27 mai 2025

Pour conserver ses emplois nantais, euradio doit supprimer 8 antennes

Radio indépendante nantaise, euradio doit supprimer 8 de ces 17 antennes de diffusions à travers la France pour conserver ses emplois à Nantes. L’annonce a été faite le 13 mai 2025, en réaction aux coupes budgétaires de la Région des Pays de la Loire qui la prive de l’ensemble de ses subventions, soit 50 000€ par an. Pour continuer d’exister, euradio a conservé 9 antennes qui lui permettent de toucher un plus grand bassin de population.

Pour conserver ses emplois nantais, euradio doit supprimer 8 antennes

27 Mai 2025

Radio indépendante nantaise, euradio doit supprimer 8 de ces 17 antennes de diffusions à travers la France pour conserver ses emplois à Nantes. L’annonce a été faite le 13 mai 2025, en réaction aux coupes budgétaires de la Région des Pays de la Loire qui la prive de l’ensemble de ses subventions, soit 50 000€ par an. Pour continuer d’exister, euradio a conservé 9 antennes qui lui permettent de toucher un plus grand bassin de population.

La radio indépendante nantaise euradio subissait déjà des pressions financières dûes à la baisse progressive de soutiens locaux, nationaux et européens. La perte de l’ensemble des subventions de la Région des Pays de la Loire (50 000€/an) a forcé la radio indépendante à arrêter la diffusion de ses émissions dans huit villes françaises. Relevant jusqu’alors des « affaires européennes », l’équipe de la radio ne savait pas si elle allait être touchée par les coupes budgétaires de 100 millions d’euros annoncées à l’automne 2024 par la présidente Christelle Morançais (Horizons). Hélène Lévêque, directrice adjointe d’euradio, raconte sa déception : « On ne savait pas à quoi s’attendre, donc on attendait. Jusqu’au jour où on a reçu le courrier : c’était le même sort que les autres ».

euradio ne touche pas à Nantes

La radio associative mise sur sa proximité avec les territoires locaux et son équipe de stagiaires venue d’un peu partout en Europe pour couvrir les actualités européennes avec un angle local. Ainsi, lorsqu’il a été question de couper dans le budget, il ne fallait pas toucher à la ville fondatrice du projet : « On est assez attaché, ici, à notre territoire, donc voilà, on y reste » souligne Hélène Lévêque, en faisant écho au projet associatif créé en 2007 à Nantes par Laurence Aubron. Par ailleurs, euradio reçoit les soutiens de Nantes Métropole.

« À Nantes, il n’y a pas eu d’impacts directs » rappelle Hélène Lévêque

Le plus important pour la radio indépendante était de préserver les postes des six salarié·e·s et des stagiaires. Il n’y a donc pas eu de licenciement ni d’arrêt de poste : « À Nantes, il n’y a pas eu d’impacts directs » stipule d’entrée de jeu la directrice adjointe. Les emplois tout comme les outils de diffusion des émissions, c’est-à-dire la fréquence FM et DAB+*, demeurent intacts dans la métropole ligérienne.

L’équipe de rédaction, composée de 3 journalistes professionnel·le·s et de plusieurs stagiaires, était active ce 21 mai dans la salle de rédaction. Crédit : Valérie Babin

Couper les outils de diffusion

Pour faire des économies rapidement sans toucher aux emplois, euradio a choisi de couper dans ses outils de diffusions. La directrice adjointe explique : « On a restitué huit fréquences à l’Arcomm parce que chaque fréquence occasionne des coûts de diffusion. » L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, plus souvent appelée par son acronyme Arcom, est en effet propriétaire des fréquences radio et octroie les droits de diffusion aux groupes répondant à ses appels à projets.

En Pays de la Loire, ce sont les citoyen·ne·s d’Angers et de La-Roche-sur-Yon qui ne pourront plus écouter euradio sur les ondes FM et DAB+. Les fréquences des villes de Toulouse, Nice, Rouen, Le Havre, Orléans et Tours ont également été coupées. En tout, euradio estime que ce sont trois millions de personnes à travers la France qui seront touchés par cette perte de diffusion. Les fréquences de diffusion des villes avec un plus grand bassin de population ont été conservées : Lille, Bordeaux, Strasbourg, Bruxelles et, bien entendu, Nantes.

Certaines villes, plus petites, ont néanmoins été gardées, car la radio y a un fort sentiment d’appartenance. C’est le cas, notamment, de l’antenne à Saint-Nazaire où les journalistes d’euradio couvrent régulièrement des sujets. « C’est proche d’ici, on y est attaché », raconte Hélène Lévêque avec douceur. « On est aussi soutenu par le Département de la Loire-Atlantique, donc ça faisant du sens de garder cette antenne », complète-t-elle. La ville de Rennes, porte d’entrée vers le Grand Ouest et la Bretagne, a également été épargnée des coupes d’euradio.

Hélène Lévêque, directrice adjointe d’euradio, dans le studio principal. Crédit : Valérie Babin

Des projets à consolider

Malgré ces coupes dans la région, euradio souhaite consolider des projets déjà entamés à Paris, Marseille et Lyon : « On avait déjà des accroches dans ces villes qui nous permettent, pour le moment en tous cas, de garder les fréquences », explique Hélène Lévêque. Les fréquences de l’antenne parisienne s’étendent au-delà de la métropole et couvrent toute la région d’Île-de-France. Ainsi, bien que les coûts de la diffusion dans cette zone soient plus élevés, Paris, avec son nouveau studio, permet de rejoindre un grand nombre de personnes.

Pour la suite du projet associatif, l’équipe cherche à ajuster son modèle économique en diversifiant ces sources de financement, notamment par la prestation de service et le mécénat. C’est pourquoi elle lance un appel à soutien auprès de collectivités locales, de partenaires privés ou de mécènes qui souhaiteraient participer à un projet d’actualité européenne indépendante. Il est possible de soutenir euradio en suivant ce lien : https://euradio.fr/page/soutenir-euradio.html

*La technologie DAB+ signifie « Digital Audio Broadcasting », traduit par « radio numérique terrestre ». C’est le pendant numérique des ondes radio.

Née au Québec, Montréalaise d’adoption, Valérie a traversé l’Atlantique et s’est installée à Nantes il y a quelques mois par amour. Par amour pour son copain français d’abord, mais aussi par amour pour la nature et l’offre culturelle présente à Nantes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017