La radio indépendante nantaise euradio subissait déjà des pressions financières dûes à la baisse progressive de soutiens locaux, nationaux et européens. La perte de l’ensemble des subventions de la Région des Pays de la Loire (50 000€/an) a forcé la radio indépendante à arrêter la diffusion de ses émissions dans huit villes françaises. Relevant jusqu’alors des « affaires européennes », l’équipe de la radio ne savait pas si elle allait être touchée par les coupes budgétaires de 100 millions d’euros annoncées à l’automne 2024 par la présidente Christelle Morançais (Horizons). Hélène Lévêque, directrice adjointe d’euradio, raconte sa déception : « On ne savait pas à quoi s’attendre, donc on attendait. Jusqu’au jour où on a reçu le courrier : c’était le même sort que les autres ».
euradio ne touche pas à Nantes
La radio associative mise sur sa proximité avec les territoires locaux et son équipe de stagiaires venue d’un peu partout en Europe pour couvrir les actualités européennes avec un angle local. Ainsi, lorsqu’il a été question de couper dans le budget, il ne fallait pas toucher à la ville fondatrice du projet : « On est assez attaché, ici, à notre territoire, donc voilà, on y reste » souligne Hélène Lévêque, en faisant écho au projet associatif créé en 2007 à Nantes par Laurence Aubron. Par ailleurs, euradio reçoit les soutiens de Nantes Métropole.
« À Nantes, il n’y a pas eu d’impacts directs » rappelle Hélène Lévêque
Le plus important pour la radio indépendante était de préserver les postes des six salarié·e·s et des stagiaires. Il n’y a donc pas eu de licenciement ni d’arrêt de poste : « À Nantes, il n’y a pas eu d’impacts directs » stipule d’entrée de jeu la directrice adjointe. Les emplois tout comme les outils de diffusion des émissions, c’est-à-dire la fréquence FM et DAB+*, demeurent intacts dans la métropole ligérienne.

L’équipe de rédaction, composée de 3 journalistes professionnel·le·s et de plusieurs stagiaires, était active ce 21 mai dans la salle de rédaction. Crédit : Valérie Babin
Couper les outils de diffusion
Pour faire des économies rapidement sans toucher aux emplois, euradio a choisi de couper dans ses outils de diffusions. La directrice adjointe explique : « On a restitué huit fréquences à l’Arcomm parce que chaque fréquence occasionne des coûts de diffusion. » L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, plus souvent appelée par son acronyme Arcom, est en effet propriétaire des fréquences radio et octroie les droits de diffusion aux groupes répondant à ses appels à projets.
En Pays de la Loire, ce sont les citoyen·ne·s d’Angers et de La-Roche-sur-Yon qui ne pourront plus écouter euradio sur les ondes FM et DAB+. Les fréquences des villes de Toulouse, Nice, Rouen, Le Havre, Orléans et Tours ont également été coupées. En tout, euradio estime que ce sont trois millions de personnes à travers la France qui seront touchés par cette perte de diffusion. Les fréquences de diffusion des villes avec un plus grand bassin de population ont été conservées : Lille, Bordeaux, Strasbourg, Bruxelles et, bien entendu, Nantes.
Certaines villes, plus petites, ont néanmoins été gardées, car la radio y a un fort sentiment d’appartenance. C’est le cas, notamment, de l’antenne à Saint-Nazaire où les journalistes d’euradio couvrent régulièrement des sujets. « C’est proche d’ici, on y est attaché », raconte Hélène Lévêque avec douceur. « On est aussi soutenu par le Département de la Loire-Atlantique, donc ça faisant du sens de garder cette antenne », complète-t-elle. La ville de Rennes, porte d’entrée vers le Grand Ouest et la Bretagne, a également été épargnée des coupes d’euradio.

Hélène Lévêque, directrice adjointe d’euradio, dans le studio principal. Crédit : Valérie Babin
Des projets à consolider
Malgré ces coupes dans la région, euradio souhaite consolider des projets déjà entamés à Paris, Marseille et Lyon : « On avait déjà des accroches dans ces villes qui nous permettent, pour le moment en tous cas, de garder les fréquences », explique Hélène Lévêque. Les fréquences de l’antenne parisienne s’étendent au-delà de la métropole et couvrent toute la région d’Île-de-France. Ainsi, bien que les coûts de la diffusion dans cette zone soient plus élevés, Paris, avec son nouveau studio, permet de rejoindre un grand nombre de personnes.
Pour la suite du projet associatif, l’équipe cherche à ajuster son modèle économique en diversifiant ces sources de financement, notamment par la prestation de service et le mécénat. C’est pourquoi elle lance un appel à soutien auprès de collectivités locales, de partenaires privés ou de mécènes qui souhaiteraient participer à un projet d’actualité européenne indépendante. Il est possible de soutenir euradio en suivant ce lien : https://euradio.fr/page/soutenir-euradio.html
*La technologie DAB+ signifie « Digital Audio Broadcasting », traduit par « radio numérique terrestre ». C’est le pendant numérique des ondes radio.