20 juin 2025

MiEL, chanteuse et DJ : « Pour moi, c’était pas un métier »

Artiste hybride entre RnB alternatif, neo soul et musiques électroniques, MiEL trace sa route depuis Nantes avec douceur et détermination. Elle se produit durant la fête de la musique au PNY, place Graslin. Fragil est parti à la rencontre de cette artiste émergente de la scène musicale nantaise.

MiEL, chanteuse et DJ : « Pour moi, c’était pas un métier »

20 Juin 2025

Artiste hybride entre RnB alternatif, neo soul et musiques électroniques, MiEL trace sa route depuis Nantes avec douceur et détermination. Elle se produit durant la fête de la musique au PNY, place Graslin. Fragil est parti à la rencontre de cette artiste émergente de la scène musicale nantaise.

Pour la fête de la musique, ce samedi 21 juin, MiEL donnera un DJ set au restaurant PNY, à côté de la place Graslin et pour le collectif musical Sonosphère à 21h30 près de l’île de Versaille. Une évolution dans sa carrière qu’elle apprécie, « Je démarche moins, ce sont de plus en plus les lieux ou les organisateurs·trices qui me contactent, c’est quand même plus sympa ». Un autre concert prévu initialement le 5 juin, il a été reporté au 3 juillet à La Licorne Noire dans le quartier de la Cité des Congrès à 21h.

Une artiste polyvalente aux multiples palettes

MiEL, 26 ans, est une artiste nantaise aux multiples facettes : chanteuse RnB alternatif et neo soul, mais aussi DJ. Originaire de Nantes, elle y a grandi et y développe aujourd’hui son univers. Elle définit sa musique comme : « mystique, thérapeutique et douce ». Des termes qui traduisent son approche sensible et introspective dans ses chants. « Ce sont des mots qui incarnent aussi le nom de scène que j’ai choisi, à travers la douceur de ma musique et de mes lives », confie-t-elle.

En DJ set, elle élargit son univers : hip-hop, house, RnB mais aussi ghetto tech, qu’elle définit comme : « un mélange intense de techno, de soul et de hip-hop à 160 BPM (Battement Par Minute)». Ce sont tous ces styles qui viennent enrichir ses sélections. Le djing, c’est ce qu’il lui permet d’ouvrir le champ, d’explorer d’autres énergies, sans jamais trahir ses racines musicales.

Si la rencontre entre techno et RnB peut surprendre, MiEL précise qu’elle s’inscrit dans une démarche singulière : « C’est pas du RnB tout court, c’est du RnB alternatif », souligne la musicienne. Ce sous-genre, encore méconnu, lui permet justement de mêler des influences plus larges : « Le côté alternatif, c’est déjà un mélange, avec un peu plus d’électro, un peu plus de rock… Ça rend la chose très, très large ». Un terrain hybride qui lui permet de brouiller les frontières et d’expérimenter, sans jamais se limiter à une case. 

Portrait de MiEL, vu par _youne___ le 02 juin 2024, sur instagram.
Crédit _youne___

Des inspirations d’outre-mer depuis le plus jeune âge  

Pour la jeune artiste, la musique a d’abord été une passion discrète. « Je chantais des covers dans ma chambre… On m’avait toujours dit que j’avais un attrait pour ça, qu’il y avait un truc », confie-t-elle. Mais longtemps, elle n’envisage pas la musique comme une voie possible, « Pour moi, c’était pas un métier. » Le déclic viendra plus tard, en rencontrant des artistes qui, eux, avaient cette ambition. « C’est là que j’ai vu que c’était possible d’avoir l’envie de vivre de sa musique. » À partir de 2020, elle s’ouvre à un nouveau réseau, plus créatif, plus musical. « Avant ça, j’étais très introvertie… Je ne fréquentais pas du tout de gens qui faisaient de la musique », se souvient-elle. C’est à Nantes, dès 2022, que la nantaise assume son identité musicale : un RnB alternatif, le tout en anglais.

Une langue qu’elle a adoptée très tôt en s’inspirant de la pop anglophone américaine et britannique qu’elle écoutait enfant. « J’ai appris à chanter directement en anglais, en essayant de prononcer les mots comme je pouvais, ça m’a donné une bonne oreille », explique-t-elle. Ce choix naturel a façonné son univers, même si elle reconnaît que le français commence à s’imposer peu à peu dans son travail. Encouragée par des retours positifs sur ses morceaux en français, elle souhaite aujourd’hui rééquilibrer la balance en composant davantage dans sa langue maternelle. « J’ai envie de me tester aussi en français et de montrer que je sais écrire et chanter dans les deux langues ». Une évolution qui lui permet d’ouvrir de nouvelles portes tout en restant fidèle à ses racines musicales.

Depuis qu’elle travaille dans la musique, MiEL a changé sa façon d’écouter : « Je cherche plus activement des nouveautés, plutôt que d’écouter de la musique de manière aléatoire. » Ces derniers temps, son univers s’ouvre davantage vers l’électro et la techno, une influence qu’elle attribue notamment à son travail au Macadam, un club nantais. Elle continue cependant d’aimer le RnB international, citant Isaiah Falls, Isaiah Rashad ou encore des artistes féminines marquantes comme Doechii, qu’elle cite aussi. Ce qui la fascine chez ces musiciens·nes  , c’est leur capacité à gérer un projet complet, mêlant image, musique et concept sur le long terme, ce qu’elle aspire elle-même à développer : « J’aimerais moins faire de singles et construire un projet plus abouti, avec des albums et une vraie cohérence artistique. »

Un engagement à long terme

MiEL avoue mener un engagement « discret »à travers sa musique. « J’ai fait quelques dates dans des lieux engagés, comme un concert à L’Établi en décembre pour une cagnotte en faveur de la Palestine », raconte l’artiste nantaise. Pour elle, l’engagement ne passe pas forcément par des paroles directement politiques, mais plutôt par une volonté d’offrir une pause et un moment de douceur. « Je préfère des paroles légères, qui permettent aux gens d’avoir une échappatoire, de véhiculer un message de paix et d’amour », confie MiEL, qui voit ainsi sa musique comme un refuge plus que comme un manifeste.

Malgré que la nantaise n’ai rien sorti depuis 2023, elle travaille actuellement sur plusieurs nouveaux morceaux. « J’avais des morceaux en travaux, mais tous ne sortent pas forcément », explique-t-elle. Son objectif est de se concentrer sur la production d’ici la fin 2025 pour proposer un nouveau set à partir de 2026, composé des projets plus aboutis. Si elle n’exclut pas la sortie de quelques singles d’ici là, elle ambitionne surtout un album, potentiellement pour 2027.

Les prochains rendez-vous à ne pas louper :

  • Un DJ set au restaurant PNY, à côté de la place Graslin et un autre pour le collectif musical Sonosphère à 21h30 près de l’île de Versaille.
  • Un concert prévu le 3 juillet à La Licorne Noire dans le quartier de la Cité des Congrès à 21h.

Stagiaire pour 1 mois chez Fragil. Venant du Centre nantais de journalisme, je suis très motivé à être acteur dans le milieu du journalisme, et ça commence ici.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017