Dans le contexte du mois des fiertés, l’exposition « Restitution, Archives et Mémoires Queer », soutenue par la Ville de Nantes est organisé au sein de la galerie l’Atelier. Crée par l’association, ce fruit de la « mise en dialogue des étudiant·es des Beaux-arts de Nantes et de Nantes Université avec des artistes professionnel·les, principalement basé·es à Nantes » devait accueillir quatre groupes scolaires, dans le cadre du parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC) proposé par la Ville de Nantes, qui se sont finalement tous rétractés.

Première salle de l’exposition avec des oeuvres d’artistes (Jorge Concha) et d’étudiant·e·s ©Lisa Le Floch
« On n’a aucune certitude »
« L’inscription à cette médiation s’est faite sans connaitre la thématique », explique Jordane Thomas-Bellec, le médiateur de l’exposition. Peu de temps après que la thématique, à savoir « une interrogation sur ce qui fait mémoire au sein des communautés Queer », a été révélée, trois des quatre groupes (dont un lycée) « ont annulé sans donner de raisons », complète-t-il. Il explique qu’« on n’a aucune certitude » au sujet d’un renoncement de ces écoles en lien avec la thématique.
La 4e visite prévue avec une classe de CM1-CM2 a été, elle, annulée quelques jours avant le début de la médiation, bien que l’institutrice apparaissait motivée au moment de la visite de préparation, « ça lui semblait quand même important, d’autant plus qu’elle évoquait la question de la discrimination à l’école », révèle le médiateur. Pourtant, quelques heures plus tard, l’institutrice annule la visite scolaire à la suite de discussions « avec l’école et les familles » invoquant des doutes quant au niveau scolaire plus « adaptées au niveau secondaire », explique-t-il.

Oeuvre d’Amelo Asensio « Pour une parole sur l’inceste » se trouvant dans la salle du fond de l’Atelier ©Lisa Le Floch
« Des choix pédagogiques »
Face au renoncement de la 4e visite, l’équipe de la Ville de Nantes évoque « un choix pédagogique ». Selon elle, « il s’agit d’une décision qui relève de la stricte responsabilité des enseignants : faire des choix en s’adaptant à l’âge de leurs élèves et à leurs projets pédagogiques ».
Pourtant, pour le médiateur, un doute subsiste celui de « pressions des collègues et des parents d’élèves » et «d’auto-censure » de l’institutrice, qui l’auraient alors poussé à l’annulation de la visite.
« Ne recevoir aucun groupe scolaire, ça ne m’était jamais arrivé »
Une association prête à se « censurer »
« On n’avait accepté pas mal de choses pour adapter, voire censurer certaines œuvres, pour vraiment être sûr·e·s de recevoir des scolaires. Quitte à faire quelques concessions, on était prêt·e·s à aller loin », regrette Jordane Thomas-Bellec, soulignant le travail réalisé pour accueillir des classes avec l’association Le Lac à l’Épaule. De plus, V. Jourdain, co-fondatrice de l’association, nous explique qu’une « partie de l’exposition est faite pour les enfants et les adolescents ».
Elle confie « C’est assez terrifiant ». Le médiateur confesse : « Je ne m’y attendais pas. Je m’attendais qu’il y ait moins de visites, forcément, qu’il y ait des réticences. Mais pas que ça aille aussi loin ». Avant de rajouter : « ne recevoir aucun groupe scolaire, ça ne m’était jamais arrivé ».