31 mai 2019

Une enquête numérique au CRIJ Pays De La Loire

Le 29 mai 2019, le CRIJ Pays de La Loire a accueilli l'équipe de Fragil pour une animation de découverte des métadonnées. Pendant près de deux heures, cinq jeunes adultes se sont glissés dans la peau d'enquêteurs et enquêtrices sur la piste de délinquants numériques.

Une enquête numérique au CRIJ Pays De La Loire

31 Mai 2019

Le 29 mai 2019, le CRIJ Pays de La Loire a accueilli l'équipe de Fragil pour une animation de découverte des métadonnées. Pendant près de deux heures, cinq jeunes adultes se sont glissés dans la peau d'enquêteurs et enquêtrices sur la piste de délinquants numériques.

« Je savais qu’on pouvait nous surveiller, mais pas aussi facilement ! » C’est ce type de réaction que l’on a pu entendre à l’issue de l’atelier organisé par l’association d’éducation aux médias Fragil en partenariat avec le CRIJ Pays De La Loire situé rue Saint-Léonard à Nantes. Cofinancé par le département de Loire-Atlantique et la DRDJSCS pour huit ateliers dans des structures d’accueil jeunesse sur la saison 2018-2019, le jeu d’enquête « détective des métadonnées » permet à celles et ceux qui y participent de comprendre l’intérêt de l’étude des métadonnées par les réseaux sociaux et les services de renseignement.

Lors d’une enquête scénarisée, les joueurs et joueuses doivent trouver les visages de deux suspects parmi une quarantaine de photos mal cadrées. Très rapidement les participantes et participants s’aperçoivent que l’étude visuelle des photographie ne suffit pas et qu’il faudra analyser les métadonnées des fichiers numériques pour accumuler les preuves : heure de création de fichier, localisation GPS, marque de l’appareil…

Une réflexion en équipe ! ( instagram.com/crij_pdl )

Lors de cette soirée au CRIJ, nos cinq jeunes adultes ont réussi a démasquer les suspects avec brio en travaillant en équipe. Le temps de débat qui a suivi le jeu d’enquête à permis d’aborder de nombreux points de réflexion : intérêt commercial des réseaux sociaux à récolter ce type de données, risque démocratique du Big Data, débroussaillage technique du fonctionnement d’Internet… Participants et participantes ont ainsi pu échanger autour de leurs pratiques personnelles, de leurs craintes, de leurs idées pour mieux gérer leur empreinte numérique.

Dans un monde de plus en plus connecté mais au fonctionnement parfois un peu trop opaque pour celles et ceux qui y vivent, ce type de temps d’échange éducatif semble prendre tout son sens. Les nombreux questionnements émis en fin d’atelier conforte Fragil dans sa motivation à continuer ses actions d’éducation aux médias pour toutes et tous !

Détectives du numérique au lycée Sacré-Cœur

Rencontre avec Nicolas Courjal : D’un Méphisto à l’autre…

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017