19 octobre 2022

« Inde, reflets de mondes sacrés» : une exposition qui tisse des liens au Château des Ducs

Pour lancer cette exposition qui scelle 75 ans d’amitiés franco-indiennes et 75 ans d’indépendance de l’Inde, le Château des ducs avait invité Laura Giuliano, la conservatrice du Museo delle Civiltà de Rome pour nous révéler les trésors de «L’Inde, reflets de mondes sacrés» car c’est ce musée italien des civilisations qui a prêté la plupart des statuettes et autres objets exposés.

« Inde, reflets de mondes sacrés» : une exposition qui tisse des liens au Château des Ducs

19 Oct 2022

Pour lancer cette exposition qui scelle 75 ans d’amitiés franco-indiennes et 75 ans d’indépendance de l’Inde, le Château des ducs avait invité Laura Giuliano, la conservatrice du Museo delle Civiltà de Rome pour nous révéler les trésors de «L’Inde, reflets de mondes sacrés» car c’est ce musée italien des civilisations qui a prêté la plupart des statuettes et autres objets exposés.

«A travers les trois religions autochtones que nous vous présentons, à savoir l’hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme, c’est une toile riche et diverse de l’Inde que nous avons voulu vous montrer»  explique d’emblée Laura Giuliano.

L’exposition commence au rez-de-chaussée par une immersion dans l’immense et ancestral pays. Portraits d’indiens et d’indiennes, cartes de l’Inde, tissus chatoyants, images projetées sur les murs des divinités, musique typiques, odeur d’encens. Le public est tout de suite plongé dans l’ambiance.

Au premier étage, il va approfondir ses connaissances en franchissant la porte d’un temple. Chaque religion a sa couleur : le bleu en référence à Shiva pour l’hindouisme, le rouge pour le jaïnisme, le jaune pour le bouddhisme.

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L'Inde aux visages multiples

L’art divin et l’art rural

À chaque fois, l’exposition propose une comparaison entre l’art érudit, celui que l’on trouve dans les temples, et l’art rural, celui que l’on trouve dans les villages reculés. Ce parti-pris révèle la façon dont le peuple s’approprie leurs divinités, Shiva, Vichnou et Devi. Exemple à Mitila où des femmes ont sculpté ces déesses en bronze.

«Regardez cette statuette qui est censée symboliser la fécondité» fait remarquer la conservatrice italienne. «On voit une femme qui donne le sein à son enfant mais son visage est féroce et elle est assise sur un trône en forme de tigre. Elle est là pour rappeler que les divinités féminines ne sont pas toujours bienveillantes. Elles sont à l’image de la nature».

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La mère et son enfant, représentation actuelle des déesses de la fertilité Vichnou et Shiva

Plus loin, c’est Jina qui ouvre ses portes au public, celui qui a donné son nom à une religion moins connue des occidentaux et pourtant très présente en Inde : le jaïnisme, la religion de la non violence.

Jina le vainqueur

«Jina, c’est le vainqueur» précise  Laura Giuliano. «C’est celui qui est sorti illuminé après avoir emprunté le chemin de  Samsara, le rite qui conduit de la mort à la renaissance».

En effet le jaïnisme croit en la réincarnation. Pour cette religion, tout être a une âme, qu’il s’agisse d’un humain ou d’un animal. Son âme peut renaître et faire jaillir à nouveau sa lumière. Toute violence a son égard est donc une offense aux dieux. Le bouddhisme partage d’ailleurs cette théorie du karma et du cycle de la vie.

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Jina
Jina, le fondateur du jaïnisme, dans la position du lotus et dénudé

Diwali le 22 octobre

Au cours des cinq mois d’exposition, des temps fort auront lieu à commencer par une fête de la Diwali organisée dans l’enceinte du château le 22 octobre.

«C’est la fête phare des indiens et des indiennes» indique Malini Ranganathan, directrice artistique de l’association Bindi à Nantes  et ambassadrice culturelle de l’Inde en France. «Diwali, c’est la fête des lumières. On illumine sa maison pour chasser l’ignorance. Pour certains commerçants, c’est une nouvelle année qui commence».

Des cours de yoga seront dispensés du 10 au 24 novembre. Une conférence sur «L’Inde, atelier textile du monde» se tiendra le 14 novembre. Et bien sûr des visites guidées et des ateliers ludiques pour les enfants seront organisés.

Le château des Ducs de Bretagne à Nantes a même prévu des visites sensorielles pour les déficients visuels. Bref l’exposition «L’Inde, reflets du monde sacré» est à la portée de tous et de toutes.

Sabrina Rousseau, contributrice de la première heure

Agnès Foissac, le flamboyant patchwork

Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017