15 octobre 2025

L’expédition d’Ambre hors de sa zone de confort

Après deux ans en école de journalisme, Ambre Guitton intègre l'équipe de Fragil pour 8 mois dans le cadre d'un service civique. Ses priorités : expérimenter en tant que journaliste, apprendre des autres, et partager son savoir. Ses valeurs d'entraide et de bienveillance teinteront son volontariat cette année.

L’expédition d’Ambre hors de sa zone de confort

15 Oct 2025

Après deux ans en école de journalisme, Ambre Guitton intègre l'équipe de Fragil pour 8 mois dans le cadre d'un service civique. Ses priorités : expérimenter en tant que journaliste, apprendre des autres, et partager son savoir. Ses valeurs d'entraide et de bienveillance teinteront son volontariat cette année.

Arrivant tout droit d’une petite ville entre Pont-Château et Redon, Ambre Guitton vient de s’installer à Nantes pour « vivre ma vie de Nantaise », nous dit-elle. Elle y arrive dans le cadre de son volontariat en tant que service civique à Fragil, pour 8 mois. Cela représente pour elle l’opportunité d’embrasser tout ce que la cité des Ducs pourra lui proposer, tant au niveau culturel qu’associatif.

Elle nous parle de sa rencontre avec le journalisme, arrivée par « hasard » lors d’un salon de l’étudiant. Ambre nous confie néanmoins : « Quand j’étais petite avec ma soeur on s’amusait à faire des faux JT ». Drôle de hasard !

Suite à l’acquisition de solides compétences et expériences pendant ses deux années d’études de journalisme, Ambre a souhaité explorer plus largement cette discipline. Jusqu’ici, elle a le sentiment d’avoir parfois traité des sujets de surface, ou encore d’en avoir évités car ils étaient jugés trop « touchy ». Elle a désormais « un an pour tester plein de choses« , que ce soit dans le choix des sujets ou dans leur élaboration, en mettant à profit son « envie de s’impliquer à fond » et en s’intéressant de plus près aux questions politiques.

Dans son choix de support aussi, Ambre fait un virage à 90°. La majorité de son expérience journalistique s’est concentrée autour de la télévision. Son entrée à Fragil représente donc une opportunité de se rapprocher à nouveau de la presse écrite, et d’explorer de nouvelles formes d’expression, comme les lives Twitch.

Ambre dans le Lieu-dit, un bar restaurant Nantais le 8.10.2025. Photo : Ewen Le Pennec

Ayant étudié en école privée, Ambre vient chercher un cadre différent à Fragil, média associatif indépendant. Plus de liberté et plus de légitimité, car « c’est l’entraide qui compte, pas le plus gros CV ». Elle souligne qu’à Fragil « on n’est pas les Claire Chazal de demain, on est là pour apprendre ensemble ». La bienveillance, l’honnêteté, et l’humilité constituent son cap.

« Ça me fait pas peur » : une double casquette assumée

En binôme avec Josué, également volontaire en service civique, Ambre a deux rôles : celui d’accompagner les bénévoles, mais également celui de produire du contenu pour le média. Cette dynamique d’aller-retour entre ces fonctions démontre et cultive sa polyvalence. « Tu commences ta journée le matin, tu sais pas ce qu’il va se passer. Tu t’ennuies jamais, il y a tout le temps un truc à apprendre. Tu fais plein de rencontres enrichissantes. »

 

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017