21 avril 2021

Découvrir les algorithmes en se mettant à la place d’un réseau social : un premier atelier convaincant

Début avril 2021, l'équipe de Fragil est intervenue au centre Anjorrant de Nantes pour animer pour la première fois un atelier visant à décrypter le fonctionnement des algorithmes des réseaux sociaux. L'outil développé pour l'occasion a été accueilli avec enthousiasme.

Découvrir les algorithmes en se mettant à la place d’un réseau social : un premier atelier convaincant

21 Avr 2021

Début avril 2021, l'équipe de Fragil est intervenue au centre Anjorrant de Nantes pour animer pour la première fois un atelier visant à décrypter le fonctionnement des algorithmes des réseaux sociaux. L'outil développé pour l'occasion a été accueilli avec enthousiasme.

« Comment les réseaux sociaux organisent-ils nos fils d’actualités ? », c’est à cette question que cinq adolescentes ont pu répondre lors du temps de réflexion proposé par l’association Fragil au centre Anjorrant. Partenaire de l’association depuis plusieurs années, le centre nantais d’accueil pour mères mineures avait en effet répondu favorablement à la proposition de l’association d’éducation aux médias pour accueillir un atelier de décryptage des algorithmes des réseaux sociaux. Ainsi, le 7 avril 2021, une matinée dédiée à un nouvel outil d’éducation aux médias a été animé par l’un des salariés de Fragil accompagné d’une bénévole.

Manipuler les algorithmes des réseaux sociaux avec des cartes

Cet outil, développé par l’équipe de Fragil a pu voir le jour grâce au financement du Conseil Départemental de Loire-Atlantique à travers l’appel à projet « Jeunesse & Citoyenneté ».

Pendant plus d’une heure et demi, les cinq jeunes mères ont été conviée à découvrir la notion d’algorithmie en la liant avec leur pratique des réseaux sociaux.

Une mise en situation pour (re)découvrir l’agorithmie

Pour commencer à appréhender la notion d’algorithme, les participantes ont été invitées à se déplacer dans l’espace et à se classer selon différents critères : la taille, l’âge, l’heure de réveil… D’abord en prenant en compte un seul de ces critères, puis deux. Cet exercice de mise en situation leur a permis de voir que l’ordre des consignes pouvait jouer sur les résultat obtenus. Ainsi, la consigne « celles qui ont bu un café vont à droite de la pièce, les autres à gauche, puis classez vous par taille » donne un résultat différent de « classez vous par taille, puis celles qui ont bu un café vont à droite de la pièce, les autres à gauche ».

Un jeu de cartes pour manipuler ses propres algorithmes

Dans un second temps, les participantes ont été accompagnées dans la création d’un premier algorithme. À l’aide d’une cinquantaine de cartes confectionnées par Fragil, représentant des posts « types » de réseaux sociaux sur lesquels figurent différents éléments pouvant aider au classement (type d’émetteur, heure de publication, nombre de likes…), elles ont dû définir des règles d’affichage pour les fils d’actualité de leur propre réseau social fictif. Grâce à cet exercice, elles ont pu comprendre que tous les réseaux sociaux choisissaient leurs propres règles de classement pour l’ensemble des utilisateur.ice.s.

Exemple de carte « post » utilisée

Enfin, à l’aide d’un « profil d’utilisateur » proposant de nouveaux éléments permettant de créer des classements (genre, goûts, dernière action effectuée…), les participantes ont pu retravailler leur algorithme créé précédemment pour y inclure des éléments personnalisés. Ainsi un des groupes a proposé l’algorithme « si l’utilisateur.ice aime quelque chose, on affiche uniquement du contenu en rapport avec ça, puis on classe par nombre de likes ». A travers cette nouvelle phrase, elles ont pu prendre conscience que les algorithmes, dès lors qu’ils prennent en compte des éléments personnalisés, permettent d’afficher des contenus différents à chaque profil.

Exemple de création d’algorithme et classement de posts selon cette règle.

Les participantes, à travers leur implication tout au long de l’atelier et leurs différents questionnements sur le fonctionnement des réseaux sociaux, ont montré l’utilité de ce type d’atelier utilisant ce nouvel outil développé par Fragil. Les futurs ateliers organisés sur la même thématique lors des prochains mois confirmeront sa pertinence, ou bien permettront d’ajuster des éléments pour contribuer à lever le mystère qui plane encore trop souvent autour de la compréhension de l’algorithmie des réseaux sociaux.

Tous les éléments nécessaires à la reproduction de l’atelier sont disponibles en téléchargement ici : Atelier Fragil : Algorithme

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017