16 octobre 2025

Nathan, découvrir le journalisme « pour avoir un esprit critique plus affûté »

Novice en journalisme mais conscient du poids de l’information dans la société, Nathan a rejoint l’équipe bénévole de rédacteur·ices du webzine Fragil en octobre. Il espère profiter de cette expérience pour découvrir la vie locale nantaise avec une plus grande ouverture mais également mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de l’information.

Nathan, découvrir le journalisme « pour avoir un esprit critique plus affûté »

16 Oct 2025

Novice en journalisme mais conscient du poids de l’information dans la société, Nathan a rejoint l’équipe bénévole de rédacteur·ices du webzine Fragil en octobre. Il espère profiter de cette expérience pour découvrir la vie locale nantaise avec une plus grande ouverture mais également mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de l’information.

Nathan Brunaud est l’un des 18 bénévoles à avoir rejoint l’équipe de rédacteur•ices de Fragil cette année. Arrivé à Nantes en 2019 pour ses études d’animation 2D à l’école Pivaut, après une année de prépa à Rennes, ce fils de marin militaire semble avoir trouvé à Nantes un nouveau port d’attache : « Nantes est une super ville où je me plais beaucoup. Et d’ailleurs, si j’y suis encore, c’est que je m’y plais vraiment bien. »

Sortir de son cercle et s’investir dans la vie locale

Entre son activité professionnelle d’artiste freelance et son job complémentaire de réceptionniste de nuit au Mercure de la Gare « parce que ça ne suffit pas pour l’instant. L’activité est encore au début et c’est un secteur qui est très bouché. », Nathan a monté avec un petit groupe d’ami•es le collectif Krinj.
« L’idée, en fait, c’est de permettre à des personnes qui n’ont pas d’espace pour s’exprimer de pouvoir s’exprimer et avoir un public. »
Si l’activité du club du Krinj est en pause depuis quelques mois, le collectif a déjà organisé plusieurs soirées stand-up, concerts, et même une lecture de poèmes, dans différents bars nantais.

La silhouette élégante de Nathan, sur les marches de la Basilique St-Nicolas, le 08/10/2025. Photo © Amandine Masson

Pour équilibrer avec son métier artistique très individuel, l’aspect humain est important pour lui : « créer de nouveaux liens », « chambouler mes habitudes relationnelles », « c’est quelque chose que j’espère retrouver d’une manière ou d’une autre dans Fragil ».

Mieux s’informer

Nathan se considère comme politisé et est heureux de se sentir en accord avec la ligne éditoriale du média Fragil pour la saison 2025-26 sur des sujets prioritaires comme les élections municipales ou la lutte antifasciste.
« Pour moi, le journalisme, c’est important, c’est vraiment le premier relais d’informations sur lesquelles on base beaucoup d’opinions. »
Ses objectifs pour cette année : essayer de comprendre un petit peu plus les mécanismes sous-jacents du journalisme « pour pouvoir mieux me renseigner, mieux m’informer, comprendre un peu mieux comment l’information est créée et partagée. »

Enfin, Nathan voit également dans la dimension culturelle locale de Fragil une opportunité de découvertes et de se faire surprendre : « C’est vrai que moi je ne suis pas très au courant de ce qui se passe à Nantes ». Beaucoup d’évènements sont relayés par le webzine. « Donc, de ce côté-là, c’est important je trouve à la vie collective. »

 

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017