13 décembre 2018

Les Marches des fiertés : On en remet une couche !

N’en déplaisent à certains « Les Marches des Fiertés » revêtent une nouvelle fois leurs couleurs arc-en-ciel, emblème des luttes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (LGBTI). Encore inaperçu avant le mois de juin, cet escalier situé rue Beaurepaire est devenu, plus qu’une attraction touristique, un véritable symbole militant.

Les Marches des fiertés : On en remet une couche !

13 Déc 2018

N’en déplaisent à certains « Les Marches des Fiertés » revêtent une nouvelle fois leurs couleurs arc-en-ciel, emblème des luttes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (LGBTI). Encore inaperçu avant le mois de juin, cet escalier situé rue Beaurepaire est devenu, plus qu’une attraction touristique, un véritable symbole militant.

Samedi 17 novembre, ce n’est pas vêtus de gilets jaunes, mais armés de pinceaux qu’on les retrouve Place du Cirque. Ils sont une trentaine à avoir bravé le froid pour répondre à l’appel de l’association NOSIG, à l’origine de cette initiative « Les Marches des Fiertés représentent la visibilité LGBT et permettent aux personnes LGBTI+ et leur entourage de voir qu’ils/elles sont visibles et soutenues, même dans l’espace public. » nous explique Noé Parpet, président de l’association.

Crédit photo : Onurb Ebrab sur Facebook

Petit rappel des faits : le vendredi 8 juin 2018, NOSIG appelait à repeindre les marches gris terne de la rue Beaurepaire aux couleurs de l’arc en ciel pour célébrer la Marche des fiertés qui se déroulait le lendemain à Nantes.
Ce mouvement citoyen a séduit la Mairie qui a choisi de pérenniser l’œuvre. C’était sans compter les mécontents qui ont dégradé l’escalier la nuit même. Les services de la Ville sont intervenus immédiatement pour que les Marches retrouvent leur éclat pour le rassemblement du samedi. Malheureusement, dans la nuit du 13 au 14 juin, celles-ci ont à nouveau été recouvertes de peinture blanche.

Crédit photo : Archive Ouest France

« Comme les personnes LGBTI victime d’agression, l’escalier se relèvera, restera visible et coloré »

Début septembre, ce sont près de 200 personnes qui se sont réunies pour que l’escalier retrouve ses couleurs, ce qui a provoqué un troisième acte de vandalisme dans la nuit du 9 au 10 septembre. « Ces marches représentent un bon indicateur de l’état des LGBTiphobies. Notre message aujourd’hui est de rappeler qu’on ne se laissera pas abattre, que tout comme les personnes LGBTI victime d’agression, l’escalier se relèvera, restera visible et coloré » défend Noé Parpet.

Crédit photo : Onurb Ebrab sur Facebook

« C’est important pour la Ville de Nantes de montrer un soutien institutionnel à une mobilisation citoyenne, pacifique et artistique au cœur du centre-ville de Nantes »

 Pour en remettre une couche ce samedi 17 novembre, quelques personnalités avaient fait le déplacement, dont Mme Michelle Meunier sénatrice de Loire Atlantique, Mme Katell Favennec élue  déléguée à la lutte contre l’homophobie et au suivi des associations LGBT et M. David Martineau, adjoint à la culture avec qui Fragil a eu le plaisir de s’entretenir.

– Pourquoi était-ce important de venir aujourd’hui ?

« C’est important pour la Ville de Nantes de montrer un soutien institutionnel à une mobilisation citoyenne, pacifique et artistique au cœur du centre-ville de Nantes, un haut lieu de passage qui plus est. Au-delà du geste citoyen et militant, cette action participe également à l’embellissement de la ville. De nombreux concitoyens sont venus vers moi pour me dire qu’ils trouvaient ça simplement beau ! »

– Nous sommes en 2018, la loi sur le mariage pour tous a été votée, on parle d’une possible ouverture de la PMA aux couples de femmes et femmes seules, on sent que notre société tend à plus de tolérance envers la communauté LGBTI mais malgré cela, on constate des agressions homophobes, ces marches arc-en-ciel vandalisées trois fois, comment l’expliquez-vous ?

« La société a effectivement évolué sur cette question. Elle est devenue plus mature, plus tolérante mais le problème c’est que les opinions radicales et idéologiques n’ont, elles, jamais disparues. Elles peuvent rester en veille pendant un moment et parfois, elles se réveillent. Il y a malheureusement actuellement des discours politiques qui favorisent les sentiments homophobes à sortir de la sphère privée et à s’exprimer en public, parfois de manière vive et néfaste à travers des agressions physiques ou verbales ou, comme ici, par le vandalisme. Il est donc important pour la municipalité d’accompagner les associations comme NOSIG à défendre les droits LGBT.

Crédit photo : Onurb Ebrab sur Facebook

La parole des victimes se libère

Selon SOS Homophobie, on constate en France une augmentation de 37% de signalements d’agressions à caractère LGBTIphobes par rapport à septembre 2017, +15% de dépôts de plaintes selon la police. Cela veut-il dire que le nombre d’agressions augmente ? Pas forcément. Le fait que ces actes de violence soient aujourd’hui diffusés et relayés par les réseaux sociaux ainsi que par les médias traditionnels permettent aux victimes de se sentir moins seules. Soutenues par les associations, celles-ci sont entendues, leur parole se libère.

En Loire Atlantique c’est une trentaine de signalements qui ont été enregistrés cette année. « Face à cette violence, nous ne pouvons que continuer notre action quotidienne d’éducation populaire et de déconstruction des préjugés sociaux, pour espérer vivre, demain, dans une société libre et égalitaire» conclue avec sagesse Noé Parpet.

Sensibiliser les jeunes aux Fake News ? Des ateliers pas comme les autres...

La revue de presse de la semaine , du 26 novembre au 6 décembre

Alsacienne d'origine, exilée dans le sud après un périple de quelques mois autour du monde, Christelle vient de poser ses valises dans la charmante ville de Nantes. Ciné, musique, expo, elle vous invitera à la suivre dans l'exploration de son nouveau terrain de jeu !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017