2 janvier 2023

Le voyage en train : l’expo qui nous fait voyager

De Monet à Dalí, l’exposition “Le voyage en train'' présentée au Musée d’art de Nantes retrace l’évolution des paysages façonnés par l’apparition du chemin de fer. Une centaine d'œuvres est à découvrir jusqu’en février 2023.

Le voyage en train : l’expo qui nous fait voyager

02 Jan 2023

De Monet à Dalí, l’exposition “Le voyage en train'' présentée au Musée d’art de Nantes retrace l’évolution des paysages façonnés par l’apparition du chemin de fer. Une centaine d'œuvres est à découvrir jusqu’en février 2023.

En campagne comme en ville, les paysages ont été profondément bouleversés avec l’apparition du train dès les années 1830. La vision du monde des artistes a été métamorphosée ce qui a engendré des répercussions sur leurs œuvres. Peintures, photographies ou encore films composent cette rétrospective. Embarquez dans une exposition diversifiée, de l’impressionnisme au surréalisme, pour découvrir cette innovation qui a modifié à sa façon le cours de l’histoire et l’art.

Voyage à une époque où le train transforme le paysage

En 1827 naît la première voie ferrée. D’abord destinée au transport de marchandises, et notamment de charbon, elle va vite se faire une place et devenir un nouveau mode de locomotion pour les voyageur·euse·s. C’est la peinture qui va être la première à capturer ce moment, à une époque où le cinéma et la photographie n’existent pas encore. Ponts, tunnels, viaducs, les “ouvrages d’art” permettent de promouvoir la puissance des pays et ainsi montrer leur richesse intellectuelle, technique et ingénierique. Peu à peu, les paysages de champs et prés sont animés par l’industrialisation amenée par la voie de chemin de fer. Monet, Renoir ou encore Van Gogh font partie de ces premier·è·s artistes à avoir fait preuve de modernité en peignant les constructions de cette nouvelle ère.

C’est la première fois dans l’histoire que la vitesse de déplacement dépasse celle du cheval. Les paysages sont flous, même si on ne dépasse pas encore les 40 ou 50 kilomètres par heure, et ils se transforment. Ils défilent et s’étirent, ce qui fascine les artistes de l’époque. Marc Desgrandchamps veut capturer ce changement permanent. Il prend en photographie les images qui s’offrent à lui, dans son train entre Paris et Lyon. Il a pour objectif d’en faire des peintures, dont l’une est visible dans l’exposition. Le panorama ferroviaire anime et inspire ces hommes et femmes qui tentent de retranscrire les émotions que ce changement leur procure.

La voie ferrée entre peu à peu dans le quotidien des occupants du territoire. Les rails, leur articulation, les feux de signalisation, deviennent des symboles universels du développement du chemin de fer. Ils sont alors régulièrement repris dans les peintures, et même mis au premier plan à partir du début du XXe siècle. Dix ans plus tard, panneaux et feux sont réinventés, comme dans l’œuvre “Signaux”, d’Henri Gaudier-Brzeska.

La temporalité au cœur du voyage 

Le train bouleverse alors la perception du temps pour ces artistes, en commençant par l’attente en gare. “L’exactitude n’est pas la politesse des wagons !” écrit Daumier en légende de l’une de ses caricatures. Et ces retards ne se réduisent pas au fil des années. Un nouveau symbole du chemin de fer fait alors son entrée en gare. L’horloge ferroviaire. Maîtresse du temps, elle s’installe dans toutes les gares et permet de transformer le temps d’attente sur le quai en un moment suspendu. C’est ainsi que Arman la met en valeur dans son œuvre “L’heure de tous”, une accumulation d’horloge créée en 1985.

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Les tableaux ne sont pas les seules stars de l'exposition. Des sculptures comme celle de 'L'heure de tous' de Arman sont aussi présentes.

Amélie Deschère

L’exposition nous emmène ensuite à la rencontre des passager·e·s du train. Les portraits de voyageurs deviennent un grand classique de la peinture, du dessin et de la photographie. Quand certains dorment, d’autres rêvent en observant le paysage qui défile. Daumier capture les échanges entre voyageur·euse·s dans ses caricatures tandis que Pierre Desvignes nous emmène à leur rencontre à travers des histoires imaginaires disponibles via un QR code sur le site du musée.

L’exposition retrace l’histoire de l’installation du chemin de fer dans les villes et les campagnes et comment les constructions, rails, gares, ponts, signaux, sont devenus des symboles du progrès et de l’industrialisation. La révolution esthétique provoquée par ces aménagements à travers les époques a marqué l’art sous toutes ses formes.

L’exposition a connu un très gros démarrage. Avec 4 300 entrées, le premier dimanche du mois de novembre 2022 a été un franc succès. Les visiteurs et visiteuses sont invité·e·s à parcourir, sur deux étages et une salle du niveau -1, la centaine d’œuvres du 21 octobre 2022 au 5 février 2023. Le projet, qui est rendu possible grâce au soutien du Musée d’Orsay, a reçu le Label Exposition d’Intérêt National accordé par le Ministère de la Culture.

Article rédigé par Amélie Deschère et Maëlys Trimoreau.

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AG de Fragil de décembre 2022 : l'éducation aux médias au cœur du projet associatif

Étudiante au Centre Nantais de Journalisme. J'aime écrire sur des sujets sociétaux et culturels à Nantes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017