25 octobre 2021

S’essayer à une performance d’éloquence, une expérience unique dans le parcours de ces jeunes nantais

“Quelle est la responsabilité du silence ? Doit-on oublier notre passé pour se reconstruire un avenir ? La maladie peut-elle souder une relation ?” Ça aurait pu être des sujets du bac de philosophie. Mercredi 6 octobre dernier au Lieu Unique, ce sont plutôt 10 jeunes de 16 à 24 ans, sujets au trac, qui ont osé s’exposer pour faire une performance d’éloquence.

S’essayer à une performance d’éloquence, une expérience unique dans le parcours de ces jeunes nantais

25 Oct 2021

“Quelle est la responsabilité du silence ? Doit-on oublier notre passé pour se reconstruire un avenir ? La maladie peut-elle souder une relation ?” Ça aurait pu être des sujets du bac de philosophie. Mercredi 6 octobre dernier au Lieu Unique, ce sont plutôt 10 jeunes de 16 à 24 ans, sujets au trac, qui ont osé s’exposer pour faire une performance d’éloquence.

Devant une centaine de personnes – des proches, leur parrain ou marraine d’écriture, des curieux aussi – les jeunes ont déclamé un texte sur une thématique qu’ils ont choisie quelques mois avant.

Antoine PAYEN, l’énergique fondateur de l’association Place aux jeunes, à l’initiative de ce 3e événement, avait annoncé la couleur durant les ultimes réglages et émulations en coulisses: « ce soir on va casser des gueules !! ». Effectivement, ces jeunes – issus de tous les milieux et aux trajectoires de vie variées – nous ont mis une sacrée claque.

Moustapha, qui s’exprime au sujet de l’injustice du regard

Antoine nous explique que ces jeunes avaient tous au départ une « envie de changer le monde », de se faire leur place dans la société, de « combattre leur peur, leur timidité ». Sur cinq mois, une dizaine d’heures de formation axée entre autres sur la communication, les émotions, l’introspection, mais aussi l’accompagnement dans l’écriture et l’art oratoire leur a permis de grandir, de s’affirmer.

La peur a laissé place à l’envie, à la fierté aussi, comme nous le dit Moustapha, originaire de Guinée: « au début j’étais stressé, je voulais abandonner. C’est un truc incroyable ce que j’ai fait, parler de mon histoire. Le stress, c’est un ascenseur à 1000 à l’heure. » Alina, une des « pépites » de cette édition, qui a mené à bien sa performance malgré son émotion nettement palpable, disait à la fin de la soirée « plus tu oses, plus tu as envie de progresser. J’ai gagné en assurance et en maturité mais surtout en confiance pour le reste de ma vie. »

Nagat, arrivée en France quand elle était bébé, nous explique durant sa prestation qu’elle tenait à s’interroger « sur la hiérarchisation des lieux de naissance. » Elle nous invite à « chercher l’être humain, son humanité et pas sa carte d’identité. » « Gros gros challenge », « soirée inoubliable », « expérience géniale », « unique » sont des mots qui reviennent aussi chez leurs camarades. Le jury* réuni pour l’occasion a distribué un coup de cœur personnalisé pour chacun, comme par exemple celui de « l’émotion qui remue » ou encore du « tigre qui est en toi »

Affiche de cette 3ème édition

Pour 2022, l’association voit grand pour sa 4e édition pour continuer à braquer le projecteur sur la jeunesse. Le « recrutement » des jeunes est d’ailleurs déjà engagé d’après Antoine et trouve ses forces vives par exemple via les services jeunesse ou Brio (dispositif d’étudiants de grandes écoles qui accompagnent des lycéens dans leur orientation professionnelle et leur ouverture culturelle)

Les  » pépites  » à l’issue de leur prestation, entourés de leurs coach Antoine et Manon

* Membres du jury : David LEDEUNFF, artiste, ancien membre du groupe nantais Hocus Pocus, parrain de l’association Place aux jeunes, Pauline LANGLOIS, élue Ville de Nantes à la jeunesse, Amélie LEPAGE, journaliste JT France 3 Pays de Loire, Léna MEDRYKOWSKI, pépite de la 2e édition.

The Falling Stardust d'Amala Dianor, entre danse et science fiction

Fragil accompagne les Pipelettes du Concorde

Working girl ascendant desperate housewife, de toute évidence bilingue. Team second degré et saucisson à fond! J’aime les coulisses, la marge, le détail de tout et de tout le monde.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017