12 octobre 2022

Pierre-Adrien Roux, un regard neuf à un moment charnière

Diplômé de l’école de journalisme de Marseille et journaliste pendant plus de dix ans dans la presse écrite, Pierre-Adrien Roux a croisé le chemin de Fragil en 2011 et ne s’est, depuis, jamais éloigné de cette association qu’il considère comme « son média de cœur ».

Pierre-Adrien Roux, un regard neuf à un moment charnière

12 Oct 2022

Diplômé de l’école de journalisme de Marseille et journaliste pendant plus de dix ans dans la presse écrite, Pierre-Adrien Roux a croisé le chemin de Fragil en 2011 et ne s’est, depuis, jamais éloigné de cette association qu’il considère comme « son média de cœur ».

Originaire de Bourgogne et installé dans la région nantaise depuis 2011, Pierre-Adrien Roux s’est déplacé jusqu’au bureau de Fragil pour cet entretien. Ce bureau, il le connaît bien, très bien même. Après avoir été contributeur du magazine et membre du conseil d’administration de l’association, il y a évolué pendant deux ans en tant que chargé de projets aux côtés de Sandrine Lesage, l’autre salariée dédiée à l’animation du magazine. C’était à un moment charnière de l’association : Pascal Couffin et Romain Ledroit, deux historiques, venaient de quitter le navire et il avait pour mission de développer les actions d’éducation aux médias et aux pratiques numériques. « C’était juste après les attentats de Charlie Hebdo. Ces tristes événements ont clairement accéléré la demande en interventions d’éducation aux médias. On a vu arriver du financement, une prise de conscience d’éduquer aux médias. J’allais donc voir des établissements scolaires, des associations et des médiathèques et je leur proposais des actions et des projets qui correspondaient à leurs besoins vis-à-vis de leur public, essentiellement jeune. »

Pendant deux ans, il va se démener pour faire connaître la mission éducative de Fragil sur le territoire nantais et au-delà. Il se souvient particulièrement de deux projets : « Une résidence de journaliste pour laquelle Fragil a fait venir à Nantes pendant six mois Fatma Ben Hamad, une dessinatrice de presse tunisienne. Et Hacker Alice que j’ai monté avec l’association L’annexe, qui proposait à des élèves de primaire et de collège d’adapter les mécanismes du conte Alice au pays des merveilles sous forme médiatique en s’inspirant de leur territoire et environnement. »

 Fragil m’a permis de faire un pas de côté sur la question de l’information et des médias…

Mais pour lui qui, à son arrivée sur les bords de Loire, a eu la chance de découvrir Nantes au fil de ses contributions pour le magazine, Fragil c’est d’abord un média, un regard sur la culture, sur les enjeux de société et, aujourd’hui, un acteur associatif incontournable en matière d’éducation aux médias et aux pratiques numériques sur Nantes et sa région. « Fragil m’a permis de faire un pas de côté sur la question de l’information et des médias, de réfléchir à l’information, comment on la fabrique, comment elle circule, au rôle des citoyens dans cette fabrication et cette circulation. Humblement, j’ai contribué à inscrire Fragil dans cette dynamique. »

Hier responsable communication et projets numériques pour Info Jeunes Pays de la Loire, anciennement CRIJ, et aujourd’hui enseignant formateur et accompagnateur de projets médias, Pierre-Adrien Roux jongle habilement avec ses différentes casquettes. Sans oublier, celle de Fragil : « Il y a évidemment un côté famille, j’ai des liens très forts avec cette association. Je fais désormais un peu partie de l’histoire de Fragil et c’est évidemment mon média de cœur à Nantes. » Preuve en est, il a réintégré le conseil d’administration peu de temps après avoir quitté son poste en tant que salarié et, fort de cette expérience, il participe activement aux débats et aux choix qui concernent le présent et la destinée de Fragil.

En espérant que son regard toujours plus aiguisé aidera longtemps l’association à se réinventer tout en gardant son cap.

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Pierre-Adrien-Roux
Pierre Adrien Roux

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017