12 décembre 2025

Cool Paper Zone, la « richesse de la micro-édition » célébrée

Installée aux Ateliers Dulcie September à Nantes, l’association Cool Paper Zone inaugure le 13 décembre 2025 sa librairie dédiée à la micro-édition et aux fanzines. De 17h à 21h, le public est invité à découvrir un nouvel espace de création indépendante et de rencontres entre curieux·ses et passionné·es.

Cool Paper Zone, la « richesse de la micro-édition » célébrée

12 Déc 2025

Installée aux Ateliers Dulcie September à Nantes, l’association Cool Paper Zone inaugure le 13 décembre 2025 sa librairie dédiée à la micro-édition et aux fanzines. De 17h à 21h, le public est invité à découvrir un nouvel espace de création indépendante et de rencontres entre curieux·ses et passionné·es.

« Un matin, je me suis réveillée en me disant que j’avais très envie de faire quelque chose de plus humain autour du livre. » Cette décision de Marion Lancereleau marque le début d’un projet pensé pour redonner une place au papier et au fait main. Cool Paper Zone naît de la conviction que la micro-édition mérite un lieu où elle peut vivre, circuler et se transmettre.

Découvrir la richesse de la micro-édition et du fanzine

« On peut découvrir plein d’éditions très riches et variées, qui parlent de sujets très différents », annonce Marion, fondatrice de la librairie associative. Porte d’entrée vers la micro-édition et le fanzine, Cool Paper Zone offre un nouvel espace aux Nantais·es pour feuilleter, fouiller et se laisser happer par la créativité qui règne dans les lieux. Marion prend le temps d’accompagner la découverte et de partager ce qui l’anime : « Il y a toujours un petit quelque chose qui rend chaque objet unique. »

Niché dans l’ancienne école des Beaux-Arts de Nantes depuis le 3 décembre 2025, le projet s’inscrit dans une dynamique collective bien installée aux Ateliers Dulcie September. Un décor idéal pour une librairie qui valorise la culture alternative. L’espace est pensé comme une zone aussi vivante que le papier : « On a eu envie de mettre de la couleur dans ces vieux bâtiments abandonnés depuis longtemps. »

Dès l’ouverture, la curiosité du public se confirme : « Les gens découvrent, ils ne connaissent pas la micro-édition et disent “waouh, il y a plein de choses différentes”. » Pour l’ancienne graphiste, ces visites sont essentielles : « Je pense que c’est ça, l’essence du lieu, les rencontres humaines, pour créer du lien. »

Marion, qui a suivi une formation “Créer et reprendre une librairie” avant de lancer son projet, s’épanouit désormais dans son nouveau rôle de libraire, le 10 décembre 2025. © Amélie Fortin

Reverser 100 % des ventes aux créateur·rices

Chaque auteur·rice adhère à l’association pour dix euros par an et dépose quelques exemplaires de ses créations, à prix libre ou fixe, en récupérant l’intégralité des ventes. « On ne fait aucun bénéfice », rappelle Marion, qui porte le lieu avec deux amies et sa mère. Toutes quatre avancent ensemble, sans hiérarchie : « On a un conseil d’administration collégial où chacune apporte quelque chose, un réseau, un savoir-faire, un coup de main. » Ce fonctionnement collectif reflète l’esprit horizontal, solidaire et artisanal de la micro-édition.

Marion revient sur l’ADN du projet : « Donner de la visibilité aux auteur·rices et les soutenir. » Cette approche permet à des artistes, des collectifs ou des particulier·ères passionné·es de proposer leurs ouvrages au public, sans contrainte financière, ni sélection éditoriale. « Du moment que ce sont des éditions respectueuses et bienveillantes », précise la Nantaise d’adoption.

Les dépôts se font souvent en main propre, pour discuter de la démarche et du processus de fabrication des ouvrages auto-édités. Déjà conquise par ces premières rencontres, la nouvelle libraire s’enthousiasme : « C’est vraiment chouette de pouvoir rencontrer les personnes et d’échanger avec elles autour de leurs éditions, de ce qu’elles veulent dire, de la manière dont elles les ont créées. »

Cool Paper Zone référence entre 30 et 40 micro-éditions, auto-éditions et fanzines, ainsi que des revues, livres objets, cartes postales et affiches, le 10 décembre 2025. © Amélie Fortin

Rendre visible un pan discret de la culture

Si Cool Paper Zone a vu le jour, c’est aussi parce que Nantes ne disposait pas encore de lieu consacré exclusivement à la micro-édition et aux fanzines. « Il manquait un lieu vraiment dédié », constate Marion. Dans les librairies traditionnelles, ces objets en petit format, avec des papiers fragiles et fabriqués de façon artisanale, trouvent rarement leur place. « Le fanzine, c’est souvent dans des bacs », sourit-elle. Difficile à ranger dans les étagères d’une bibliothèque, mais essentiel à préserver.

Pour Marion, la micro-édition et le fanzine relèvent d’un patrimoine culturel « vivant, commun et parallèle ». Elle décrit ces objets, faits à la main en tirage limité, comme « des éditions libres et indépendantes qui sortent des sentiers habituels de la chaîne du livre. » En rendant ces pratiques visibles, la librairie participe à leur diffusion, mais aussi à leur reconnaissance artistique.

L’ouverture de Cool Paper Zone permet d’ancrer à Nantes une scène déjà active, mais peu représentée, le 10 décembre 2025. © Amélie Fortin

Vers une librairie qui élargit l’accès à la création indépendante

En ouvrant Cool Paper Zone, Marion pose une première pierre. Mais le projet commence déjà à s’étendre. Celle qui aimerait « vivre au milieu des livres et des fanzines » reçoit déjà des propositions de tables rondes et de collaborations avec d’autres librairies ou festivals spécialisés. Elle voit aussi arriver des professeur·es prêt·es à emmener leurs classes découvrir la micro-édition.

Elle rêve d’un endroit plus grand, avec des espaces pour les expositions, les lancements et les rencontres. Et pourquoi pas installer un atelier de fabrication pour « mettre à disposition du matériel de sérigraphie ou de lithographie pour les personnes qui n’ont pas les moyens. Beaucoup font ça sans but lucratif, par plaisir de créer et de partager, mais ça coûte cher. » De quoi encourager la création autant que la diffusion.

Pour l’heure, Marion jongle encore avec un emploi à temps partiel, mais elle se projette : « Peut-être réussir à être salariée de l’association et pouvoir occuper pleinement mon temps à ça. » La librairie, en attendant, continue de grandir au fil des rencontres. Une invitation à découvrir un champ créatif foisonnant, hors normes, fait de papier, d’envies et de partage. « Passez découvrir ! » lance Marion. « Il y a plein de choses très chouettes qui se font dans la micro-édition. »

À l’accueil des Ateliers Dulcie September, Cool Paper Zone attire l’œil avec ses couleurs vives et chaleureuses, le 10 décembre 2025. © Amélie Fortin

À savoir sur Cool Paper Zone

  • Horaires d’ouverture : le mercredi, jeudi et vendredi de 17h à 19h ; le samedi de 10h à 19h.
  • Adresse : Place Dulcie September, 44000 Nantes
  • Sur les réseaux : Instagram | Helloasso

À lire sur Fragil

Curieuse, passionnée et lumineuse, Amélie a cette envie sincère de faire rayonner la culture et la solidarité nantaise.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017