20 décembre 2023

Les enjeux liés à la qualité de l’eau en Loire-Atlantique

Cet article fait suite a notre entretien avec Joseph Violain, un expert militant sur la qualité de l'eau du département. Il nous a donné 3 exemples emblématiques de la qualité de l'eau. De Machecoul à Saffré en passant par Nort-sur-Erdre, ces exemples nous en apprendront encore plus sur les enjeux de l'eau en Loire-Atlantique et de ce qu'ils entraînent.

Les enjeux liés à la qualité de l’eau en Loire-Atlantique

20 Déc 2023

Cet article fait suite a notre entretien avec Joseph Violain, un expert militant sur la qualité de l'eau du département. Il nous a donné 3 exemples emblématiques de la qualité de l'eau. De Machecoul à Saffré en passant par Nort-sur-Erdre, ces exemples nous en apprendront encore plus sur les enjeux de l'eau en Loire-Atlantique et de ce qu'ils entraînent.

Dans l’article précédent, Joseph Violain avait commencé à nous parler du cas de la zone de captage en eau potable de Machecoul et de son inefficacité. « Il ne permettra pas de regagner la qualité de l’eau » nous dit-il en parlant du plan d’action 2023 de préservation de la nappe phréatique de Machecoul. En effet, pour lui, le plan d’action ne s’applique pas sur une surface assez grande. On comprend donc que l’eau pompée restera polluée quand il ajoute : « On est persuadés que l’eau qui alimente le pompage vient aussi d’à coté » .

Toujours à Machecoul, dans les années 90, « On ne pouvait pas traiter l’eau suffisamment pour enlever nitrates et pesticides » nous dit Joseph. Le pompage avait donc cessé mais, au vue de la fragilité de la Loire comme ressource, il a été décidé de rouvrir la station de pompage de Machecoul et une usine de traitement pour éliminer les pesticides a été construite. Malgré ça et le plan de protection de la nappe signé par le préfet cette année, les militant·es se posent encore de grosse questions, pour eux, « les nitrates et les pesticides sont toujours là ».

Toujours pour des problèmes de nitrates et de pesticides, une autre usine de traitement de l’eau est en construction à Nort-sur-Erdre. Comme Joseph nous le fait comprendre, les militant·es et lui restent douteux car :  « On dépense de l’argent pour construire l’usine de traitement mais en même temps, les agriculteurs disent que finalement ils n’ont plus besoin de faire des efforts parce qu’on les enlève les pesticides ».

Selon lui, les agriculteur·rices n’essaient ou ne peuvent pas changer de modèle. Si ils remplaçaient leurs modèles d’agricultures industriels par des modèles bios, le problème des pesticides et des nitrates ne se poseraient même pas. Par la même occasion, cela éviterait de dépenser des milles et des cents dans la construction d’usine de traitement comme à Machecoul et Nort-sur-Erdre. Comme si tout n’était déjà pas assez catastrophique, Joseph nous apprend aussi que ces usines en cours de construction ne sont pas fiable à 100% dans le traitement des pesticides…

De bonnes choses se mettent aussi en place, comme à Saffré, dans le Nord du département, ou notre expert indique « une vraie dynamique locale entre élus et agriculteurs » qui a permit de traduire en arrêté préfectoral divers engagements comme la juste gestion des prairies et des cultures ainsi que la réduction des pesticides. Malheureusement, en 2022, la chambre d’agriculture a rendu cet arrêté préfectoral caduc en portant recours au tribunal en 2022. « Pour des problèmes de forme en plus… » nous dit Joseph en ajoutant qu’en même temps, « le fond est moins attaquable ». « Il y a des intérêts » nous dit Joseph. Pour lui la chambre de l’agriculture (largement constituée par la FNSEA) a du avoir peur que cela donne des idées ailleurs. L’agriculture responsable étant pour elles et eux l’incendie ils ont éteint l’étincelle (pas sur). « Pour une fois que les agriculteurs avaient pris le problème à bras le corps » nous dit Joseph, désabusé.

Vous l’avez compris, des modèles d’agricultures responsables sont nécessaires pour la qualité de l’eau. Hélas, les agriculteur·rices sont pour la plupart « très très éloignés du modèle actuel » pour reprendre les mots de Joseph. Et quand certains et certaines sont prêts et en ont envie, la banque les en empêche.

« On vous finance si vous ne restez pas en bio » c’est ce qu’aurait fait comprendre une banque à un jeune agriculteur voulant reprendre l’exploitation d’un ou d’une agriculteur·rice bio partant en retraite nous dit Joseph. Il ajoute ensuite « Sur Nort-sur-Erdre, on a un agriculteur en bio qui arrive à la retraite, quand il va céder son exploitation qu’est ce qu’il va se passer ? … Déjà si on n’est pas capable de conserver ce qui existe en bio, comment est ce qu’on va développer d’avantage ? ». Pour notre expert, « Les banques font ce qu’elles veulent et la raison c’est qu’aujourd’hui, les consommateurs se sont désintéressés du bio ».

Soutenir les agriculteur·rices bio est donc essentiel si on tient à la qualité de notre eau. Pour ça, en plus d’acheter bio au supermarché Joseph met en avant les AMAP, des associations ou des consommateur.rices passent des contrats avec des agriculteur·rices. Ces associations permettent d’être livré en légumes, selon les récoltes et d’assurer un revenu aux agriculteur·rices bio en étant solidaire. Ce modèle, « aux antipodes de l’industrialisation de l’agriculture » comme le dit Joseph, permet par exemple à 260 familles de Nort-sur-Erdre d’être livrées en légumes hebdomadairement par le même agriculteur.

Joseph croit au pouvoir des consommateur.rices et nous adresse ce message : « Si vous ne voulez pas de pesticides dans votre eau… bah consommez bio » !

Soirée engagée et animée au contre marché de noël féministe

Le grand bain : un lieu coopératif en quête d'évolution pour 2024

Numa, originaire de Rezé, entretient un lien indéfectible avec Nantes, sa ville natale. Amateur de sport, il vibre au rythme du FC Nantes à la Beaujoire. Sa passion pour la culture se nourrit grâce aux manifestations culturelles nantaises tel que, le Festival des Utopiales. Nantes est pour lui une source inépuisable d'inspiration et de découvertes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017