4 décembre 2018

Les enseignant(e)s du réseau art’ur en formation avec Fragil

Fragil a accueilli pendant trois jours seize enseignantes et enseignants du réseau art’ur, réseau régional d’action culturelle des établissement agricoles de la région. Ces professionnel(le)s sont venu(e)s dans nos locaux dans le but d’échanger sur les nouvelles pratiques numériques et les réseaux sociaux. Au cours de ces trois jours nous avons évoqués avec eux de nombreux sujets, récapitulatif journée par journée.

Les enseignant(e)s du réseau art’ur en formation avec Fragil

04 Déc 2018

Fragil a accueilli pendant trois jours seize enseignantes et enseignants du réseau art’ur, réseau régional d’action culturelle des établissement agricoles de la région. Ces professionnel(le)s sont venu(e)s dans nos locaux dans le but d’échanger sur les nouvelles pratiques numériques et les réseaux sociaux. Au cours de ces trois jours nous avons évoqués avec eux de nombreux sujets, récapitulatif journée par journée.

 Réseaux sociaux, fake news et théories du complot

Conformément à nos activités centrées sur l’éducation populaire, nous avons commencé la première journée de formation par une “météo d’humeur”. À l’aide de cartes du jeu Dixit, chaque participant et participante est amené à sélectionné une carte puis à expliquer son humeur, son choix de carte ainsi que ses attentes concernant les trois jours de formations. Beaucoup de motivation et de curiosité sont ressorties de ce premier temps d’accueil, mais également une grande méfiance face aux réseaux sociaux et à leurs usages.

Après un temps de présentation commune, place aux thèmes du jour en commençant par les réseaux sociaux. Un premier jeu est lancé : “autour du mot” ou chacun doit écrire, sur un même tableau, un mot en relation avec les réseaux sociaux, puis chacun doit souligner le mot qu’il préfère et barrer celui qu’il trouve le moins approprié. Cet exercice a permis de développer un premier temps de débat où les enseignantes et enseignants ont valorisé les concepts de “partage”, “communauté” et “s(e’ sur)exposer”.

Dans la continuité de cette thématique nous sommes revenus sur la réalité des réseaux sociaux en France. Quels sont les réseaux qui comptent le plus d’utilisateurs, qui sont-ils et quelles pratiques en font-ils ? Bien qu’ils aient souvent connaissance des réseaux sociaux incontournables (Facebook, Youtube, Twitter et Instagram), beaucoup d’enseignantes et enseignants ont été surpris par la très grande présence des utilisateurs âgés de 13 à 18 ans, soit l’âge de leurs élèves. La majorité des participantes et participants à la formation a donc découvert l’ampleur de la place prise par les réseaux sociaux dans la vie des jeunes.

Nous poursuivons cette journée par le thème des médias. Un nouveau jeu est mis en place, il s’agit d’identifier des médias et les supports sur lesquels ils se trouvent. Sur un tableau nous demandons à chaque participant d’écrire un média puis de cocher le support qu’il utilise entre “presse écrite/ web/ TV/ radio/ réseaux sociaux. L’objectif est bien de montrer que la grande majorité des médias basculent tous vers les réseaux sociaux et développent ainsi de nouveaux formats.

Après avoir mis à plat le contexte des réseaux sociaux et de la présence de nombreux médias sur ces derniers, nous nous sommes concentrés sur leur modèle économique. Une question a été lancée pour faire débat : quel est le modèle économique des réseaux sociaux ? Face à cette question les réponses sont timides, beaucoup ne se l’étaient pas posée auparavant. Après un temps de réflexions nous leur avons fait visionner une vidéo traitant de ce sujet. Les réseaux sociaux fonctionnent tous sur le même modèle : les données des utilisateurs sont récoltées puis vendues à des annonceurs qui eux même achètent de l’espace publicitaire sur ces réseaux. La boucle est bouclée et peut se résumer en une phrase choc : “si c’est gratuit c‘est vous le produit”.

Après une pause déjeuner bien méritée, place à un nouveau thème : le journalisme. Définir les missions du journaliste, son rôle et ses devoirs n’a pas été un exercice très difficile pour les enseignants du réseau art’ur. Beaucoup d’entre eux sont au fait des pratiques journalistiques, l’exercice du jeu d’écriture qui a suivi a donc été particulièrement réussi. Développé par Fragil, ce jeu consiste à faire une action devant les participants, ici l’action de jeter un trousseau de clef d’une main à l’autre sans y  arriver, puis de demander aux témoins de la scène d’écrire un court article sur ce qu’il vient de se passer.

Objectif de cet exercice : comprendre les mécanismes développés par le journaliste (qui, que, quoi, où, comment, pourquoi) mais aussi observer comment récolter l’information au plus près de la réalité notamment en allant voir l’acteur de l’action pour comprendre son geste. Après avoir lu quelques écrits, nous sommes passés au deuxième jeu de l’après midi.

Toujours dans une logique de continuité nous évoquons les Fake News. Pour ce faire nous avons choisi de faire réfléchir les participants et participantes par petits groupes de deux, puis quatre, puis huit aux questions suivantes : qu’est ce qu’une Fake news et quelles sont ses différentes formes ?

Cette première réflexion s’est traduite ensuite par un échange entre les enseignantes et enseignants, notamment sur l’aspect “délibéré” de la création d’une Fake news. Pour compléter ces premières définitions nous avons lancé un quizz “vrai/ faux”. Quatre informations sont abordées, c’est aux participants de débattre et d’expliquer pourquoi elles seraient vraies ou fausses. Un test conclu par des astuces et outils permettant de vérifier si des informations ne sont pas des Fake news.

Dernière thématique de la journée: les théories du complot. Vaste sujet que nous souhaitons ici introduire auprès du groupe. Nous commençons donc ce dernier atelier par un jeu nommé “d’accord/ pas d’accord”. Il consiste à placer des phrases, que nous avons préalablement imprimées, sur la pile “d’accord” ou à l’inverse sur la pile “pas d’accord” selon l’avis personnel de celui qui prendra la feuille. Le jeu amène rapidement à la discussion et au débat, bien que la majorité du groupe soit d’accord avec chaque placement de phrase. Exemple : nous avons écrit “Les réseaux sociaux ont peu d’influence sur la propagation des théories du complot” et l’ensemble du groupe a décidé de la placer dans la pile “pas d’accord”, suite à une discussion commune.

Après ce premier exercice, nous diffusons une vidéo expliquant comment une théorie du complot se propage sur internet et surtout comment elle est mise en vidéo avec des méthodes bien connues. Cette vidéo particulièrement éclairante a été réalisée par des élèves du lycée Madeleine Vionnet de Bondy, elle est nommée “Le complot chat”. Avant de clore cette première journée nous terminons par un temps de débat autour des questions des théories du complot, les quelles sont les plus “à la mode” chez les jeunes, comment faire comprendre que ces théories ne sont vraies que si on peut les prouver et les expliquer.

Pour terminer cette journée, nous avons distribué des papiers où chacun devait nous écrire trois points positifs et trois points négatifs sur cette première journée de formation.

Journalisme, revue de presse et live tweet

Le second volet de notre intervention dans nos locaux des Dervallières auprès des enseignants du Réseau art’ur s’est déroulé le mardi 27 Novembre. La journée débute par un dixit où chacun livre son humeur de la journée tout en énonçant une actualité qui a récemment marqué son quotidien.

La matinée se poursuit par un débat sur le journalisme à l’heure d’internet. Plusieurs sujets sont évoqués et  les questions abondent sur les techniques d’investigations à l’heure du numérique. Les enseignantes et enseignants du réseau art’ur font également la découverte du métier de datajournaliste assez méconnu actuellement. Le débat porté par nos invités du jour se pose aussi sur le modèle économique de la presse et sa réinvention sur le web. L’uniformisation des contenus journalistiques et le rôle de la machine dans le traitement actuel et à venir de l’information sur internet a également été discuté par les participantes et participants de la formation.

Jeu du « live tweet » réalisé auprès des enseignants.

Cette journée donne l’occasion  à Fragil de faire découvrir et partager les nouvelles techniques et possibilités d’enquêtes journalistiques offertes par internet. L’investigation réalisée par la BBC Africa autour de plusieurs exactions commises par des militaires camerounais est mise en avant afin d’illustrer la réflexion. L’enquête révèle de manière édifiante le rôle nouveau des outils numériques dans le journalisme d’enquête. Fragil a également présenté les nouvelles collaborations autour de l’investigation développées grâce au numérique comme le site Forbbiden Stories.

Les professeurs du réseau art’ur se sont ensuite initiés à la revue de presse après une présentation rapide sur son utilité et sa mise en œuvre concrète. Après la découverte des fonctionnalités de Twitter (follow,thread,retweet…), les participantes et participants ont réalisé des revues de presses numérique en utilisant la fonction « discussion » sur des sujets d’actualité proposés par Fragil. Ils ont alors pu mettre à profit les différentes compétences développées au long de cette matinée.

Revue de presse réalisée par un groupe sur Twitter dans le cadre de la formation.

Après la pause déjeuner, la formation a redémarré par le jeu des mimes afin de mieux intégrer le principe du live-tweet. La journée s’est poursuivie par une explication plus détaillée du live-tweet. En fin d’après-midi, chaque groupe s’est rendu sur le terrain afin de réaliser un live-tweet sur le compte Twitter de l’association sur plusieurs thèmes proposés. Ce live-tweet devait aussi comprendre des hashtags originaux correspondant au sujet choisi. Cet exercice a été plutôt apprécié et a pris plusieurs formes puisque l’on retrouve des témoignages, photos et vidéos dans les différents live-tweet.

Interview vidéo intégré par un des groupes dans un live-tweet.

Comme à la fin de la journée précédente, les enseignantes et enseignants ont fait un retour rapide sur cette seconde journée de formation. Il en ressort un sentiment positif partagé sur la méthode interactive adopté au long de cette journée ainsi que sur la diversification des exercices et des sujets abordés. Sur les points à améliorer l’accent est mis sur la densité de la journée et de ses exercices. La charge de nouvelles connaissances trop lourdes apportées par Fragil est également évoqué, notamment autour des techniques numériques. Ces temps de restitution demeurent importants pour que Fragil se renforce davantage dans ses missions d’éducation populaire et cerne au mieux les attentes de ses collaborateurs. Cependant, tous précisent ressortir de cette deuxième journée de formation avec de nouveaux outils venant étoffer leur inventaire éducatif.

Nouvelles narrations numériques: focus sur la cartographie numérique 

Comme à l’accoutumée pendant cette semaine de formation, l’accueil du troisième jour s’est déroulée autour d’un Dixit. Chaque participante et participant s’est ensuite positionné dans les locaux de Fragil selon son lieux de naissance pour mieux illustrer le principe d’une cartographie numérique, la trame principale du jour. La journée commence par une courte présentation des nouvelles formes de rédactions web.
Plusieurs sujets embrassant cette thématique sont évoquées comme la cartographie numérique mais aussi la frise chronologique multimédia.

S’en suit une présentation à la photographie de presse, autour de l’angle et de de la légende. La prise de son a été également évoquée avant de laisser les différents groupes partir en reportage sur le terrain forts de leurs nouvelles connaissances. Revenant d’une heure de reportage sur le terrain, les groupes ont mis en ligne leurs photos sur Flickr, leur bande son sur Soundcloud et les vidéos sur YouTube pour un résultat intéressant. Après la pause déjeuner, nos bénévoles du jour ont découvert l’outil StoryMap afin de restituer sur une carte leur travail du matin. Ils ont intégré des vidéos, enregistrements vocaux et images à leur présentation avant d’expliquer leur démarche devant leurs collègues.

À l’issue des ces trois jours de formation nous avons abordé de nombreux thèmes liés aux réseaux sociaux et aux pratiques numériques. Pour la grande majorité des participantes et des participants les jeux et autres animations leur ont permis de mieux comprendre ces sujets actuels. Beaucoup pensent pouvoir réutiliser ces outils et ces compétences lors de leurs cours avec leurs élèves. C’est désormais à l’équipe de Fragil de se rendre dans les différents lycées agricoles de la région pour proposer des temps d’ateliers aux élèves.

Romane Tirel et Dany Tougeron

Une Salomé baroque dans une église

La vie privée à l’heure des enceintes connectées

Animal journalistique curieux en service civique pour Fragil, je me passionne pour l’actualité du microcosme nantais afin d'en épier les nuances loin du manichéisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017