19 avril 2023

La Bouche d’Air revendique 40 ans de découverte et d’expérimentation dans la chanson française

Pour ses 40 ans, La Bouche d’Air organise deux jours de fête. Le 3 juin, vingt artistes chanteront salle Paul Fort à Nantes et témoigneront de leurs parcours. Le 4 juin, un spectacle revisitera Alain Souchon pour les jeunes. Un condensé de tout ce que défend l'association depuis 1982.

La Bouche d’Air revendique 40 ans de découverte et d’expérimentation dans la chanson française

19 Avr 2023

Pour ses 40 ans, La Bouche d’Air organise deux jours de fête. Le 3 juin, vingt artistes chanteront salle Paul Fort à Nantes et témoigneront de leurs parcours. Le 4 juin, un spectacle revisitera Alain Souchon pour les jeunes. Un condensé de tout ce que défend l'association depuis 1982.

Pour André Hisse, le directeur artistique de la Bouche d’Air, la chanson n’est pas un art mineur, bien au contraire. C’est un art populaire et bien vivant qui ne demande qu’à être partagé. C’est aussi un moyen puissant de défendre la langue française dans toute sa diversité.

Depuis 16 ans qu’il est aux manettes de l’association, il n’a de cesse de conforter la place singulière qu’occupe La Bouche d’Air sur la scène française et internationale. Ce qu’il revendique par-dessus tout, c’est d’être un lieu de découverte et d’expérimentation.

«Ce serait faux de dire que nous sommes des découvreurs de talents», reconnait-il. «Mis à part Jeanne Cherhal qui a commencé comme bénévole et qui s’est produit pour la première fois chez nous, les artistes qui viennent ici ont déjà été repérés ailleurs. Notre rôle, c’est de les accompagner dans leur développement».

Des aides à la création

Et pour donner un coup de pouce à ces jeunes talents peu médiatisés et en voie de professionnalisation, La Bouche d’Air dispose de nombreuses cartes : résidences d’artistes, coproductions de spectacles, résidence de création-production, apéro-concerts, première partie de soirées.

« Nous aidons à la création en mettant les artistes en relation avec des producteurs», souligne André Hise. «Nous montons des tournées avec eux. Nous les conseillons dans leur mise en scène et dans leur mise en lumière. Nous les mettons en garde sur des trajectoires météorite».

En 40 ans, La Bouche d’Air a produit 1 200 artistes. L’association a démarré avec quatre ou cinq concerts par an. Aujourd’hui, elle en offre une soixantaine par an, des têtes d’affiche jusqu’à de parfaits inconnus. Elle dispose de neuf équivalents temps plein et d’une quarantaine de bénévoles pour faire tourner la boutique.

En 1982, c’était le seul tremplin

Jean Brizais, un des fondateurs de La Bouche d’Air devant son ancien bureau à la Médiathèque Jacques Demy

«Quand on s’est lancé en 1982», se souvient Jean Brizais, l’un des quatre fondateurs et directeur de l’association de 1989 à 2005, «il n’existait pas autant de salles de spectacle qu’aujourd’hui. Il n’y avait qu’un seul programmateur local et seuls les artistes connus se produisaient. Nous avons comblé un manque».

Jean Brizais, qui a été chaudronnier dessinateur aux chantiers Dubigeon jusqu’à sa fermeture en 1987, se rappelle bien des débuts.

«Quand Colette Magny est venue donner le premier concert», raconte-t-il, «elle est arrivée en fourgon. Elle dormait dedans allongée par terre. Quant à Jean-René Caussimon, j’allais le chercher au camping du Petit Port. On n’avait pas les mêmes moyens qu’aujourd’hui et les cachets des artistes n’avaient rien à voir avec ceux de maintenant».

La chanson sous toutes ses formes

Au fil du temps, la Bouche d’Air s’est positionnée comme un lieu singulier, à la croisée des chemins, ouvert sur les autres. Elle décline la chanson française sous toutes ses formes en la mêlant aux musiques actuelles, au blues mais aussi à la poésie, à la littérature, au théâtre. C’est un lieu de créativité, de recherche, d’expérimentation.

André Hisse résume cette marque de fabrique par cette formule : «Nous sommes aux avant-postes de la chanson française». Et de poursuivre : «Certains artistes très connus viennent ici pour tenter un pas de côté, d’autres pour se chauffer avant leur tournée dans les grandes villes».

Bref, en 40 ans, La Bouche d’Air a acquis une certaine notoriété avec sa salle de 500 places assises. Les artistes apprécient l’accueil chaleureux de l’équipe, la proximité avec le public, la programmation décalée. Beaucoup sont reconnaissants et gardent un lien d’amitié et de fidélité avec cette histoire.

Une grande famille

«Quand on vient ici, on est comme à la maison», estime Alexis HK. «Ici, on a nos repères. Ça fait du bien quand on voyage partout et que l’on ne fait que passer».

L’accueil chaleureux, la proximité avec les artistes, la simplicité, ça a toujours été la règle. Jean Brizais peut en témoigner, lui qui a vu démarrer Benabar ici à Nantes avec 20 personnes dans la salle. «J’allais au restaurant avec eux, je les bordais, j’étais à leur service».

Aller chercher des nouveaux publics

L’autre partie moins visible de la Bouche d’Air, c’est le travail de médiation qu’elle réalise notamment dans les quartiers. Exemple avec les échanges organisés dernièrement au Breil avec Victoria Delarozière où les habitant.es ont pu troquer des chansons ou encore la venue dans un collège de Vincent Ségal et Ballaké Sissoko.

«La chanson est un art populaire qui se partage», insiste André Hisse. «Nous cherchons à créer des espaces de dialogue et à désacraliser la notion d’artistes en cassant la relation descendante».

Aller chercher des nouveaux publics parfois éloignés de la scène, leur faire découvrir les coulisses de la salle, les inviter ensuite aux concerts de l’artiste qu’ils ont côtoyé. C’est tout ce travail d’éveil artistique auquel est attaché La Bouche d’Air. Dans la même veine, des concerts en chant signé pour les malentendant.es sont organisés.

La francophonie comme étendard

L’association qui fête ses 40 ans et qui partage la salle Paul Fort avec le Pannonica s’est aussi ouverte sur le monde avec la francophonie. Elle promeut la poésie et la contestation avec la langue qui chante. Elle offre des concerts atypiques, sortes de théâtre musicalisés, à mi chemin entre la lecture et la musique.

Elle crée des ponts avec d’autres esthétiques musicales comme le blues. Elle travaille en partenariat avec d’autres scènes musicales nantaises et donne sa chance aux amateurs avec des scènes ouvertes. Bref, elle a fait beaucoup de chemin en 40 ans et elle a trouvé sa place à Nantes.

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Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017