13 juin 2025

Une nouvelle vitrine pour la librairie Les Vagues avec un soutien massif des Nantais.es : « on se sent renforcé.es. »

Ce mercredi 11 juin, la librairie queer Les Vagues recevait sa nouvelle vitrine grâce au soutien de nombreux.ses nantais.es. Après les actes de vandalisme entre la nuit du 8 au 9 mai, la gérante Amandine Heulard exprime sa gratitude pour cet élan et assure qu’il est grandement bénéfique pour la durabilité de la librairie et le mouvement LGBTQIA+.

Une nouvelle vitrine pour la librairie Les Vagues avec un soutien massif des Nantais.es : « on se sent renforcé.es. »

13 Juin 2025

Ce mercredi 11 juin, la librairie queer Les Vagues recevait sa nouvelle vitrine grâce au soutien de nombreux.ses nantais.es. Après les actes de vandalisme entre la nuit du 8 au 9 mai, la gérante Amandine Heulard exprime sa gratitude pour cet élan et assure qu’il est grandement bénéfique pour la durabilité de la librairie et le mouvement LGBTQIA+.

La librairie Les Vagues située, rue de Strasbourg, avait mis en place une cagnotte en ligne car l’assurance prend en charge seulement pour remettre « à l’identique », nous explique Amandine Heulard, co-gérante du lieu. Elle ajoute également que la cagnotte fut importante pour « renforcer la vitrine avec un verre plus conséquent ».

Grâce à la somme récoltée en moins d’un mois, c’est à dire plus de 15 000 €, la librairie va être équipée d’un système de protection vidéo de surveillance. Une demande pour un rideau est en cours mais le site se situe sur « une zone classée » précise Amandine et nécessite les accords des architectes des bâtiments de France.

La co-gérante Amandine Heulard devant la nouvelle façade vitrée de la librairie queer Les Vagues. Photo prise le 11/06/2025

Des Nantais.es de tous horizons venu.es soutenir la librairie Les Vagues

Malgré la sidération et l’incompréhension des gérant.es suite à la casse perpétrée dans la nuit du 8 au 9 mai, iels ont décidé de rester ouvert et de demeurer un lieu de partage. Iels ont reçu énormément de soutien et d’aide. D’abord de leur clientèle : « Dès le lendemain de l’attaque, on a reçu six fois plus de monde que d’habitude » dit fièrement Amandine.

La librairie est également devenue, en quelques semaines, un lieu bouillonnant de vie et un symbole pour « la communauté LGBTQIA+ qui fut toujours présente » et un espace défendu par « nos alliés » insiste la co-gérante, évoquant toutes les personnes qui défendent, sans en faire partie, mais qui soutiennent les personnes LGBTQIA+

Les Vagues ont aussi constaté un pic conjoncturel du nombre de vente de livres qui a largement dépassé leur prévision : « On n’a jamais vendu autant de livres qu’au mois de mai. On a dépassé décembre, le mois le plus fructueux ! » s’étonne, avec un large sourire, Amandine. D’autre part, un flux constant de personnes qui « ne connaissaient pas forcément la librairie », tient à préciser la libraire, ont été « touchées » en lisant les articles de presse. Iels sont aussi venu.es avec « des fleurs, des gâteaux » pour faire part de leur soutien et de leur colère contre ce vandalisme qui les ont choqué.

 

Une solidarité des collectivités et des libraires qui allie le geste et la parole

Amandine évoque l’aide et la solidarité dont à fait preuve les librairies indépendantes de la région en s’organisant autour de l’Association des Librairies Indépendantes des Pays de la Loire l’ALIP  le 17 mai, le jour de la journée mondiale de la lutte contre les LGBTphobies et en décorant leurs vitrines, en lien avec le thème queer. « C’était vraiment chouette car beaucoup de librairies ont joué le jeu », se confie Amandine.

Plusieurs élu.es municipal.e.x sont venu.es sur place, ainsi que la députée de Loire-Atlantique, Ségolène Amiot. La Direction des Affaires culturelle (DRAC) a aussi apporté son soutien.

En y songeant, Amandine enthousiaste, finit par lâcher : « Ces pauvres mecs qui ont vandalisé notre vitrine, ils étaient deux, et nous, on était des milliers ! ».

« Ce soutien massif adoucit toute la colère »

La libraire Amandine fait part de sa joie suite aux multiples réactions positives des Nantais.es : « Ce soutien massif adoucit toute la colère qu’on pourrait avoir et qui est légitime ». Loin d’être ébranlée par cet incident, elle se sent plus déterminée et plus forte que jamais pour garder le même cap : « Au contraire, avec cette mobilisation de la communauté et ce soutien tout au long du mois, on se sent renforcé.es ». La co-gérante a aussi tenu à rappeler que cette attaque visait selon elle « l’identité queer » et non pas la « culture »  car iels auraient pu être « un bar associatif queer, un espace associatif queer ou autre », iels se seraient aussi fait cibler.

Finalement, finit par conclure Amandine sur ces attaques :  « Mais en fait, ça ne marche pas, c’est malheureux, mais ils nous ont fait une com énorme !»

Ces actes ont permis, selon Amandine, de valoriser le travail d’engagement auprès de la communauté queer réalisé depuis leur ouverture en juin 2024  et de sensibiliser un plus large public sur le sujet.

 

Les prochains rendez-vous à ne pas louper 

  • Samedi 14 juin : la librairie queer Les Vagues se déplace au plus proche de la journée Pride 2025 au Cours St André, avec une sélection de livres pour la mise en valeur des personnes queer racisées
  • Mardi 17 juin : lecture partagée autour des érotiques queer avec Jessie Frank à 19h
  • Jeudi 19 juin : accueil de Vinciane Mandrin, artiste, autrice et performeuse, autour de « Quand je n’écris pas » à 18h
  • Pour en savoir plus : compte Instagram Les Vagues
  • Le festival de cinéma Cinépride du 24 au 29 juin

 

Professeur d’histoire-géographie, Pierre observe avec curiosité les changements de sa ville natale. Entre ses promenades à Chantenay, sa passion pour le backgammon et ses racines iraniennes, il explore à sa manière l’histoire et la culture.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017