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11 mars 2022

Des ados de Couëron accompagnés dans la création d’un média à l’image de leurs convictions

Début 2022, l'association Fragil a accompagné une petite quinzaine d'ados dans la création d'un "média militant". Découverte de la pratique journalistique, débats pour affirmer ses idées et autonomie étaient au cœur des cinq ateliers organisés au centre Pierre Legendre de Couëron.

Des ados de Couëron accompagnés dans la création d’un média à l’image de leurs convictions

11 Mar 2022

Début 2022, l'association Fragil a accompagné une petite quinzaine d'ados dans la création d'un "média militant". Découverte de la pratique journalistique, débats pour affirmer ses idées et autonomie étaient au cœur des cinq ateliers organisés au centre Pierre Legendre de Couëron.

« On est vraiment poussés à réfléchir et à trouver les solutions par nous-mêmes« , témoigne l’un des adolescents à l’issue des cinq ateliers animés par l’association Fragil entre janvier et février 2022. C’est donc dans un cadre poussant à l’autonomisation que la petite quinzaine de jeunes usagers de l’espace jeunes du centre socio-culturel Pierre Legendre de Couëron a été accompagnée dans la création de Francis Militant, un « média militant » sur Instagram reflétant les engagements des ados. Ce projet, réalisé grâce à un financement « Jeunesse et citoyenneté » du département de la Loire-Atlantique, a permis aux participantes et participants de s’initier à la pratique journalistique et de se questionner sur leurs engagements, notamment la lutte pour les droits LGBTQI+ et la défense de la cause animale.

Un média pour parler des sujets qui comptent

Après avoir été accompagnés dans la découverte de la pratique journalistique, les ados ont donc été encadrés dans la création d’un média collaboratif dont la ligne éditoriale s’articulerait autour de leurs engagements. Très mobilisés sur la défense des droits LGBTQI+ à travers un projet de lutte contre les discriminations réalisé dans leur collège, les jeunes se sont naturellement dirigés vers des sujets en lien avec cette thématique. « Que fait la mairie de Couëron pour la communauté LGBTQI+ ? », « Comment les Couëronnais et Couëronnaises perçoivent la non-binarité ? » : tels ont été les sujets choisis par une partie des jeunes, le reste du groupe s’est dirigé vers un reportage à propos de la lutte contre la souffrance animale à Couëron. Parler de sujets liés à son engagement n’empêche pas la rigueur journalistique comme le soulignera une participante : « j’ai appris qu’il fallait toujours se poser les bonnes questions pour être le plus honnête possible« . Une autre a apprécié « la constante remise en cause des sources par l’animateur« . Ce dernier a en effet poussé les ados à penser contre eux-mêmes afin que leurs reportages soient le plus complet possible.

Le compte @FrancisMilitant créé par les ados

Un groupe soudé à travers un projet commun

Le nom « Francis Militant » a été choisi par les jeunes en référence à la mascotte de l’accueil jeunes, un canard en plastique. L’esprit de cette mascotte se retrouve dans le logo dessiné par Maxime, animateur malheureusement décédé en mars 2022. « J’ai aimé l’ambiance et l’autonomie qu’on nous a laissé« , témoigne l’une des participantes, reflétant l’esprit de coopération qui a imprégné la suite d’ateliers.

Une mobilisation difficile à cause du Covid

Malgré l’implication et la motivation des ados, les reportages n’ont pas tous pu être réalisés avant la cinquième et dernière séance. Le groupe a en effet été très impacté par le protocole sanitaire en application sur la période : très régulièrement cas contact, les jeunes ont été tour à tour absents lors des ateliers, ce qui a fortement impacté les équipes formées pour les différents reportages. C’est dans ce contexte que des « reportages d’urgence » à propos du projet en lui-même ont été réalisés lors de la dernière séance.

Un projet apprécié qui doit se poursuivre

« J’ai adoré travailler avec Fragil« , nous confiera une participante à propos de ce projet qui doit désormais être poursuivi avec l’encadrement de l’équipe d’animation du centre Pierre Legendre. La fin des restrictions liées à l’épidémie de Covid permettra sans aucun doute aux jeunes de se lancer dans de nouveaux reportages.

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017