6 juin 2025

Entre critiques et séduction de futures recrues : BFM TV termine sa tournée promotionnelle à Nantes

Ce mardi 03 juin signait la fin de la tournée BFM & vous où les Nantais·es étaient invités·es à voir le reportage de l'émission Ligne Rouge « Intelligence artificielle : les nouveaux escrocs » puis échanger librement sur les coulisses de la rédaction de BFM TV.

Entre critiques et séduction de futures recrues : BFM TV termine sa tournée promotionnelle à Nantes

06 Juin 2025

Ce mardi 03 juin signait la fin de la tournée BFM & vous où les Nantais·es étaient invités·es à voir le reportage de l'émission Ligne Rouge « Intelligence artificielle : les nouveaux escrocs » puis échanger librement sur les coulisses de la rédaction de BFM TV.

Après Paris, Lyon ou encore Strasbourg, c’était au tour de Nantes d’accueillir BFM TV pour une rencontre avec des acteurices clés de la chaine d’information en continu : Guillaume Daret, présentateur de BFM Politique et Irène Bénéfice, rédactrice en chef de Ligne Rouge. C’est à 14h ce mardi 3 juin, que s’ouvrait cette conférence, avec comme public des étudiants·es en journalisme et des Nantais·es spectateurs·trices de la chaine. Une conférence qui a duré deux heures, dans le but de débattre de l’évolution de l’IA dans notre société suite à la diffusion de leur documentaire de Ligne Rouge.

Un espace pour la critique

Certain·es de ces nantais·es ont profité de ce temps d’échange pour adresser de vives critiques à la chaîne. Une nantaise assez remontée intervient à plusieurs reprises en expliquant qu’après le COVID-19, elle avait perdu confiance en la chaîne de télévision qu’elle regardait « quotidiennement ». Elle critique le fait que BFM TV utilise les mêmes sources, elle reproche aussi à la chaine d’être trop parisienne. Malgré une réponse de celle-ci par l’intermédiaire de Guillaume Daret qui qualifie la chaîne de « proche des français », plusieurs personnes dans la salle expriment la même constatation et affichent même des doutes sur la neutralité de la chaîne. « Il y a des gens de certains partis politiques où vous êtes plus agressifs », exprime l’une des spectatrices. En effet, la chaine est qualifiée de conciliante avec le gouvernement actuel, et la politique d’Emmanuel Macron, par une partie du public.

« C’est important de se confronter à ce que pensent les téléspectateurs… C’est bien d’avoir des retours positifs, mais aussi des remarques sur ce qu’on peut améliorer », répond Guillaume Daret, qui a rejoint les rangs du groupe BFM TV en janvier 2025 en quittant France Télévision. À côté de ça, des professeurs·es en journalisme venus accompagner leur classe résument la rencontre comme très intéressante et instructive pour les étudiants·es, qui comprennent donc les coulisses d’une chaine de télévision comme BFM TV. 

Irène Bénéfice, rédactrice en chef de Ligne Rouge et Guillaume Daret, présentateur de BFM Politique lors de la rencontre « BFM TV et Vous » le 3 juin 2025 à Nantes. Photo : Arthur Camus

BFM TV en quête de renouveau

Le déplacement de la chaine nationale n’est pas si courant dans la métropole nantaise. L’objectif de dialogue avec le public affiché par la BFM TV, juste avant le changement de canal de la chaine du canal 15 à 13 ce 6 juin est aussi associé à celui de séduire les étudiants·es et leur donner envie de rejoindre la rédaction. Rappelant que ce type de rencontre avec le public, notamment les plus jeunes, est essentiel pour entretenir un lien de confiance durable entre BFM TV et ses téléspectateurs·trices, Guillaume Daret explique : « aujourd’hui, BFM TV entre dans une nouvelle étape : un renouvellement partiel de ses équipes, avec l’arrivée de nouvelles recrues, dont moi-même, pour « incarner » la chaîne dans cette nouvelle dynamique. ». En effet, depuis son rachat en juillet 2024, la chaîne subit un départ de 17% de ses journalistes. Comme le rappelle le Monde, c’était le 31 mai que la clause de cession, qui s’était ouverte au moment de son rachat, permettant aux journalistes de quitter leur emploi tout en bénéficiant de conditions similaires à un licenciement, s’est enfin refermée pour BFM TV.  

 

  

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017