23 janvier 2023

Spectacle Capsule : et si vous vous laissiez surprendre ?

Tel est le slogan du spectacle Capsule qu’un ami m’a conseillé en ces termes : « tu ne sais pas ce que tu vas voir, ce n’est jamais pareil, c’est la surprise ». Sur ces bons mots, je ne pouvais que me rendre au théâtre du Sphinx le jeudi 12 janvier pour assister au spectacle « Capsule décloisonne les arts ».

Spectacle Capsule : et si vous vous laissiez surprendre ?

23 Jan 2023

Tel est le slogan du spectacle Capsule qu’un ami m’a conseillé en ces termes : « tu ne sais pas ce que tu vas voir, ce n’est jamais pareil, c’est la surprise ». Sur ces bons mots, je ne pouvais que me rendre au théâtre du Sphinx le jeudi 12 janvier pour assister au spectacle « Capsule décloisonne les arts ».

J’ai découvert ce petit théâtre, rue Monteil à Nantes. Les créateurs du spectacle – l’humoriste nantaise Cabcab et le programmateur, comédien et improvisateur Jules Pittiglio – co-produisent le spectacle avec le théâtre du Sphinx. À mon arrivée à 20h, Jules Pittiglio règle les derniers détails et m’accorde sympathiquement un peu de son temps pour poser le contexte.

Décloisonner les arts

Jules Pittiglio n’en est pas à son premier projet culturel. À Nantes, il co-fonde la compagnie PAF, est acteur d’improvisation dans la compagnie «Les lutins givrés». Puis à Paris, il crée avec des amis l’association Cultopie. Le principe des arts multiples est lancé : Cultopie réunit des artistes de disciplines et d’horizons variés au sein d’un même événement. De retour à Nantes suite au confinement, Jules et Cabcab créent l’association et le projet du même nom : Capsule, dont la première représentation a été donnée en mars 2022.

Le but du projet : décloisonner les arts. Jules m’explique : « Nous voulons que les artistes se rencontrent, que la rappeuse se dise pourquoi pas travailler avec un chanteur lyrique, que le stand-upper partage son expérience avec une danseuse par exemple ». Il poursuit : « Le décloisonnement n’est pas seulement pour les artistes, il a aussi vocation à faire découvrir d’autres formes d’art au public ».

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Tous les styles s’invitent sur scène !

Audrey Penin & Alix Bir

Programmation surprise

Tous les 2èmes jeudis du mois, le spectacle est inédit et de nouveaux artistes se produisent sur scène. Voilà toute la promesse et l’originalité de Capsule : découvrir en direct le programme du soir. Jules fait la tournée des scènes ouvertes nantaises et fait jouer son réseau pour trouver des artistes. Le bouche à oreilles entre artistes marche aussi très bien. Ils sont pour 80% d’entre eux des artistes émergents, semi-professionnels. Certains gagnent déjà leur vie de leur art, tous veulent se faire connaître et multiplier les scènes. À chaque représentation, ils sont une vingtaine sur scène. Si tout cela est rendu possible, c’est parce qu’ils sont bénévoles. En effet, Jules me précise : « En contrepartie, nous leur fournissons une vidéo et des photos de leur prestation pour les aider dans leur promotion sur d’autres scènes, auprès de programmateurs. Nous leur offrons aussi le catering* à volonté ».

Jules Pittiglio met en scène le spectacle et marie les numéros pour rendre l’ensemble du spectacle plaisant et rythmé. Les artistes se rencontrent le jour même lors de l’unique répétition où chacun prend possession de la scène, assure les transitions plateaux. Seul·es les musicien·nes viennent en amont pour faire les balances son. Les artistes ne se présentent pas sur scène, afin que les prestations s’enchaînent. Un flyer détaillant la programmation du soir est distribué en salle en début de spectacle. Ainsi, si un·e artiste nous plaît tout particulièrement, il est possible d’en savoir plus via son compte Instagram.

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DP-Dessins
Quelques croquis du spectacle

Delphine P

Pour être vivant, le spectacle est vivant !

Avant même d’entrer dans la salle, une capsule « immersive » s’invite côté bar. Il est 20h30, je bois un verre tout en me faisant croquer le portrait (par un dessinateur pour qui c’est une première), en expérimentant un tour de magie, au son d’un piano bar joué par Quentin, qui nous propose de choisir une chanson. La capsule immersive est à l’image de la soirée : singulière.

Il est 21h, nous prenons place dans la salle du Sphinx. Jules introduit la soirée : « Bienvenue dans la huitième capsule, la quatrième de la saison, la première de l’année 2023 ! ». Et c’est parti pour 1h30 de surprise…

Je vois le cameraman et le photographe professionnel se mouvoir dans la salle. Le rideau s’ouvre sur un DJ très looké qui joue du clavier, mixe et chante. Le tout animé par une présentation Powerpoint en fond (vous avez bien lu !), présentation originale et pleine d’humour à l’image des paroles. C’est très entraînant, l’ambiance est lancée ! S’enchaînent ensuite une dizaine de numéros avec des artistes d’âge, d’origine, de style complètement différents. Poésie, stand-up, rap, hula hoop, musique, mentalisme, peinture, extrait de concert, effeuillage… Les moments drôles, musicaux, loufoques, chantants, poétiques, participatifs, visuels, intrigants se succèdent. Le résultat est effectivement surprenant !

Un guitariste muni d’un looper (ndlr : boîtier permettant d’enregistrer et de répéter un son à l’infini) monte sur scène, c’est sa première fois, il est stressé. Sa sincérité nous touche, le public l’encourage. Les artistes sont généreux·ses et courageux·ses, transcendé·es par le bonheur d’être sur scène. Après plus d’1h45 de spectacle, qui passe à vive allure, tous·tes les artistes remontent sur scène. Pour la plupart, ils et elles ne se connaissaient pas avant ce jour et pourtant, une complicité se dégage entre eux. Un flot nourri d’applaudissements retentit et nous découvrons l’œuvre de l’artiste peintre, fil rouge en fond de scène, qui a peint tout au long du spectacle.

Promesse tenue ?

Le pari de la programmation surprise et du décloisonnement des arts est réussi. J’ai fait un voyage artistique, une escapade chaleureuse et étonnante au pays des arts multiples. Chaque capsule est unique. Venir sans connaître la programmation : c’est original, c’est agréable de se laisser surprendre et c’est une bonne raison pour revenir ! À priori, je ne suis pas la seule, puisque Jules me confie en fin de soirée : « C’est la première fois que le spectacle fait le plein, 120 personnes, on a même refusé 30 personnes ce soir ». Si vous aussi, vous voulez vous laisser surprendre, c’est tous les 2èmes jeudi du mois, au théâtre du Sphinx, 9 rue Monteil à Nantes.

Infos et réservation, vous l’aurez compris conseillée, sur www.theatredusphinx.com

*Catering : restauration et boissons

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Citoyenne éveillée et empathique, j'aime découvrir, apprendre et m'étonner. Société, culture, divertissement et actualité : autant de sujets qui attisent ma curiosité et me donnent envie de partager !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017