13 juin 2025

Pride 2025 : « Des centaines d’heures de bénévolat, mais voir cette foule unie et joyeuse, ça vaut tout »

Ce samedi 14 juin, la Marche des Fiertés déambulera dans la centre ville de Nantes. Une occasion pour les personnes LGBTQIA+ de se retrouver pour militer pour leurs droits. Pour cette édition, le focus est mis sur la lutte contre le racisme au sein de la communauté.

Pride 2025 : « Des centaines d’heures de bénévolat, mais voir cette foule unie et joyeuse, ça vaut tout »

13 Juin 2025

Ce samedi 14 juin, la Marche des Fiertés déambulera dans la centre ville de Nantes. Une occasion pour les personnes LGBTQIA+ de se retrouver pour militer pour leurs droits. Pour cette édition, le focus est mis sur la lutte contre le racisme au sein de la communauté.

En fait on appelle ça la Pride parce que c’est à la fois la marche des fiertés, donc le défilé en centre-ville de chars et le village associatif”, explique Anaïs, l’organisatrice générale de la Pride chez Nosig. Chaque année, cet événement a lieu le deuxième samedi de juin, rassemblant une foule toujours plus nombreuse. Nosig, le Centre LGBTQIA+ de Nantes, assure l’organisation mais il ne s’agit pas d’une initiative isolée. Iels agissent en réalité pour le compte des associations LGBT locales, qui délèguent au centre la coordination de l’événement. “Personne ne s’approprie la Pride”, conclut la bénévole.

Au total, ce sont 20 000 personnes qui sont attendues, un rassemblement qui implique une logistique lourde, mobilisant beaucoup de temps, de moyens humains et financiers. Le budget global de l’événement, estimé à environ 40 000 euros selon les organisateurs·trices, repose en grande partie sur de l’autofinancement, insiste Anaïs soulignant l’importance de la participation des associations et commerçants·es présents sur le village et des bars ou discothèques et qui défilent avec des chars. Les ventes sur les stands — goodies, gâteaux, boissons — contribuent également à financer l’événement.

 

Nouvelle banderole de la Pride 2025, tenu par Anaïs. Crédit Arthur Camus

Une accessibilité plus inclusive

Cette année, un gros effort a été fait sur l’accessibilité. Grâce à un partenariat avec Titi Floris, acteur local spécialisé dans les véhicules pour personnes à mobilité réduite (PMR), un véhicule PMR sera intégré au cortège. Des bénévoles seront également dédiés·es à l’accompagnement des personnes à mobilité réduite, les aidant à se déplacer autour du village et sur la marche, notamment sur les zones pavées, nombreuses à Nantes. Un parcours spécifique, plus court et plus facile, a été tracé pour faciliter la participation de tous et toutes.  

Comme chaque année, la Pride s’organise autour une thématique spécifique pour mettre en lumière une lutte qui nécessite plus de visibilité. En 2024, le thème portait sur la visibilité des personnes intersexes, “souvent oubliées”, précise l’organisatrice nantaise. En 2025, le focus est mis sur les personnes racisées au sein de la communauté LGBTQIA+.  Soulignant l’importance de la pensée intersectionnelle, Anaïs rappelle : “Être racisé·e en France, ce n’est pas facile. Être LGBT non plus. Et être les deux, clairement… Ça pique un peu”, ajoute-t-elle.   

Selon The Williams Institute, aux Etats-Unis, environ 42 % des personnes LGBTQIA+ aux États-Unis sont des personnes racisées. Au Canada, une enquête sur la santé des personnes LGBTQIA+ en 2018, relève que les personnes racisées au sein de la communauté déclaraient des taux plus élevés de dépression, de discrimination et de barrières à l’accès aux soins de santé.   

En France, il n’existe pas de statistiques officielles sur l’ethnicité. Cependant, des enquêtes qualitatives et des travaux de recherche du sociologue Nacira Guénif et de Fatima El-Tayeb mettent en lumière le racisme au sein des milieux LGBTQIA+, l’homophobie ou transphobie dans certaines familles ou communautés d’origine ou encore la double marginalisation vécue par les personnes racisées. 

Un événement militant face à un climat politique de plus en plus hostile

Plus qu’un simple moment de fête, la Pride est aussi un acte de résistance face aux violences que subissent les personnes LGBTQIA+. En mai dernier, la librairie Les Vagues, nouvellement installée à Nantes et identifiée comme féministe et queer, a été la cible d’une attaque de l’extrême droite. Des individus ont fracassé les deux vitrines, rappelant que les espaces inclusifs sont encore menacés. “Le risque zéro n’existe pas mais on aimerait que ça se passe le mieux possible ”, positive Anaïs.

Infos utiles

L’accès au village associatif est ouvert de 11h à 19h, Cour Saint-André. La marche militante, quant à elle, débutera à 14h, place Foch et se terminera à 17h30. Retrouvez plus d’info sur : Nosig.fr 

Affiche de la Pride 2025

Stagiaire pour 1 mois chez Fragil. Venant du Centre nantais de journalisme, je suis très motivé à être acteur dans le milieu du journalisme, et ça commence ici.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017