11 septembre 2023

Linjac, nouvelle bénévole contributrice chez Fragil : portrait en trompe-l’oeil !

Portait de bénévole. Linjac a poussé les portes de Fragil au printemps 2023 pour avoir l'opportunité de pratiquer le journalisme, un domaine qui l'a toujours fasciné. Nous vous proposons son portrait aujourd'hui, réalisé par une autre contributrice active du média, Caroline Cornu,

Linjac, nouvelle bénévole contributrice chez Fragil : portrait en trompe-l’oeil !

11 Sep 2023

Portait de bénévole. Linjac a poussé les portes de Fragil au printemps 2023 pour avoir l'opportunité de pratiquer le journalisme, un domaine qui l'a toujours fasciné. Nous vous proposons son portrait aujourd'hui, réalisé par une autre contributrice active du média, Caroline Cornu,

Linjac est avant toute chose une grande lectrice devant l’Éternel. Nantaise depuis toujours, elle est aussi une jeune retraitée qui goûte enfin à la liberté retrouvée. Toute menue dans sa robe bigarrée, elle arrive au Lieu Unique où rendez-vous a été donné. Par un beau jour ensoleillé en cet été débutant, elle retrouve Caroline, bénévole à Fragil qui l’attend pour brosser son portrait et répondre à son tour à ses questions.

Nantaise pure beurre

Linjac a ses racines profondément ancrées dans la région nantaise depuis plusieurs générations. Elle suit ses études à Nantes et fait ensuite toute sa carrière à Nantes. Paradoxalement elle a toujours rêvé d’ailleurs, de quitter sa ville. Étudiante, elle se voyait finir ses études dans une autre université. Une fois en poste, elle s’imaginait aussi d’autres destinations, toutefois elle précise avec un sourire : « J’ai fait 5 ans de droit à Nantes. Puis j’ai commencé à travailler à Nantes, en me disant que j’allais m’en aller ailleurs. Et bien non. Eh non, toujours là ! ».

« Nantes me plaît énormément »

Effectivement Linjac est très attachée à Nantes, elle en aime « la convivialité, le côté petite ville dans une grande ville parce qu’on n’a pas les inconvénients de Paris. Bien qu’on ait des bouchons, Nantes me plaît énormément. »
Elle a un coup de cœur pour le passage Pommeraye qu’elle décrit « comme un endroit magique » qui lui rappelle le réalisateur Jacques Demy. Ce dernier ayant choisi ce lieu comme décor pour 3 de ses films. Par extension, elle associe à la ville, sa compagne cinéaste et plasticienne Agnès Varda.
Linjac voit « Nantes comme le voyait ou le donnait à percevoir Jules Verne : une utopie surréaliste mais bien plaisante ». Elle appréhende Nantes comme des décors ornementés de graffs et elle y « voit le côté hors champ ».
Elle n’évoque pas les Machines de l’Ile dont la notoriété est déjà associée à la ville de Nantes, et pourtant illustre avec superbe son animal fétiche, l’éléphant.

L'éléphant, animal fétiche de Linjac, qui l'accompagne chaque jour

L’éléphant, animal fétiche de Linjac, qui l’accompagne chaque jour

Eléphantophile

Linjac aime passionnément les éléphants et leurs contradictions : « c’est un animal énorme et qui pourtant a peur d’une souris ». Elle précise que cela est à juste titre : « si le petit rongeur s’introduit dans la trompe du pachyderme, il peut mourir étouffé. Malgré leur masse, les éléphants sont à l’aise dans l’eau et savent nager ». Elle admire aussi leur intelligence et leur sens de la famille développé. Et cela jusqu’à ses derniers jours : « lorsqu’il sent que la fin est proche, il s’en va tout seul. En fait, il s’isole pour ne pas blesser les siens ».
Linjac dispose d’une belle collection d’éléphants : « l’avantage quand on fait des collections, c’est que tous les anniversaires, tous les cadeaux et tous les événements, c’est éléphants ! ». Toutefois, elle souligne que sa collection devient bien encombrante et qu’elle compte l’arrêter !

Ses voyages

Trop frileuse pour apprécier la montagne, c’est la côte et plus particulièrement le littoral sud et la Méditerranée qu’elle préfère.
Elle va toutefois volontiers au nord de la Bretagne notamment à Saint-Malo pour assister au Festival Les Étonnants Voyageurs.
En effet, Linjac est éprise de littérature depuis toute petite. Jeune, la lecture est alors un prétexte pour rester tranquillement dans sa chambre et cela lui permet d’éviter des corvées. Depuis elle est devenue lectrice compulsive. Elle privilégie les livres qui la font voyager : « j’adore lire parce qu’on a l’impression de voyager sans les problématiques de voyage et sans la fatigue ».

Linjac, en pleine lecture d'Alain Mabanckou, un de ses auteurs préférés

Linjac, en pleine lecture d’Alain Mabanckou, un de ses auteurs préférés

Pas une journée sans livre

En ce moment, Linjac dévore « Ces héroïnes qui peuplent mes nuits » par Mia Kankimäki. Elle m’éclaire sur le contenu du roman « ce qu’elle fait c’est extraordinaire, elle revisite les itinéraires de certaines femmes qui ont fait des voyages extraordinaires comme Alexandra David-Néel ». Ce qui ne l’empêche nullement de commencer d’autres écrits dans le même temps ! Parmi ses auteurs favoris, elle cite Nicolas Bouvier, Patrice Franceschi, Paolo Rumiz, Alain Mabanckou ou le dessinateur Hugo Pratt pour sa série Corto Maltese.
Elle a toujours 4 ou 5 livres d’avance, mais lors de la crise Covid pendant le confinement, elle admet avoir « vécu une petite période très difficile quand dans des grandes surfaces, on avait droit d’acheter des téléviseurs », mais que les rayons livres étaient inaccessibles derrière la rubalise formant de grandes croix rouges. Alors, avec la fermeture des médiathèques, elle a dû se résigner à relire des oeuvres de sa bibliothèque. Elle conclut : « autant je peux être une journée sans manger, ça va rien me faire, mais une journée sans un livre, ce n’est pas possible. »

Quand retraitée rime avec liberté : « j’ai l’impression que tout m’est permis ! »

Actuellement Linjac solde ses congés avant de prendre sa retraite très prochainement. « Je fais ce que je veux, quand je veux ! Et je n’ai jamais été aussi libre que maintenant », révèle-t-elle avec un plaisir non dissimulé !
Elle se pose encore des questions sur l’occupation de son temps libre. Toutefois, elle a vite envisagé de devenir bénévole car elle a envie « d’être utile et de se tourner vers les autres ». Après avoir consulté les offres de Nantes Métropole sur internet, c’est d’abord vers Fragil qu’elle s’est dirigée car elle souhaite apprendre à écrire des articles de presse. Elle fait déjà un premier retour positif de son expérience :« Fragil m’a déjà beaucoup apporté parce que les ateliers, c’est toujours très intéressant ». Elle sent qu’elle va pouvoir progresser dans un domaine qui l’a toujours fascinée : le journalisme.
Linjac savoure sa liberté et quand je lui demande si elle est adepte de mobilité douce, elle me signifie qu’elle est réfractaire aux contraintes. Les choses doivent venir d’elle. Ainsi aujourd’hui, elle décide de venir à pied parce que cela lui fait plaisir. Cela lui permet de savourer Nantes en touriste !
Linjac réduit son bilan carbone par le choix de la déconnexion ce qui lui donne le sentiment de « se sentir maître de son temps, de son espace, et de ses souhaits ». Elle est équipé d’un téléphone mobile à touches et ne possède pas d’ordinateur personnel. Pour accéder à sa messagerie électronique ou pour faire des recherches sur le web, elle se rend dans une médiathèque. Pour finir, elle ajoute qu’elle « pense souvent à Théodore Monod, un grand Humaniste, qui a mené une vie extraordinaire, en l’absence de toute pollution sociale » .

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Caroline, contributrice à Fragil, passionnée de musique

Nantaise de cœur, Caroline sillonne la ville entre concerts et spectacles. Ses autres domaines de prédilection : l'art contemporain, les arts graphiques et le cinéma ! Elle partage avec plaisir ses coups de cœur culturels.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017