25 février 2019

Revue de presse de la semaine

Fragil a scruté les dernières tendances autour du numérique et des médias afin d'alimenter sa revue de presse.

Revue de presse de la semaine

25 Fév 2019

Fragil a scruté les dernières tendances autour du numérique et des médias afin d'alimenter sa revue de presse.

L’Intelligence artificielle et ses dérives au cœur de l’actu

Les chercheurs de la NVIDIA (entreprise américaine spécialisée dans la production de cartes graphiques pour PC et consoles de jeux) ont mis au point à la fin de l’année 2018 un moyen de générer à l’infini des visages humains artificiellement. Leur expérience est désormais disponible sur internet et accessible à tous. Le système repose sur plusieurs algorithmes. Il fonctionne grâce à une base de données conséquente de personnes réellement existantes. Ensuite, les deux programmes travaillent ensemble autour de cette base de données, l’un fait des essais et le second les vérifie. Les caractéristiques des visages sont alors mélangées et le second programme se charge de vérifier le degré de réalisme pour valider un résultat final.

Ces nouvelles techniques peuvent éventuellement nous interroger sur les différentes dérives jouxtant le secteur du numérique.

L’association OpenAI a récemment décidé de s’interroger sur la dangerosité de sa dernière trouvaille.
Spécialisée dans le développement des intelligences artificielles, cette association à but non lucratif a mis au point un tout nouveau générateur de texte nommé GPT-2. Ce générateur est capable de créer des articles et même des reportages. GPT-2 est donc capable d’alimenter son article par différents exemples et citations. Cependant, ses créateurs se sont aperçus que le générateur était par la même occasion capable de générer des fake news très persuasives qu’elle partage automatiquement sur les réseaux sociaux…

C’est pourquoi, afin d’éviter de laisser un outil potentiellement dangereux à l’usage de tout le monde, l’association a décidé de garder son programme confidentiel. Un choix fort de l’association OpenAI dans une ère rongée par les fake news et l’infobésité.

La Ligue du Lol, symbole d’un cyberharcèlement permanent

Ces dernières semaines, le monde du journalisme a été secoué par l’affaire de la Ligue du Lol. Cette affaire porte le nom d’un groupe Facebook créé en 2009 et regroupant des journalistes, communicants et publicitaires parisiens pour l’essentiel masculins. Des membres du groupe ont été accusés de harcèlements sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter. Depuis, les langues se sont progressivement déliées et de nombreuses victimes ont décidé de témoigner sur cette affaire obligeant les médias à réaliser une large introspection. Fragil a sélectionné plusieurs articles complets sur le sujet afin d’éclaircir ce sujet polémique.

Numerama a réalisé un grand dossier sur le sujet. En effet, deux de ses journalistes Perrine Signoret et Marie Turcan ont mis en parallèle les témoignages et les récentes révélations sur le sujet afin de fournir un article complet sur la question.
Au cours de la décennie précédente, la twittosphère parisienne était un microcosme où tout le monde se connaissait. Cet harcèlement ciblé et organisé par une poignée d’hommes étaient déjà relativement connu dans le milieu journalistique. Beaucoup de blogueurs et blogueuses, youtubeuses beautés et vidéastes essayant de tracer leur chemin sur les réseaux sociaux de l’époque ont été pris pour cible durant plusieurs mois par de nombreux faux comptes appartenant à une liste de harceleurs qui se dévoile peu à peu aujourd’hui. Les harcèlements ont revêtu différentes formes passant par des insultes en continu sur les réseaux, des photomontages parfois à caractère pornographique, ainsi que de nombreux canulars mêlant insultes et usurpations d’identité. L’équipe de Numerama propose une approche intéressante sur la Ligue du LOL. Perrine Signoret et Marie Turcan font part d’une lettre rédigée en 2010 afin d’alerter les rédactions parisiennes sur le cyberharcèlement réalisé par certains de leurs employés. Une source intéressante montrant l’ampleur de la problématique au sein des médias parisiens, et la passivité de réactions de la part des grandes enseignes du journalisme face à ce harcèlement caractérisé. La responsabilité de nombreux rédacteurs en chefs est légitimement mentionnée dans l’article.

En réponse à ce cyberharcèlement sévissant sur les réseaux sociaux, le mouvement #jesuislà s’est installé sur les réseaux sociaux depuis quelques années. Né en Suède sur un groupe Facebook à l’initiative d’une journaliste, l’objectif du groupe est de recenser les propos haineux et actes de cyberharcèlements sévissant sur internet afin de ne pas laisser les victimes seules face à ces violences en ligne. Il s’agit ensuite de rétablir des vérités dans les commentaires et d’oser l’argumentation face aux flux d’insultes. Un véritable acte de résistance pour contrer la haine et l’invective gratuite sur les réseaux sociaux.

Les jeunes du Lycée Nature de la Roche sur Yon questionnent l’impact écologique du numérique

Un opéra sur un texte de Racine : les battements de cœur de l’alexandrin

Animal journalistique curieux en service civique pour Fragil, je me passionne pour l’actualité du microcosme nantais afin d'en épier les nuances loin du manichéisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017