck

Compagnie Frasques

Les mélodies vocales, sublimes, collent aux chansons originales, tandis que les rythmes et les harmonies joués par le piano sont remaniés et apparaissent plus durs, presque violents.
Opposition douceur de la voix / implacabilité du marteau qui frappe les cordes du piano ?
Opposition femme / homme ? De débat il n’est pourtant point question ici, car l’on a bien compris la supériorité masculine qui transpire de ce spectacle. Même si Chloé Cailleton, « torch singer » éperdue, ose révéler que ces « torch songs » ne sont écrites que par des hommes et pour des hommes, et c’est pour cela que la chanteuse ne tient toujours qu’un rôle de séductrice ou de femme éplorée.

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Compagnie Frasques

Vivement les spectacles autour des répertoires des « girl power singers », écrits par et pour des femmes, et qui sait, peut-être même chantés par des hommes – bon d’accord, on n’y est pas encore.

Prochaine représentation de Goodbye Love au Champilambart à Vallet le 19 janvier.

Le journalisme pour promouvoir l’égalité fille-garçon

Le Cirque de Noël : Entre émerveillement et interrogation

Ouverture, culture et mieux-vivre ensemble sont des sujets qui touchent particulièrement Fanny. Engagée depuis plusieurs années dans le secteur public culturel, elle revient grâce à Fragil à ses premières amours : le journalisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017