16 octobre 2025

Léa : « C’est impressionnant de se lancer dans un domaine qu’on ne maîtrise pas. »

Installée à Nantes depuis plus de deux ans, Léa cultive à la fois ses convictions écologistes et ses passions culturelles. Bénévole au sein du web magazine “Fragil”, elle y découvre une autre manière d’agir et veut explorer d’autres terrains d’expression.

Léa : « C’est impressionnant de se lancer dans un domaine qu’on ne maîtrise pas. »

16 Oct 2025

Installée à Nantes depuis plus de deux ans, Léa cultive à la fois ses convictions écologistes et ses passions culturelles. Bénévole au sein du web magazine “Fragil”, elle y découvre une autre manière d’agir et veut explorer d’autres terrains d’expression.

Léa, 27 ans, fille d’une famille d’agriculteur·rice·s, a toujours cultivé sa curiosité envers d’autres paysages comme celui de la littérature et du cinéma. Résidant à Nantes depuis maintenant plus de deux ans, elle y conserve ses engagements comme l’écologie et des passions personnelles avec la cuisine végane. Avant de se lancer à plein temps dans le métier de jardinière, son parcours démontre une appétence pour la littérature. Après un bac L, elle décide de s’orienter vers une licence “Humanités” à l’Université de Rennes 2 : « Cette fac m’a ouvert l’esprit, mais pas assez… j’ai donc voulu changer de domaine et ne pas continuer vers la culture. » Par la suite, c’est un BTS en aménagement paysager qui lui permet de trouver un juste milieu et une alternance au sein d’une entreprise nantaise.

carnet avec une main tenant un stylo

Carnet où Léa prend notes – 09/10/25 ©JosuéTexier

Sortir de sa zone de confort

Elle devient salariée et cherche en son temps libre un engagement qui rejoigne ses passions et les actions militantes à Nantes — féminisme, écologie et autres causes sociales. Elle découvre alors le web magazine “Fragil” : « C’est mon copain qui m’a envoyé la publication de Fragil, où il cherchait des bénévoles, je me suis inscrite et au final j’ai été prise. » Presque surprise, c’est avec enthousiasme qu’elle veut apprendre et se confronter à l’écriture journalistique : « C’est quand même impressionnant de se lancer dans un domaine que je ne maîtrise pas du tout. »

Un nouvel outil de travail

Depuis son intégration, elle se sent comprise et bien accompagnée : « Ça va mieux, je suis contente d’avoir candidaté. » Elle veut déjà faire valoir ses valeurs inclusives et ses luttes minoritaires dans le média. Aujourd’hui, elle s’intéresse d’autant plus à l’actualité nantaise, cherchant aussi avec “Fragil” une autre façon de travailler : « Je suis jardinière, un travail manuel, je ne fais pas beaucoup travailler ma tête et je sens que ça me manque parfois », nous confie-t-elle. Articles, reportages photos, etc. De multiples support s’offrent à elle. Pour Léa, « Fragil » pourrait être une manière d’en apprendre davantage sur elle-même, tout en continuant à porter ses combats.

Josué grandit entre La Roche-sur-Yon et Rennes. Amateur d’arts, il se reconnaît surtout dans la musique et la littérature. Diplômé d’une licence en information et communication, il s’engage pendant ses études dans le journalisme, écrivant pour divers médias bretons. Aujourd’hui impliqué au sein de Fragil, il explore avec un regard neuf les récits sociaux et culturels de Nantes. Car, s'il n’y a pas de hasard, notre journaliste se tient prêt à ne manquer aucun rendez‑vous.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017