9 décembre 2025

M.I.N.T en Scène : « accompagner et mettre en lumière ces talents régionaux »

Le nouveau dispositif, porté par deux associations nantaises Queers & Femmes en Scène et Muses, a un objectif : faire se rencontrer artistes émergent·es M.I.N.T (meufs, intersexes, non-binaires, trans) de toute la région et programmateurices. L’appel à candidatures est ouvert jusqu’au 17 décembre.

M.I.N.T en Scène : « accompagner et mettre en lumière ces talents régionaux »

09 Déc 2025

Le nouveau dispositif, porté par deux associations nantaises Queers & Femmes en Scène et Muses, a un objectif : faire se rencontrer artistes émergent·es M.I.N.T (meufs, intersexes, non-binaires, trans) de toute la région et programmateurices. L’appel à candidatures est ouvert jusqu’au 17 décembre.

« Pour qu’ils arrêtent de dire qu’il n’y en a pas, on va les amener devant eux sur une scène » résume Nymphéa Boureau, lassée d’entendre les acteurs et actrices de la filière musicale répéter qu’il n’y a pas assez d’artistes de minorités de genre à programmer.
Depuis le 17 novembre, les artistes émergent·es M.I.N.T (meufs, intersexes, non-binaires, trans) de la région Pays de la Loire sont invité·es à postuler pour un nouveau dispositif de repérage et d’accompagnement à la diffusion appelé M.I.N.T en Scène.
Sa particularité : mettre en relation directe artistes et professionnel·les de la scène musicale locale à l’issue d’une semaine de résidence.

Deux associations aux ambitions communes

À l’origine de cette initiative, Nymphéa Boureau et son association Queers & Femmes en Scène. « C’est une association qui existe depuis mars 2024, qui a déjà fait de la formation, qui accompagne les artistes et qui faisait déjà des choses », rappelle celle qui multiplie les expériences professionnelles, en étant à la fois bookeuse, manageuse, programmatrice mais aussi l’une des co-fondatrices du café féministe Les Impertinant·es.

Avec Queers & Femmes en Scène, Nymphéa entend lutter contre les discriminations de genre qui persistent dans le spectacle vivant, « autant du côté artistique que du côté technique », de la musique aux arts du cirque. L’association propose déjà de l’accompagnement à la tournée et des formations, notamment autour de l’égalité de genre.

L’association ambitionne également à terme de devenir un pôle de ressources matérielles et logistiques : mise à disposition d’équipements, location pour les non-membres, et même la création d’un futur studio de répétition. D’autres projets émergent, comme l’organisation de masterclass autour de l’intermittence ou la construction d’un réseau professionnel dédié.

Issue de l’éducation populaire et ancienne animatrice jeunesse, Nymphéa Boureau revendique un goût prononcé pour la transmission : « La transmission, c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. (…) Je suis partie de rien », confie-t-elle. 20/11/25 © Amandine Masson

« Nymphéa est venue me chercher pour faire évoluer ensemble la filière », raconte Énora. Fondatrice de l’association Muses créée en 2023, Énora Benard évolue dans le spectacle vivant comme chargée et coordinatrice de production. Son but : défendre l’égalité de genre et faciliter l’accès à la scène pour les artistes minorisé·es. « On est une structure militante à l’endroit des minorités de genre dans la musique actuelle », résume-t-elle.

Ensemble, elles ont lancé M.I.N.T en Scène. Le dispositif n’en est qu’à ses débuts mais son ambition est claire : rendre visibles les artistes M.I.N.T — femmes, minorités de genre et personnes trans — trop souvent absent·es des programmations. « Iels sont moins visibles, parce qu’iels sont moins programmé·es », explique la porteuse de projet, tout en soulignant les résultats du café Les Impertinant·es : « Pour donner un exemple, on a programmé plus de 130 personnes en un an et j’ai plus de 200 demandes en attente ».

Le calendrier est déjà en marche

Les candidatures sont ouvertes depuis le 17 novembre sur formulaire, et se clôtureront le 17 décembre. Un jury composé de professionnel·les M.I.N.T aux profils différents — bookeuses, artistes, actrices des SMAC — également capables de « relayer sur leur territoire » et d’identifier les talents locaux, étudiera alors les candidatures. À l’issue des sélections en fin d’année, une candidature sera retenue dans chacun des 5 départements, de la Loire-Atlantique, de Maine-et-Loire, de la Mayenne, de la Sarthe et de la Vendée.

Pour candidater les artistes ou groupes doivent remplir quatre principaux critères : résider en Pays de la Loire, être composé d’un.e lead et d’une majorité d’artistes M.I.N.T, ne pas encore avoir bénéficié d’un accompagnement et avoir déjà joué un minimum de 10 concerts « pour être prêts à y aller » et avoir « un truc carré et qualitatif qui arrive en face des pros », précise Nymphéa.

Les artistes retenu·es bénéficieront d’une semaine de résidence à la Fabrique de Chantenay : masterclass, accompagnement, et représentation publique pour préparer le showcase final le mardi 28 avril 2026 à Trempo, partenaire du dispositif.

Au cœur du projet, un showcase professionnel

Véritable vitrine pour les cinq artistes ou groupes sélectionné·es, une prestation d’une trentaine de minutes s’effectuera devant un public de professionel·les, dans les domaines de la programmation, de l’accompagnement, de la diffusion, ou de la production musicale.
La journée de showcase s’organisera en deux temps : concerts le matin, puis speed-meetings et ateliers de sensibilisation à l’égalité de genre et à l’inclusion dans les musiques actuelles l’après-midi. Les ateliers bénéficieront de l’expérience du collectif Raymonde et du réseau Shesaid.so France.

L’équipe espère ainsi attirer entre 30 et 50 programmatrices et programmateurs, condition essentielle pour créer des débouchés concrets. « Sans elles, sans eux, ça n’avancera pas », rappelle Énora.

Faire rayonner le Grand-Ouest

Si le premier showcase M.I.N.T en Scène aura finalement lieu à Nantes le 28 avril, par « facilité de réseaux » explique Énora, l’ambition est plus large : « On n’a pas voulu se définir à Nantes. On voulait se définir plutôt à l’endroit du Grand-Ouest ». Les futures éditions pourraient ainsi circuler entre départements. « Il y a toujours eu, dans nos missions, l’envie de ne pas rester en entre-soi », insiste-t-elle.

Énora Benard porte les projets de l’association Muses depuis 2023 et a récemment rejoint le Conseil d’administration du réseau SheSaid.so France dont elle est aussi co-trésorière. 01/12/25 © Amandine Masson

À mi délai de candidature, une vingtaine de projets avait été reçue, principalement de Loire-Atlantique, mais aussi de Sarthe et de Maine-et-Loire. Si la Vendée et la Mayenne n’ont pas encore répondu à l’appel, l’enjeu est clair : étendre la dynamique et encourager les structures locales à s’en saisir. « Dans chaque département, on a la chance d’avoir une SMAC… il y a des relais possibles à chaque fois. Il faut juste que les structures s’en emparent », plaide la coordinatrice de Muses.

Portées par une effervescence nationale autour des questions d’égalité de genre, les deux organisatrices de M.I.N.T en Scène saluent les initiatives existantes sur le territoire. « Pumpkin a lancé avec Trempo le Summer Camp… je vois la différence que ça fait », souligne Nymphéa, relevant aussi le succès du collectif Raymonde et plus récemment des soirées Murmures.
Pour elle, cette profusion n’a rien d’une compétition : « Quel bonheur ! (…) Il n’y a pas de concurrence. On peut enfin faire le choix de quel type de musique on veut aller voir avec des personnes M.I.N.T sur la scène. Ça fait du bien ! »

Mais pour elles, il faut aller plus loin et obtenir un véritable soutien public. Le dispositif est déjà soutenu par la commission égalité et inclusion du Centre national de la musique (CNM), et un dossier a été déposé à la Ville de Nantes. Des recherches de mécénat publics ou privés sont également en cours. « On a des projets nécessaires sur nos territoires… il faut que les institutionnels comprennent qu’on a besoin d’un soutien », insiste Énora.
Pour la coordinatrice de Muses, l’essentiel est d’accompagner, structurer et faire circuler les opportunités au-delà des frontières habituelles. « Arriver dans un nouveau département, cela signifie qu’il y a aussi tout à remettre en place. C’est ça qui est chouette », conclut-elle.

Plus d’informations

Appel à candidatures M.I.N.T en Scène 2026
Queers et Femmes en Scène
Association Muses

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017