26 octobre 2017

La Scène Michelet, café-concert de caractère

En 10 ans d'existence, La Scène Michelet a su s'imposer comme un lieu incontournable pour tous les amateurs de musique live. A mi-chemin entre les facultés et St-Félix, le lieu dont la façade fraîchement repeinte ne laisse personne insensible nous ouvre ses portes.

La Scène Michelet, café-concert de caractère

26 Oct 2017

En 10 ans d'existence, La Scène Michelet a su s'imposer comme un lieu incontournable pour tous les amateurs de musique live. A mi-chemin entre les facultés et St-Félix, le lieu dont la façade fraîchement repeinte ne laisse personne insensible nous ouvre ses portes.

C’est sur la terrasse intérieure du bar qu’Olivier, le créateur du lieu, nous reçoit. Cernés par les murs entièrement recouverts de fresques, nous revenons avec lui sur la création de la Scène Michelet en 2007. A l’époque, le futur gérant sort d’une licence en développement culturel et tourisme après avoir travaillé dans la vente de décors de scène. Passionné de théâtre d’improvisation, il s’aperçoit rapidement qu’il y a une réelle demande de lieux adaptés pour recevoir des artistes dans des conditions décentes.

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Olivier-Michelet
Olivier, le fondateur du lieu.

François-Xavier Josset

L’idée d’ouvrir un café-théâtre pouvant accueillir du slam, de la poésie et des concerts était née. Après avoir hésité à rejoindre le projet du hangar à bananes, Olivier préférera s’implanter près des facultés. Cependant, les premières années seront difficiles nous avoue-t-il :« les 3 premières années, je faisais 90h dans la semaine, j’étais aigri à cause de la fatigue et aussi du fait de ne pas réussir à me payer » . La formule rêvée du café-théâtre peine à prendre. Il faudra compter sur l’accaparement de la Scène Michelet par les organisateurs de concerts de punk, de métal et de hardcore de la région, « tous ces gens habitués à tourner dans des conditions DIY dans des lieux vraiment rock’n’roll avec une économie qui n’est pas la même que celle des salles subventionnées ». En effet, la jauge de 154 personnes pour la salle de concert convient parfaitement à ce type de concerts à Nantes.

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Associations-Michelet
Le « wall of fame » des associations partenaires de la Scène Michelet

François-Xavier Josset

Le patron est fier d’avoir su créer ce climat de confiance mutuelle avec le vivier d’associations nantaises : « là où j’échouais tout seul pendant les premières années, la Scène Michelet est devenu un succès collectif, le côté passionné a pris le pas sur le côté économique, qui était vraiment problématique au départ ». Tellement fier que les noms de ces associations soient gravés sur des plaques de métal qui ornent les murs du bar. Désormais, chaque année ce sont plus de 20 000 spectateurs qui poussent les portes de la Scène Michelet pour assister aux 170 concerts organisés ici.

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Facade-Michelet
La nouvelle façade de la Scène Michelet, œuvre d'art éphémère et résolument rock

François-Xavier Josset

Au niveau de la décoration, le lieu a fait peau neuve à l’occasion de ses 10 ans il y a quelques mois. «  On s’est inspiré des locomotives que sont le Hellfest et le Ferrailleur. J’ai vu ce qu’ils ont fait pour leurs 10 ans, et j’ai eu envie de marquer le coup » nous confie Olivier. « Les membres du collectif Eta Sigma avaient déjà refait la terrasse et les loges, ils m’ont proposé de faire un coup énorme pour les 10 ans en refaisant la façade extérieure ».

L’œuvre représentant une scène de concert apocalyptique est grandiose mais éphémère : la mairie a autorisé la fresque pour 2 ans. « On a fait un buzz énorme avec les vidéos de la peinture, c’était fou, les voitures s’arrêtaient pour regarder.. »

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Terrasse-Michelet
La terrasse intérieure de la Scène Michelet, entièrement décorée

François-Xavier Josset

Même si l’identité du lieu est désormais indissociable des musiques extrêmes, l’endroit reste convivial pour tous les publics :« certains viennent s’encanailler ici en sortie d’université les jeudis et vendredis, parce que le lieu est sympa, la terrasse est accueillante, il arrive même parfois que le lieu soit plein et que le concert en salle fonctionne moyennement. Les gens ne viennent pas ici uniquement pour la musique. ». Les familles ne sont pas oubliées, l’année dernière près 2 000 spectateurs ont pu apprécier les 40 spectacles pour enfants qui ont été organisés pendant les vacances et les mercredis après-midi. Même si cette activité est suspendue à cause de la suppression des contrats aidés, l’équipe cherche à tout prix à trouver une solution pour la remettre sur pied : « ça nous permet de faire venir les gens avec leurs enfants, ça dynamise la vie de quartier ».

La carte du bar s’oriente vers le bio et le local comme l’illustre le choix de bières à la pression : «nous avons 10 tireuses, avec 6 bières locales, on bosse avec Melusine et Lancelot, on a de la bio Nantaise, on a aussi de la Brewdog en pression que j’adore, même si ça n’est pas forcément rentable ». Il reste encore du chemin à faire pour réaliser le rêve du tout-bio, mais l’idée est là : « j’aimerais bien travailler sur du local pour le premier prix, mais pour l’instant c’est difficile, et puis Kronenbourg nous a bien aidés pendant 10 ans, alors on continue avec eux pour l’instant, c’est aussi une question de respect et de rapports humains. »

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Carte-Michelet
Une carte faisant la part belle aux bières locales

François-Xavier Josset

Lorsque l’on évoque l’avenir du lieu, le patron nous avoue qu’il aimerait développer les soirées à l’humeur potaches à l’image du « PMU Metal Day » , mais aussi des événements à thématiques bien identifiées dans la lignée du festival sur le véganisme organisé sur deux jours cet été. L’accueil des artistes reste aussi un axe fort dans les volontés de développement, de nouvelles lumières sont prévues pour la scène, la climatisation a été remise à neuf, et l’équipe a la volonté de mettre en place des résidences afin d’aider les groupes à mieux appréhender le live.

Alors si vous passez du côté des Facultés de Lettres et de Science et que l’envie de boire un verre dans une atmosphère résolument rock vous prend, n’hésitez pas à pousser les portes de la Scène Michelet, au 1 Boulevard Henry Orrion Nantes.

Plus d’informations sur le site scenemichelet.com

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017