22 mai 2023

Deux heures pour découvrir le journalisme avec les jeunes de Triptic

Le 16 mai 2023, Fragil est intervenue à la pépinière d’initiatives jeunesse TriptiC pour initier 5 jeunes à la pratique du journalisme. Un temps riche en échanges qui a permis aux adolescent·es présent·es de découvrir les ressorts de la création d'informations. 

Deux heures pour découvrir le journalisme avec les jeunes de Triptic

22 Mai 2023

Le 16 mai 2023, Fragil est intervenue à la pépinière d’initiatives jeunesse TriptiC pour initier 5 jeunes à la pratique du journalisme. Un temps riche en échanges qui a permis aux adolescent·es présent·es de découvrir les ressorts de la création d'informations. 

Ils et elles étaient cinq à avoir poussé les portes de Triptic en ce début de soirée ensoleillée de mai. Le rendez-vous avait été donné par la pépinière d’initiatives jeunesse, hébergée au sein de la maison de quartier de la Bottière à Nantes, afin de participer à un atelier d’initiation au journalisme. Au programme, réflexion sur le rôle du journalisme ainsi qu’une initiation à la récolte d’informations et à l’écriture journalistique le tout animé par un salarié de l’association d’éducation aux médias Fragil.

Un temps pour questionner une pratique

Regroupé·es autour d’une table, les jeunes ont d’abord défini ce qu’ils et elles comprenaient de la fonction de journaliste. Par la discussion, ils et elles arrivent très vite à pointer les missions essentielles de la pratique : chercher l’information, la vérifier et la diffuser. « Est-ce que des journalistes mentent ? » se demande M., le plus jeune du groupe. « Des personnes mal intentionnées peuvent se prétendre journaliste, lui répondra l’animateur, mais les appellerais-tu « journalistes »?« , la question fait mouche et le collégien saisit l’importance de l’honnêteté dans la pratique journalistique.

À travers un jeu d’écriture autour des questions essentielles auxquelles doit répondre tout·e journaliste dans la production d’une info, les ados produisent leur premier mini-reportage. En quelques minutes, les voici en train de relater leur production à la manière d’un flash info. Débriefant les différents reportages, L. 15ans, soulignera que « les questions « qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi »,c’est utile« , « ça nous permet de mieux comprendre l’information » ajoutera M.

Une discussion autour du journalisme animée par le salarié de Fragil

Développer la curiosité

Dans un autre temps de l’atelier, les ados ont été invité·es à indiquer sur une ardoise une de leur passion, ou une activité qu’ils et elles appréciaient pratiquer. Cette information écrite, le groupe a pu identifier des domaines « d’expertise » et s’interviewer mutuellement sur les thématiques maitrisées par chacun·e. Cet exercice a permis aux ados de comprendre que tout le monde avait un domaine d’expertise, à commencer par son propre vécu. De plus, en posant des questions à leur binôme, ils et elles ont pu travailler leur curiosité sur des domaines qu’ils et elles ne connaissaient pas de prime abord.

Un levier pour l’estime de soi

« J’ai bien aimé découvrir le journalisme, mais je ne pense pas que ce soit pour moi, je suis timide et introvertie« , témoigne à la fin des deux heures d’atelier K., lycéenne. Et pourtant, l’animateur lui fait remarquer qu’elle a passé deux heures à poser des questions aux autres participant·es, à les écouter, à retranscrire leurs paroles pour les relater à voix haute face au groupe. En lui faisant remarquer ce paradoxe, elle esquisse un sourire. « Et si la timidité que tu évoques n’était qu’une fausse excuse ? » remarque l’animateur.

Pour une autre participante, arrivée en France il y a trois mois, l’exercice d’écriture était « difficile pour elle« , mais encouragée avec bienveillance par le groupe, elle a participé à chaque activité avec application et a pu apporter des éléments de réflexion pertinents lors des échanges.

Un atelier apprécié

Interrogée sur son ressenti vis à vis de l’animation de Fragil, Gabrielle, l’accompagnatrice de projet à Triptic évoque « une super expérience pour tout le monde ! » Elle souligne avec enthousiasme que « les jeunes ont été amené·es à réfléchir par eux-mêmes et qu’ils étaient vraiment acteur·trices pendant les deux heures« .

Afin de donner une suite à ce temps, elle a proposé aux ados de mettre en pratique leurs apprentissages lors du concert d’inauguration de la maison de quartier Halvêque. En effet ces jeunes auront l’occasion d’interviewer les différent·es artistes qui se produiront sur scène le 2 juin prochain.

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Alyona, Ukrainienne et artiste peintre

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017