19 mai 2025

Festival Fumetti : l’édition 2025 va faire du bruit

Du 22 au 25 mai, Maison Fumetti renouvelle son festival annuel, au Lieu Unique puis à la Manufacture des Tabacs de Nantes, avec une programmation riche et animée. Un objectif : mettre en valeur la bande dessinée et les arts visuels auprès d’un large public.

Festival Fumetti : l’édition 2025 va faire du bruit

19 Mai 2025

Du 22 au 25 mai, Maison Fumetti renouvelle son festival annuel, au Lieu Unique puis à la Manufacture des Tabacs de Nantes, avec une programmation riche et animée. Un objectif : mettre en valeur la bande dessinée et les arts visuels auprès d’un large public.

Rendez-vous incontournable des amateur·rices de bande dessinée et fanzines, le Festival Fumetti s’adresse à tous les publics, simples curieux·ses, jeune public et professionnel·les. Il prendra, encore cette année, la forme d’une kermesse graphique joyeuse et bruyante : le Charivari, avec des expositions, un salon d’édition indépendant, des rencontres et ateliers, des spectacles vivants et des soirées concerts, au Lieu Unique et à la Manufacture des Tabacs, le week end prochain.

Sous l’œil avisé de Thomas Brochard et Cassandre Thiénot, les deux salariés de l’association Maison Fumetti, une équipe d’une dizaine de bénévoles s’affairent depuis le mois d’octobre pour établir la programmation ou monter les expositions. Certains bénévoles seront également présent·es pour animer les rencontres. « Le festival, c’est vraiment une direction artistique collégiale », rappelle Thomas.

Pour cette édition, la programmation du festival est construite autour d’un axe, plus qu’un thème ; le dessin sonore. « C’est ça qui a aidé à cibler les artistes qu’on voulait inviter, avec cette idée subjective que leurs dessins, leurs récits, leurs bandes dessinées évoquent pour nous beaucoup de sons. » décrit Thomas. D’autres artistes seront également convié·es pour des rencontres ciblées comme la table-ronde « Ça va être super » ou pour les ateliers.

« On n’est pas un festival de dédicaces »

Avec un salon de taille réduite de 25 stands et 11 artistes mis·es en avant, le Festival Fumetti souhaite se démarquer des autres salons de bande dessinée en misant sur la proximité et les interactions.
« Une des particularités du festival, c’est que chaque année, on propose aux artistes, donc à ces 11, de faire une création collective », présente Cassandre.
Cette année, l’œuvre collective est “le Charivari”, un cadavre-exquis géant qui prendra la forme d’une exposition évolutive le temps du festival « avec différentes parties, une forme de récit, comme un album musical », précise Thomas. « On aime l’idée qu’entre le début et la fin du festival, il se produit des trucs pour le public et pour les auteurs qu’on invite aussi. Artistiquement, il y a quelque chose qui n’existait pas au début de l’événement. »

Le salon d’édition du festival réunit maisons d’éditions, collectifs d’auteurs·trices et fanzines. © Maison Fumetti

Une programmation éclectique

Pas de temps fort, à proprement parler, mais de nombreuses animations durant tout le festival.
Jeudi au Lieu Unique, leur partenaire de longue date, une soirée d’ouverture en trois temps : une rencontre d’auteurs, un concert, et entre les deux, un concert inédit avec performance dessinée.
À partir de vendredi, à la Manufacture des Tabacs, un salon d’édition avec 25 collectifs et maisons d’édition et, pour les auteur·es amateur·es, une invitation à rencontrer les éditeurs du festival.

Un spectacle jeunesse participatif gratuit aussi : le Catch Kids Club. « La version Kids, sans sang, plus de caca, pour le catch de dessin », résume Cassandre.
« On essaie de garder un peu ce truc-là, de manière générale, d’avoir des façons un peu différentes de présenter le travail des auteur·es, la performance en direct, en est une. » rappelle Thomas.

Le Catch Kids Club ? Un ring, des dessins et de la bagarre. © Maison Fumetti

Trois expositions : “Zoom Zoom Zeum” sur l’œuvre colorée de la dessinatrice et autrice, Anne Zeum, “Baguenaudes” montée par son autrice Marion Jdanoff, accompagnée de Glen Chapron, au commissariat (photo en couverture) et une visite spéléologique et 3D du dernier album de Matthias Picard.

Un budget fragilisé mais de nombreux projets en perspective

Si Maison Fumetti a subi de plein fouet les coupes budgétaires de la Région, avec une suppression totale de son enveloppe globale de 18000 €, l’édition 2025 du festival a été peu impactée, grâce notamment aux aides compensatoires du département et de la ville et à un maintien des budgets alloués par les autres organismes comme le Centre national du livre (CNL) ou la Sofia, pour la rémunération des auteurs et autrices impliqué·es.
La proposition faite au public reste la même que pour les éditions précédentes. En revanche, « en coulisses, il y a des choses qu’on est un peu plus obligés de bricoler. On va prendre les photos et faire le graphisme nous-mêmes. On ne peut pas rémunérer de photographes ou graphistes cette année. » déplore Thomas.

Après une édition 2024 mouvementée du festival, rythmée par la pluie et divers incidents, les organisateurs espèrent simplement que tout se passera bien cette année et que les créations inédites réalisées en direct lors de cette nouvelle édition créent de belles surprises.

L’automne prochain promet d’être riche avec une exposition à la bibliothèque municipale de l’auteur Brunö, qui vient de publier un premier volume de sa série « Electric Miles » aux Éditions Glénat et une nouvelle édition du “Fumetti All Stars” à Stereolux.
Au printemps suivant, une grande exposition autour de l’œuvre d’Anne Simon « Contes du Marylène » à l’Atelier, en partenariat avec la ville, est déjà annoncée.
De belles perspectives pour l’association qui fêtera ses 10 ans en 2026.

Les deux expositions “Baguenaudes” et “JeanJambe” sont déjà accessibles depuis vendredi 16 mai à la Manufacture des Tabacs et se prolongeront au-delà du festival, jusqu’au 5 juillet.
La programmation détaillée du festival est à retrouver sur le site de l’association Maison Fumetti.

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017