4 avril 2024

Affaire d’exhibition sexuelle à Nantes Université : le bureau de la CNEM démissionne

Le 15 février dernier, Fragil révèlait qu'un fait d'exhibition sexuelle en fac de médecine avait souhaité être "étouffé" par le président de la Corporation Etudiante Nantaise de Médecine. Quelques semaines plus tard, le bureau de la CNEM reconnaît avoir minimisé les faits et annonce sa démission

Affaire d’exhibition sexuelle à Nantes Université : le bureau de la CNEM démissionne

04 Avr 2024

Le 15 février dernier, Fragil révèlait qu'un fait d'exhibition sexuelle en fac de médecine avait souhaité être "étouffé" par le président de la Corporation Etudiante Nantaise de Médecine. Quelques semaines plus tard, le bureau de la CNEM reconnaît avoir minimisé les faits et annonce sa démission

« Le bureau 2023-2024 de la CNEM vous annonce sa démission« , c’est le message transmis par les membres étudiant·es dans un communiqué du 8 mars à destination des adhérent·es de la corporation de médecine. La CNEM reconnaît que son « mandat a été complexifié par [sa] gestion de l’évènement de rentrée à Kerneis« . Il est nécessaire de préciser la nature de cet évènement relevant d’un fait d’exhibition sexuelle en septembre 2023 par des étudiants de deuxième année de médecine dans l’amphithéâtre Kerneis devant plusieurs centaines d’étudiant·es, des faits que notre média Fragil a dénoncé le 15 février dernier.

Capture d’écran du message du bureau 2023-2024 de la CNEM (08/03/2024)

« Nous avons minimisé les faits au nom de la tradition, et par la même occasion nous sommes allés à l’encontre des valeurs de l’université, et de nos propres valeurs« 

Ce cas de violence sexiste et sexuelle a conduit la présidence de Nantes Université à saisir le procureur de la République et à mener une enquête interne. Le président de la CNEM avait quant à lui souhaité « étouffer » cette affaire. Dans la lettre de démission du bureau de la corporation, la CNEM avoue « Nous avons minimisé les faits au nom de la tradition, et par la même occasion nous sommes allés à l’encontre des valeurs de l’université, et de nos propres valeurs » ajoute avoir « réagi de manière inadéquate par rapport à la situation » et présente ses « sincères excuses ».

Nantes Université continue d’enquêter et prévoit un plan d’action contre les VSS

« L’enquête est toujours en cours »

La présidence de Nantes Université, interrogée sur le sujet nous a confirmé “prendre acte de la démission du président de la CNEM”. Cependant, la présidence explique ne pas « pouvoir donner de précisions concernant le déroulé de la rencontre interne entre la présidence et la CNEM » avançant le fait que « l’enquête est toujours en cours ».

Néanmoins, la présidence de Nantes Université nous rappelle qu’en matière de lutte contre les VSS, elle a en 2023 « mené auprès de l’ensemble de ses étudiantes et étudiants une enquête sur leur cadre de vie durant le temps des études et leur exposition aux violences sexuelles et sexistes ». Cependant, ce type d’évènement rappellent l’urgence de la prise en compte des associations étudiantes dans la prévention liées au VSS.

 » Impliquer davantage les associations étudiantes sur les questions d’égalité et de lutte contre les discriminations, VSS et LGBTQIA+ phobies »

À ce propos, un plan de prévention et d’action contre les violences sexuelles et sexistes (VSS) a fait parti des points présentés lors du Conseil d’Administration du 15 mars dernier, et a été adopté à l’unanimité par l’ensemble de ses membres. Dans ce plan il est d’ailleurs question d’ «  impliquer davantage les associations étudiantes sur les questions d’égalité et de lutte contre les discriminations, VSS et LGBTQIA+ phobies ». Des associations étudiantes « qui ont une responsabilité à porter, notamment lors de l’organisation d’événement à caractère festif« . Reste à voir comment Nantes Université mettra concrètement en place ces actions.

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23 ans, originaire de Laval, future journaliste ? je suis très attentive et curieuse du monde qui m'entoure ! j'adore faire des playlists à rallonge et écouter les gens parler.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017