28 novembre 2023

Un voyage cinématographique entre le Sénégal, l’Inde, Hong Kong et le Vietnam

Comme chaque année depuis 1979, le Festival des 3 Continents met en avant une sélection de films provenant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Jérôme Baron, le directeur artistique du festival, revient sur les films et réalisateur.ice.s que l'édition 2023 met à l'honneur.

Un voyage cinématographique entre le Sénégal, l’Inde, Hong Kong et le Vietnam

28 Nov 2023

Comme chaque année depuis 1979, le Festival des 3 Continents met en avant une sélection de films provenant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Jérôme Baron, le directeur artistique du festival, revient sur les films et réalisateur.ice.s que l'édition 2023 met à l'honneur.

Présentation du programme du Festival des 3 Continents par Gilles Descamps, Jérôme Barron et Anne-Laure Joséphine

Une petite révolution pour les films africains de la programmation

Le Festival des 3 Continents intègre cette année plusieurs films africains, quelque chose d’un peu « inédit » selon son directeur artistique : « Une place importante est donnée à l’Afrique puisqu’en dehors du Spectre de Boko Haram de Cyrielle Raingou en compétition, ces films sont au nombre de cinq en sélection officielle […]. Ce qui est pour nous un peu inédit puisque parmi les films que l’on reçoit, le ratio de films africains est beaucoup plus faible que pour d’autres régions du monde. ». Au sein des 1000 films visionnés par l’équipe de programmation du festival, près de 7% cette année provenaient du continent africain.

Un hommage à la cinéaste sénégalaise Safi Faye

« Indépendamment de la place prépondérante qu’elle occupait en tant que pionnière et fer de lance au féminin du cinéma africain, son œuvre a toujours manqué de visibilité »

L’hommage rendu à la cinéaste sénégalaise Safi Faye présentera une sélection de huit films : « Ce sera probablement une découverte pour beaucoup d’entre nous que l’œuvre de Safi Faye. » explique Jérôme Baron. « Indépendamment de la place prépondérante qu’elle occupait en tant que pionnière et fer de lance au féminin du cinéma africain, son œuvre a toujours manqué de visibilité » constate-t-il. Au sein de cette programmation, on peut relever la présence de son dernier film Mossane, qu’elle considérait comme le seul film de fiction dans son œuvre. Elle y raconte l’histoire d’une jeune adolescente sénégalaise du village de Mbissel qui refuse de se marier avec l’homme que ses parents lui ont promis. L’hommage à Safi Faye se clôturera avec la Leçon de cinéma avec Safi Faye, une interview filmée de la réalisatrice sénégalaise lors du festival du film de Créteil, présentée par sa directrice et cofondatrice Jackie Buet, invitée pour l’occasion.

Affiche du Festival des 3 Continents 2023

Une rétrospective dédiée à la réalisatrice hongkongaise Ann Hui 

L’autre rétrospective importante de cette 45e édition se consacre à l’œuvre de la cinéaste hongkongaise Ann Hui. Cette dernière est considérée comme l’une des pionnières de la « Nouvelle vague » du cinéma hongkongais au début des années 1980. Une rétrospective de douze films retraçant la carrière de la réalisatrice sera présentée. Comme l’explique Jérôme Baron : « On va pouvoir traverser l’œuvre de Ann Hui depuis quasiment ses origines, c’est-à-dire le tournant des années 80’, puisqu’après avoir travaillé pour la télévision elle a tourné son premier film de fiction pour le cinéma en 1979. ».

19 films retraçant l’histoire du cinéma vietnamien des années 1970 à nos jours

La programmation du festival organise également une Anthologie du cinéma vietnamien avec près de 19 films qui couvrent une période allant du début des années 1970 jusqu’à la fin des années 90’. Pour achever cette anthologie, le festival projettera Dust & metal, un long métrage documentaire réalisé avec des films d’archives racontant l’histoire d’un Vietnam d’hier et d’aujourd’hui, s’éloignant des représentations hollywoodiennes stéréotypées de la guerre américano-vietnamienne. « Les films que l’on va montrer sont d’une certaine manière les contre-champs du côté du cinéma vietnamien. » selon Jérôme Baron.

Focus sur l’idole du cinéma indien Amitabh Bachchan 

Le Festival met aussi à l’honneur le célèbre acteur indien Amitabh Bachchan, une véritable idole du cinéma en Inde nous explique le directeur artistique des 3 Continents. « Il est quasiment un mythe dans son pays, […] il est très difficile de faire 500 mètres dans la rue en Inde sans voir un portrait de cette acteur qui a été désigné par The Times au tournant des années 2000 comme Star du Millénaire. ». Parmi les films cultes de l’acteur projetés lors de la rétrospective, on peut retenir Sholay « probablement un des films les plus vus au monde depuis sa sortie en 1975, on a passé le milliard de spectateurs pour Sholay » explique Jérôme Baron. Shweta Bachchan Nanda, la fille de l’acteur, est aussi invitée lors du festival pour venir présenter un des premiers films de son père Pride (Abhimaan en hindi). Sans oublier le documentaire The Real Superstar, réalisé par le français, Cédric Dupire. Selon le directeur artistique du festival, il s’agit d’un film absolument fascinant : « Un documentaire sans aucun commentaire utilisant le son brut des films et qui remonte un nombre d’extraits astronomiques de Bachchan pour retranscrire […] la légende de l’acteur. ».
Une sélection de films thématiques intitulée Les Méandres du temps ainsi qu’une programmation dédiée au jeune public seront également présentées lors de ces dix jours consacrés au cinéma d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.

Retrouver notre premier article sur la programmation du Festival des 3 Continents : « Le Festival des 3 Continents dévoile une programmation riche pour sa 45e édition » . L’intégralité des informations sur le festival, qui, on le rappelle, débutera le 24 novembre, sont à retrouver ici.

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L'arrivée d'Antoine à Fragil est une suite presque évidente à son parcours, ses rêves et ses passions. Il dégage une sensibilité palpable de par ses mots et ses intonations.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017