Gérard Marchand, membre de l’association depuis 2013, est bénévole des Restos du Coeur. Chargé de développer les événements au sein des trente-quatre centres de la région, ce jeune retraité est fier de nous présenter L’histoire d’un pauvre. L’exposition, réalisée grâce aux archives de l’AFP, dresse un portrait de la France des années 1980. Des images saisissantes en noir et blanc révèlent portraits, bidonvilles et manifestations.
Divisée en trois parties, le porteur de l’exposition explique : « Dans un premier temps, nous voulions montrer la précarité des travailleurs de l’époque, puis, en seconde partie, “la petite idée” de Coluche et les images de la première distribution de repas. » Touché, il évoque et montre du doigt les photos qu’il préfère : « Je trouve que cela montre bien la joie et l’âme des Restos du cœur». La photographie présente Coluche, le célèbre humoriste et fondateur de l’association et des Enfoirés, aux bras de deux clowns. À la fin de notre visite, à la troisième séquence — dans le silence des années vécues —, face à nous, une série de portraits d’aujourd’hui met en scène les « nouveaux pauvres ». M. Marchand conclut : « On y retrouve la même émotion dans les regards : la tristesse d’aujourd’hui et celle d’hier sont les mêmes ».

Photo AFP, manifestation de décembre 1985, Marline Hervé
Une instabilité qui dure
Proposée à l’échelle nationale, cette exposition est l’occasion de rappeler l’impact de la précarité sur les Français. Marielle Eudes, directrice photo et co-commissaire de la galerie photo de l’AFP à Paris, déclare dans un communiqué de presse : « Cela souligne que la situation n’a guère changé, qu’elle s’est même accentuée et presque banalisée. »
Cet anniversaire marque la continuité d’une initiative qui perdure. L’association, qui se voulait temporaire, recense en 2024 la distribution de 171 millions de repas, soit vingt fois plus qu’en 1985. À Nantes, le nombre de bénévoles s’élève aujourd’hui à 2 200, contre 60 au commencement.
Jean-Claude, volontaire depuis trente-deux ans, présent à l’Hôtel du département, témoigne : « C’est pour mettre en lumière les quarante années passées et montrer que la situation s’aggrave, que nous avons besoin de plus ». Les discussions s’entremêlent et s’impatientent face au manque de subventions. Le représentant de l’événement constate, démuni : « Les besoins augmentent considérablement et les moyens sont revus à la baisse… Mais ça, c’est politique ».
Du soutien pour les associations
Malgré un contexte de crise économique et de restrictions budgétaires nationales, les associations luttent. Organisations et collectifs s’alarment et rappellent le devoir de tous en appelant aux dons et à l’engagement de chacun. Le chargé de communication du département explique — en aparté — avoir ciblé un public scolaire afin de sensibiliser les jeunes adultes de demain : « Nous espérons responsabiliser collégiens et étudiants », confie M. Marchand. Publié en janvier 2025 par Nantes Métropole, le chargé de recherche au CNRS, Édouard Gardella, assure :« Même si la pauvreté augmente, notre société développée tend vers plus d’altruisme (…). Aujourd’hui, nous voulons toutes et tous aider. Ne baissons pas les bras. »
Infos utiles
Exposition : « C’est l’histoire d’un pauvre… Les Restos du Cœur 1985-1989 »
Du 13 octobre au 22 novembre 2025
Du lundi au samedi, de 10h à 18h (fermé le 1er et le 11 novembre)
À l’Hôtel du Département de Loire-Atlantique, 3 quai Ceineray à Nantes
Gratuit