26 juin 2018

Le F.I.P.A.C : un centre de formation pour choristes à Monaco

Il n’y a pas de petit rôle à l’opéra, et chacun est important sur le plateau, contribuant pleinement à l’émotion du spectacle. Jean-Louis Grinda, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, vient de créer un centre de formation pour choristes, le F.I.P.A.C (Formation internationale professionnelle d’artistes des chœurs). Cette nouvelle proposition est passionnante. Eline de Kat, directrice artistique, en expose les objectifs dans un entretien qu’elle a accordé à Fragil.

Le F.I.P.A.C : un centre de formation pour choristes à Monaco

26 Juin 2018

Il n’y a pas de petit rôle à l’opéra, et chacun est important sur le plateau, contribuant pleinement à l’émotion du spectacle. Jean-Louis Grinda, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, vient de créer un centre de formation pour choristes, le F.I.P.A.C (Formation internationale professionnelle d’artistes des chœurs). Cette nouvelle proposition est passionnante. Eline de Kat, directrice artistique, en expose les objectifs dans un entretien qu’elle a accordé à Fragil.

Fragil : Comment est né le F.I.P.A.C ?
Eline de Kat : C’est Jean-Louis Grinda qui en a eu l’idée. Au début des années 80, il travaillait au CNIPAL à Marseille, qui a cessé son activité en 2014, après avoir accompagné de nombreux solistes en début de carrière. A l’origine, cette structure assurait aussi la formation des artistes de chœurs, dont il s’est inspiré pour construire son projet à Monaco. L’Académie Rainier III (établissement d’enseignement supérieur de musique et d’art dramatique), et la Mairie de Monaco, qui ont été sollicités, ont été très intéressés. Cette nouvelle structure monégasque a mis trois ans à voir le jour, et nous venons de terminer notre première saison. C’est un travail passionnant, facilité par la synergie entre les différentes institutions, qui permet notamment une mise à disposition de salles ou de pianistes. Marie-Anne Losco, professeur de chant à l’Académie, est coordinatrice pédagogique ; c’est elle qui trouve les différents intervenants dans des domaines aussi divers que la technique chorale, du baroque au contemporain, la pratique scénique, les langues ou l’histoire de la musique vocale, parmi de nombreuses spécialités. Les étudiants sont confrontés à des personnes très différentes et d’un très bon niveau, qui ont beaucoup de choses à transmettre.

« Les étudiants sont confrontés à des personnes très différentes et d’un très bon niveau, qui ont beaucoup de choses à transmettre. »

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Mise à disposition de pianistes pour répéter

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Fragil : Quels sont les principaux objectifs de cette nouvelle structure ?
Eline de Kat : Il s’agit de former de jeunes chanteurs au beau métier de choriste dans un chœur d’opéra, et de les préparer pour des auditions, en leur donnant confiance. Trois des sept artistes de notre première promotion vont revenir en renfort pour « Samson et Dalila » de Saint-Saëns, à l’Opéra de Monte Carlo en novembre. La formation leur a permis aussi de se perfectionner en déchiffrage des partitions. Pour cette première saison, nous n’avons recruté que des femmes, mais nous aimerions aussi des voix masculines.

« L’écoute des autres est essentielle dans un chœur, pour que les voix se mélangent et s’amalgament. »

Fragil : Quels ont été les temps forts de cette première saison du F.I.P.A.C ?
Eline de Kat : Le meilleur moment a été la participation en décembre 2017 à deux concerts de « I Puritani » de Vincenzo Bellini, dans le cadre de la saison de l’Opéra de Monte Carlo. Nos étudiantes ont pu mettre en pratique ce qu’elles apprenaient, et notamment en technique chorale : l’écoute des autres est essentielle dans un chœur, pour que les voix se mélangent et s’amalgament. Elles ont ainsi eu l’opportunité de travailler sous la direction d’un grand chef d’orchestre, Domingo Hindoyan, de notre chef de chœurs Stefano Visconti et avec de formidables solistes. C’était un moment suprême ! L’an prochain, nous renouvellerons une telle expérience, en décembre 2018, lors d’une version de concert de « Luisa Miller » de Verdi, sous la direction de Maurizio Benini, aux côtés de Roberto Alagna. Ce sera également très enrichissant. Certains stagiaires vont chanter cet été aux Chorégies d’Orange, dans « Mefistofele » de Boito, et lors d’un concert de musique russe. Cette mise en pratique sur scène est un beau prolongement.

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Remise des certificats de la promotion 2018

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« Nous souhaitons un groupe plus nombreux pour la saison à venir. »

Fragil : Quel bilan dressez-vous de cette première saison ?
Eline de Kat : C’est un bilan satisfaisant car tout a bien fonctionné, pour nous comme pour les stagiaires. Nous avons eu le retour très positif du professeur de chant de l’une d’elles, ce qui nous a beaucoup touchés. Ces étudiantes ont parfois eu besoin d’un conseil ou deux pour faire de grands pas en avant, et il y a eu une belle implication. Nous souhaitons un groupe plus nombreux pour la saison à venir, nous pouvons en effet accueillir entre 8 et 12 chanteurs. Les auditions et les épreuves d’admission sont prévues entre le 18 et le 20 juillet, et la formation débutera fin octobre.

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Elèves en plein exercice

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« Nous désirons avant tout maintenir la belle qualité atteinte cette saison, et mettre bien en place cette structure encore récente.’

Fragil : Quels sont vos objectifs pour les saisons à venir ?
Eline de Kat : Nous désirons avant tout maintenir la belle qualité atteinte cette saison, et mettre bien en place cette structure encore récente. Il faut que l’on se fasse connaitre. Dans le futur, nous pourrions collaborer et échanger avec des théâtres d’autres villes. Un agent allemand s’est intéressé à notre travail, et il est venu au début et à la fin de notre première session : sa présence et ses conseils ont rassuré nos étudiantes, avant d’affronter des auditions. Nos prochains stagiaires auront également plein de choses à prendre de nos intervenants, c’est un dispositif qui est rare.

Fragil : Quelle a été votre grande satisfaction de cette première saison ?
Eline de Kat : Lorsque nous avons fait passer les auditions pour renforcer le chœur de « Samson et Dalila », nous avons réalisé que nos stagiaires avaient le même niveau que des choristes plus expérimentés. Ce qui prouve que nous avons tous bien travaillé, et nous en sommes très heureux.

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Eline de Kat, directrice artistique du F.I.P.A.C, et déléguée artistique à l'Opéra de Monte-Carlo

Camille d'A

Sales gosses: bouleversant d'humanité

Tony, s'est laissé accoupler

Christophe Gervot est le spécialiste opéra de Fragil. Du théâtre Graslin à la Scala de Milan, il parcourt les scènes d'Europe pour interviewer celles et ceux qui font l'actualité de l'opéra du XXIe siècle. Et oui l'opéra, c'est vivant ! En témoignent ses live-reports aussi pertinents que percutants.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017