4 janvier 2023

Titan Terrible, la nouvelle revue BD made in Nantes !

Une toute nouvelle revue de bande dessinée intitulée Titan Terrible, réalisée par des auteur·ices nantais·es et de sa région vient de paraître à l’automne. À cette occasion, Fragil est allée rencontrer à «la Kahüte», un atelier regroupant divers créatif·ves, Yann Cavalier, graphiste et chef de ce nouveau projet et Tom Sixmille, l’un des auteur·rices de ce 1er numéro. L’occasion d’évoquer avec eux la naissance du projet et sa concrétisation.

Titan Terrible, la nouvelle revue BD made in Nantes !

04 Jan 2023

Une toute nouvelle revue de bande dessinée intitulée Titan Terrible, réalisée par des auteur·ices nantais·es et de sa région vient de paraître à l’automne. À cette occasion, Fragil est allée rencontrer à «la Kahüte», un atelier regroupant divers créatif·ves, Yann Cavalier, graphiste et chef de ce nouveau projet et Tom Sixmille, l’un des auteur·rices de ce 1er numéro. L’occasion d’évoquer avec eux la naissance du projet et sa concrétisation.

Si vous avez arpenté les couloirs de la cité des Congrès de Nantes pendant le festival des Utopiales fin octobre dernier, vous vous êtes peut-être arrêté au stand de l’association TTT corp qui présentait à cette occasion leur nouveau projet intitulé Titan Terrible. Titan Terrible, c’est une revue de bandes dessinées composée de huit histoires indépendantes aux visuels et univers propres à chaque auteur·rice, ayant toutes pour thème la science-fiction avec Nantes et sa région pour décor. Pour parachever de créer un 1er lien avec les lecteur·ices après cet événement, une rencontre a également été organisée à la Mystérieuse Librairie Nantaise début novembre, finalisant le lancement de la revue.

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Couverture du 1er numéro de Titan Terrible

@aseyn (instagram)

 

Les Utopiales comme tremplin

Titan Terrible, c’est l’aboutissement de deux ans de travail, porté par Vincent Dock, Jason Sorin, Tom Sixmille, Yann Cavalier, rejoints ensuite par Tristan Barbé, Thomas Rajeau et Victor Lhuillier. S’inspirant de Casiers, la revue brestoise de bande dessinée ou de La Vilaine, éditée à Rennes, la joyeuse équipe se donne pour objectif d’éditer elle aussi une revue de bande dessinée localement, à Nantes donc, en la rendant la plus visible possible pour faciliter les ventes. « On s’est dit qu’à Nantes, il y avait aussi quelque chose à faire et on voulait le faire à notre manière » explique Yann. Il est vrai que Nantes compte un bon vivier d’auteur·rices grâce à la présence de nombreuses écoles d’arts dont l’école Pivaut et de nombreux événements s’y déroulent aussi bien dans la BD que dans l’illustration. De même, la maison Fumetti qui gère un peu toute la BD sur l’agglomération a pu apporter sa précieuse aide dans l’élaboration du projet.

Le thème de la science-fiction s’impose assez vite. «C’est un moyen de trouver un peu un public, de garder le public des gens qui aiment la BD tout en attirant d’autres curieux, amateurs de science-fiction notamment qui pourraient aussi s’y intéresser. La science-fiction n’est pas un thème si limitant que ça, il y a plein de genres qui peuvent être utilisés, l’horreur, l’héroïc-fantasy…» précise Tom. Et le festival des Utopiales, festival international de science-fiction qui se tient à Nantes tous les ans à l’automne, apparait alors comme une formidable occasion de lancer la revue, un tremplin pour présenter le projet au public.

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Illustrations de Vincent Dock et Max Darmian

@dock.vincent / @maxdarmian_hetok (instagram)

 

Titan Terrible, c’est aussi un ancrage à Nantes qui sert de décor à chacune des histoires proposées. D’où son titre (qui semble avoir suscité quelques discussions animées au sein de l’équipe avant d’être définitivement validé) rendant hommage à une partie du patrimoine de la cité des Ducs : Titan en référence bien sûr aux grues si emblématiques de Nantes et Terrible parce que ça sonnait mieux et permettait aussi de se démarquer des autres « produits » estampillés Titan qui se font déjà sur Nantes. Cet ancrage à Nantes n’est cependant pas trop contraignant, «Il ne faut pas forcément que l’on voit la grue jaune, l’éléphant ou la Tour de Bretagne, ça peut être plus subtil […] juste quelques éléments posés à droite à gauche qui rappelle Nantes. Plus qu’une obligation, les auteurs et autrices peuvent jouer avec la ville» précisent Yann et Tom, «mais le fait de partir sur Nantes, ça permet aussi d’attirer des gens qui se disent «tiens, c’est un truc sur Nantes, ça me parle».

Une BD en circuit-court

La revue se présente également comme une « BD en circuit court « comme cela est annoncé sur sa couverture, à la fois parce que toute la logistique est organisée à la Kahüte à Nantes mais aussi parce que la revue est principalement vendue à Nantes et ses alentours, les impressions se font même en Vendée. Les auteur·ices sont également tous et toutes nantais·es, «On a fait une petite sélection, on a pris des gens qu’on connaissait bien, on savait qu’ils faisaient du travail de qualité parce qu’on avait déjà travaillé avec eux. Ce sont des autrices et auteurs qui ne sont pas forcément encore connus dans le milieu professionnel, de jeunes autrices et auteurs en début de carrière qui ont ou vont publier leur toute première BD  comme Kristel Faure ou Hector Monrolin» révèle Tom, et Yann ajoute : « ce que l’on veut avec Titan Terrible, c’est aussi mélanger de jeunes talents avec des «têtes d’affiche», des autrices et auteurs plus confirmé·es, professionnel·les comme sur ce 1er numéro Aseyn, Mélanie Allag, Ké Cléro ou Gauvain Manhattan. Ils peuvent porter le projet pour le faire connaitre, lui donner un peu plus de visibilité et de crédibilité». La structure et le format une fois calés, il est demandé aux auteur·ices de produire une BD de 16 ou 18 pages en lien avec les 2 contraintes définies par l’équipe et évoquées précédemment. Ils ont eu ensuite trois ou quatre mois pour faire leur BD, afin que la revue soit fin prête pour un lancement lors du festival des Utopiales !

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Une des planches de la BD de Tom Sixmille

@tomsixmille (instagram)

 

L’équipe de TTT corp aux manettes

Derrière ce nouveau projet se cache l’association TTT corp qui n’en est pas à son à son 1er coup d’essai. La revue de bande dessinée «Turbo Time Travel», c’est déjà eux ! Ce projet lancé en 2017 offrait déjà la possibilité à des auteur·ices nantais·ses, notamment issu·es de l’école Pivaut, de se créer une expérience et se faire connaitre auprès des éditeur·ices en y publiant une histoire d’une dizaine de pages sur le thème des différentes époques (le numéro zéro avait par exemple pour thème la préhistoire). Pour cette revue, la diffusion se fait essentiellement via leur boutique en ligne, le dépôt dans les librairies nantaises, grâce à la participation à différents festivals de BD ou quelques événements organisés à Nantes. Une campagne de financement participatif est organisée pour pouvoir payer les impressions. Les auteur·ices quant à eux, une vingtaine au total à avoir participé à l’un des cinq numéros de « Turbo Time Travel », sont tous bénévoles. Pari réussi pour ce 1er projet puisque certain·es auteur·ices ont ensuite signé leurs premiers contrats et sont désormais édités en tant qu’auteur·ices de BD.

Forte de cette expérience, l’équipe de TTT corp s’est donc lancée dans Titan Terrible, un projet plus ambitieux avec pour objectif cette fois de peaufiner le modèle économique en trouvant un équilibre financier pour permettre d’éditer la revue tout en rémunérant les auteur·ices impliqué·es. «Avec Titan Terrible, on cherchait un moyen de passer au niveau supérieur, notamment au niveau économique. Le but, c’était de devenir éditeur et pas seulement de faire du dépôt dans les librairies. En discutant avec la maison Fumetti, on s’est rendu compte qu’on pouvait avoir des subventions. On a rencontré des gens de la ville, du département et de la région à qui on a montré Turbo Time Travel, ils nous ont fait confiance et on a réussi à obtenir les subventions. Cela nous a permis de pouvoir payer tous les auteurs. On a quand même refait une campagne de financement participatif pour pouvoir payer les impressions» explique Tom. Sur ce 1er numéro de Titan terrible, les auteur·ices ont tous·tes été rémunéré·es mais tous·tes celleux qui ont fait la maquette n’ont pas été payé·es ou très peu. L’objectif pour l’équipe est donc de parvenir à terme à disposer d’un fond de trésorerie suffisant grâce aux ventes pour être en mesure de rétribuer toutes les personnes qui travaillent sur la revue et pouvoir éditer les prochains numéros sans avoir besoin ensuite de bénéficier de subventions. «Pour l’instant, on n’y est pas encore mais on progresse. Avec Titan Terrible, on se dit que c’est peut-être possible, un jour, d’être totalement rentable» espère Tom.

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Une des planches de la BD de Thomas Rajeau

@thomasrajeau (instagram)

 

C’est déjà un succès !

Cela semble plutôt bien parti pour Titan Terrible ! Après seulement quelques semaines de commercialisation, la revue a déjà trouvé son public et les résultats des 1eres ventes sont plus qu’à la hauteur des espérances de l’équipe de TTT corp. Au festival des Utopiales, Titan Terrible a même été en tête des meilleures ventes BD ! Environ 250 revues y ont été vendues pendant les quatre jours du festival, soit autant que lors de la campagne de financement participatif organisée sur la plateforme Ulule du 16 septembre au 23 octobre dernier. Contrairement à Turbo Time Travel, la revue Titan Terrible n’est pas simplement mise en dépôt mais distribuée sur de la vente ferme : les 3/4 des librairies nantaises, notamment indépendantes, ont acheté un stock de revues et certaines en ont même déjà recommandées. «Les librairies, comme Atalante qui est aussi spécialisée SF, ont fait une vitrine pour mettre en avant la revue et du coup, cela se vend super bien !«  se réjouit Yann. 2000 exemplaires de Titan Terrible ont été imprimés, 800 ont déjà été écoulés, un beau succès deux mois seulement après sa sortie !

Avis aux amateur·ices de bandes dessinées, de science-fiction ou aux simples curieux·euses qui souhaitent découvrir ces deux univers, le génial 1er numéro de Titan Terrible est en vente dans toutes les bonnes librairies nantaises. Quant à celleux déjà fans, qu’iels se rassurent, la sortie du prochain numéro serait prévue pour l’automne 2023, à l’occasion du festival des Utopiales. «On voudrait créer comme une habitude. La revue sortirait une fois par an, au moment des Utopiales» précise Yann. Le rendez-vous est pris !

AG de Fragil de décembre 2022 : l'éducation aux médias au cœur du projet associatif

Action Rédaction : une initiation au podcast à la pépinière Horizon 44

Prof d'histoire-géo et plutôt curieuse de tout, j'ai très envie de partager avec vous mes découvertes sur tous les sujets en contribuant à Fragil !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017