L’association Campusolidaire, née en 2009 et basée aujourd’hui dans le quartier Nantes-Nord, vient en aide aux étudiant.es. Elle s’est engagée, comme l’indique sa secrétaire générale Dina, à aider et soulager les étudiant·es quelque soit leur origine socio-économique : « Il y a de tous dans les profils ». Elle évoque notamment le cas d’étudiant·es qui n’arrivent pas à s’en sortir sans aide extérieure et dont les conditions du quotidien se sont vues « détériorées ». Dina précise que généralement, le lien social surtout familial est fragilisé entre « des parents qui ne peuvent s’occuper d’eux » et des étudiant·es désorienté·es qui ont besoin d’être « rassuré·es » et « soutenu·es » dans leur parcours de vie pour bien réussir leurs études, confie-t-elle.
La SurpreNantes Épicerie, créée au moment du Covid en 2019 par des étudiant·es, partage ce même constat comme nous le rappelle Nora, responsable partenaire de l’association : « Beaucoup d’étudiants arrêtent leurs études car ils sont trop occupés à chercher des petits jobs ». La structure intervienait chaque semaine jusqu’à mai sur le campus Tertre.
Une visibilité et une accessibilité des centres de distribution à redéfinir aujourd’hui
Malgré la bonne volonté des associations comme Campusolidaire ou La SurpreNantes Épicerie, elles sont soumises à des contraintes logistiques indépendamment d’elles et qui ne permettent pas toujours de mettre en place une stratégie efficace pour mieux sensibiliser les étudiant·es et rendre visibles leurs actions.
Dina précise que Campusolidaire a dû limiter le flux de bénéficiaires : « On prenait au tout début tous les étudiants sans chercher à savoir s’ils avaient un problème. Au fil des années, on leur a demandé de passer par l’assistance sociale rattachée à l’université pour valider leur demande. » Iels sont entre 50 à 100 Nantais·es à venir une fois par mois auprès de la structure, qui demande pour « fonctionner correctement » de payer des frais d’inscription de 5€ et le prix du colis alimentaire de 2€50.
SurpreNantes Epicerie, quant à elle, essaie d’axer sur deux ouvertures par semaine, et avec une inscription gratuite. Elle essaie d’accueillir jusqu’à 200 personnes par semaine, avec la carte étudiante comme seule contrainte et en s’inscrivant sur un « créneau », explique Nora, la responsable partenaire. Ces horaires d’ouverture ont été définies car c’était « compliqué » de s’organiser entre elleux et qu’iels ont dû « se coordonner entre le bureau, les bénévoles et ceux qui peuvent ».

Produits alimentaires conditionnés par l’équipe de Campusolidaire pour préparer les paquets des étudiants avant leur arrivée. 10/04/2025
Pour beaucoup d’étudiant·es, leur emploi du temps reste une contrainte pour s’y rendre. Certain·es manquent de repères et peuvent passer à côté de ce soutien : « Je ne savais vraiment pas où c’était », avoue un étudiant en Lettres et Langues. C’est le sentiment que partage aussi une résidente d’une cité étudiante, qui explique qu’elle a accès à plus d’informations que les autres via le réseau interne de sa « résidence étudiante ». « Il y a peu d’informations qui circulent par mail sur le site officiel de la fac », confirme amèrement Mélanie, étudiante en Histoire.
Pourtant, la SurpreNantes Épicerie assure qu’iels tentent de s’adapter et d’évoluer en mettant en place des fiches avec leurs coordonnées et des liens à l’université. Nora l’affirme : « On est affiliés à la fac ». D’’autres difficultés dans la communication s’ajoutent aussi, réduisant leur marge de manœuvre.
En complément, la SupreNantes Épicerie propose aux étudiant·es via leurs réseaux sociaux des temps de formation et d’atelier pour « gérer » leurs produits alimentaires. Beaucoup de personnes s’inscrivent, mais en réalité peu y viennent. C’est « un problème », souligne Nora, car elle met en avant le manque de lecture et d’écoute de la part d’étudiant·es : « Ils se précipitent sur les liens sans réellement regarder ce qu’est un atelier et après ils ne viennent pas ». Une étudiante en Lettres et Langues, Elisa, alerte aussi sur le manque d’accès rapide à ces lieux : « Je connais l’épicerie Nous Anti-Gaspi mais, c’est trop loin, c’est à plus de 40 minutes de tram de chez moi ».
Les étudiant·es manquent de repères pour mesurer la précarité alimentaire
La quinzaine d’étudiant·es interrogé·es sur le campus Tertre ne sont pas unanimes sur la question de la précarité alimentaire et ce sujet reste difficile à aborder sans revenir à leur propre condition. Pour certain·es, elle touche de manière indirecte leur pouvoir d’achat : « Je ne me verrai pas y aller, moi j’essaie plutôt de réduire mes dépenses en allant sur des produits moins cher, à des prix bradés » exprime un étudiant nantais en Histoire.
Pour d’autres, la précarité alimentaire est plus un moment de bascule et iels ne se sentent pas directement ciblé·es : « Mes parents sont là pour me soutenir », confie une jeune étudiante en Lettres et Langues. Pour d’autres encore, comme Lise en Psychologie, la précarité alimentaire ce n’est pas juste « pouvoir manger » . Elle la perçoit comme un effet secondaire de la vie chère et surtout du coût des loyers. Pour elle, cela joue surtout sur le manque de « diversité » des aliments comme des légumes.
Certain·es reconnaissent que la fin de mois sont parfois difficiles et qu’iels sont oblig·ées de recourir à des petits jobs pour mieux vivre : « Je suis obligée de travailler dix heures par semaine et cela m’absorbe beaucoup de temps par semaine pour se faire un peu plus plaisir et vivre mieux », s’exclame Elisa, étudiante en Lettres et Langues. Elle admet qu’elle ne travaille par sur Nantes : « Je fais des allers-retours la semaine sur la côte vendéenne, avec le coût d’essence que cela implique ».
Pour Ali, étudiant d’origine turque à l’ENSA1 de Nantes, il lui est apparu indispensable d’avoir recours à des aides extérieures. Il a adhéré à Campusolidaire et regrette qu’au CROUS, il n’ait droit qu’à un repas à 1€ le midi : « J’ai été choqué car en Turquie j’avais le droit à un petit déjeuner aussi et un repas le soir aussi ». Cette aide mensuelle lui est indispensable, car il n’a pas « vraiment les moyens » pour aller aux supermarchés.« Manger en 2025 ça coûte cher ! », finit-il par lâcher.
- Ecole Nationale Supérieure d’Architecture
Infos pratiques
- Carte des lieux pour se nourrir en cas d’urgence à Nantes
- Magasin Nous Anti-Gaspi Nantes Pitre Chevalier
- Dernier mois de distribution ce jeudi 12 juin à Campusolidaire, salle municipale 11 rue Santos Dumont