19 septembre 2023

Trois outils pédagogiques pour questionner les discriminations dans les médias

Fin août à Rezé, une quarantaine de directeurices, adjoint·es d’accueil périscolaire, ATSEM, et animateurices jeunesse ont participé à un temps d'échanges autour des discriminations dans les médias. Animée par un salarié de Fragil, cette heure a permis de découvrir trois outils pédagogiques.

Trois outils pédagogiques pour questionner les discriminations dans les médias

19 Sep 2023

Fin août à Rezé, une quarantaine de directeurices, adjoint·es d’accueil périscolaire, ATSEM, et animateurices jeunesse ont participé à un temps d'échanges autour des discriminations dans les médias. Animée par un salarié de Fragil, cette heure a permis de découvrir trois outils pédagogiques.

Le 28 Août, le pôle « éducation / jeunesse / centres socioculturels » de la ville de Rezé organisait une journée-séminaire de pré-rentrée pour ses équipes autour de la thématique de l’égalité filles-garçons. Après une matinée de conférence animée par Cléolia Sabot, docteure en sociologie de l’enfance et de l’éducation l’Université de Lausanne, le public a participé à un après-midi d’échanges dans une série d’ateliers. Dans ce cadre, Fragil animait deux temps d’une heure pour faire découvrir trois outils permettant d’ouvrir la réflexion autour des discriminations dans les médias.

Réunis dans une salle de classe de l’école Pauline Roland à Rezé, chaque groupe de vingt personnes a pu découvrir des outils développés par l’association d’éducation aux médias nantaise.

« Pas en avant » : se mettre à la place de l’autre

Cet outil, très répandu dans le milieu de l’éducation populaire, a été spécialement adapté par Fragil pour questionner les publics sur les inégalités d’accès à l’information et les discriminations dans les médias. Le concept est simple : après avoir reçu une carte « rôle » secrète sur laquelle est décrite une personne et avoir été placé·e sur la même ligne de départ, chaque participant·e doit avancer d’un pas à chaque fois qu’iel se reconnait dans une phrase énoncée par l’animateurice. « Avancez si vous pensez avoir les moyens d’acheter un journal par jour« , « avancez si vous pensez que les journalistes qui vous ressemblent sont largement présent·es au sein des médias (age, sexe, couleur de peau, niveau d’éducation…) « … autant d’affirmations qui ont fait se creuser les écarts entre les professionnel·les de la jeunesse selon leur rôle attribué. Cet exercice a permis aux participant·es de se questionner sur deux niveaux. Tout d’abord sur les privilèges ou handicap, parfois invisibles, de certaines personnes dans leur rapport aux médias, mais aussi sur les stéréotypes utilisés dans l’incarnation des rôles des participant·es.

Le PDF pour animer cet atelier.

Des participant·es impliqué·es dans l’atelier

« Points sexistes » : identifier les ressorts sexistes dans le journalisme

Développé sur le modèle des « points biais et sophisme » créé par Un Monde Riant, les « points sexistes » ont été réalisés par une salariée de Fragil. En s’appuyant notamment sur les travaux de Rose Lamy, cet outil permet aux participant·es d’identifier des formulations ou des ressorts sexistes dans le traitement journalistique de l’actualité. Après avoir pris connaissance d’un maximum de cartes « points sexistes » en 5 minutes autour d’une table, les participant·es sont invité·es à identifier les ressorts sexistes dans des titres d’articles énoncés par l’animateurice.  Ainsi, en évoquant le titre de CNEWS « Le premier coronavirus a été découvert par une femme en 1964« , iels ont pu attribuer le point « Une Femme » qui met en lumière les textes désignant quelqu’un·e uniquement par son genre. À chaque article nouveau titre énoncé, les « points sexistes » évoqués déclenchent le débat tout en provoquant une envie de lire la presse de manière plus critique.

Le PDF pour animer cet atelier.

Les participant·es prennent connaissances des « points sexistes »

Des cartes pour appréhender les cybersexismes

Pour le dernier temps de cette heure d’échanges, les participant·es ont reçu face à elleux des cartes « terme » et « définition » sur la thématique du cybersexisme et des cyber-violences. En groupe iels ont échangé pour réunir chaque terme avec sa définition. Tâche plus ardue qu’il n’y parait, la diversité des types de cyberviolences sexistes ont parfois dérouté les participant·es. « Slut-shaming », « grooming », « dickpic », « happy slapping », « revenge porn »… nombre de ces termes ont questionné les professionnel·les de la jeunesse et les a sensibiliser à l’étendue des types de violences sexistes que les femmes, et parfois les hommes, peuvent subir en ligne.

Un jeu qui permet de développer son vocabulaire autour des cyberviolence.

Le PDF pour animer cet atelier.

Concerts marquants à Saint-Céré : Authenticité et ferveur

CRéaTuReS - affiche 1er festival de lutherie à Nantes

Créatures, le premier festival de lutherie du Grand Ouest se lance à Nantes

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017