28 janvier 2020

De la « fast fashion » à la « slow fashion » : une révolution en marche

Le textile est la deuxième industrie la plus polluante. Or, les vêtements achetés sont portés en moyenne 35 jours. C’est à partir de ces premiers constats que la responsable du magazine « UP le Mag », en collaboration avec l’école de mode « les ateliers Chardon Savard », les associations Nomades et Emergence, a proposé une soirée débat le 16 janvier au sein de cet établissement nantais.

De la « fast fashion » à la « slow fashion » : une révolution en marche

28 Jan 2020

Le textile est la deuxième industrie la plus polluante. Or, les vêtements achetés sont portés en moyenne 35 jours. C’est à partir de ces premiers constats que la responsable du magazine « UP le Mag », en collaboration avec l’école de mode « les ateliers Chardon Savard », les associations Nomades et Emergence, a proposé une soirée débat le 16 janvier au sein de cet établissement nantais.

Devant une cinquantaine de personnes, principalement un public féminin, l’animatrice du magazine UP a donné la parole à chacun des partenaires présents afin qu’ils présentent leur activité.

Un magazine à découvrir

« Up le mag », soutenu par le groupe SOS (œuvrant entre autres dans le domaine de l’insertion), a pour ambition d’informer et de permettre de mieux comprendre le quotidien au travers de nombreuses thématiques. Il se veut aussi être un journal de solutions (en ligne et format papier). Il propose aussi conférences, émissions de radios, vidéos, à Paris et parfois en province. C’est un trimestriel qui propose des dossiers, comme par exemple l’environnement, le numérique et bien d’autres encore. Le dossier de décembre est consacré à la mode d’où cette proposition de soirée à Nantes.

Certaines participantes de la soirée débat.

Former les jeunes aux métiers de la mode

Les professeures de l’atelier Chardon Savard nous expliquent qu’elles forment les stylistes, créateurs, designers de demain. Les questions de l’écologie, de la surconsommation, sont au cœur des valeurs qu’elles veulent transmettre à leurs étudiantes. Elles font le constat, depuis quelques années, que les choses évoluent positivement. Les élèves pour des raisons financières mais aussi parce qu’elles ont une vraie conscience écologique, utilisent largement le recyclage. Elles vont récupérer des tissus auprès de différentes associations : Le Relais, le Secours Catholique et même dans les armoires de leurs grand-mères. Leurs créations permettent de sublimer l’image ringarde de la récupération.

L’objectif de l’école est aussi d’aller plus loin autour de la fabrication locale et responsable. Il leur faut trouver de modes de collaboration avec des industriels. Elles utilisent déjà des matériaux issus de la nature et pratiquent la teinture végétale. Il y a donc encore beaucoup à faire dans ce domaine nous disent-elles, mais la région possède de nombreuses ressources à explorer.

Faire découvrir les créateurs au grand public

L’association Émergence, créée en 2004, a pour but de rendre visible les réalisations des artisans et créateurs. Pour ce faire, elle participe à de nombreux événements tout au long de l’année. Leur démarche est éthique et responsable. Un nouveau projet est en gestation, nous informent la responsable de cette association et sa collaboratrice, soutenue par la région, afin d’ouvrir une Maison de la mode en Pays de la Loire. Les industries du textile sont nombreuses sur ce territoire. On pourrait mettre en œuvre de nombreuses innovations au sein de toute cette filière, du créateur, fabriquant, jusqu’au consommateur.

Créations présentées dans le showroom

La récupération à la portée de tous

Une bibliothèque d’échanges, tel est le défi relevé par ces 3 jeunes femmes bénévoles et créatrices de l’association Nomades. Elles récupèrent des vêtements, qu’elles amènent dans différents lieux ; la Conciergerie sur l’île de Nantes, un centre socioculturel à Rezé, bien qu’elles souhaitent s’implanter à l’avenir sur un quartier. Le fonctionnement proposé est souple. Suivant ses besoins, on peut apporter des vêtements et en reprendre d’autres, on peut en acheter à prix modique, prendre un crédit d’échanges. Elles collaborent aussi avec l’association le Carillon qui permet à des personnes démunies de récupérer des vêtements en attente. Elles participent également à de multiples événements locaux. Leur objectif est plus qu’une « ressourcerie » ; c’est un lieu pour créer du lien social et partager des valeurs.

Dans ce domaine de « l’upcycling », Marie, ancienne élève de l’école nantaise témoigne également de son parcours dans le milieu de la mode où elle a travaillé quelques années. Ne s’y retrouvant plus dans ce fonctionnement, elle vient de créer sa propre marque « Marie Popers »  et réalise tout elle même. Dans un stand ses productions, par exemple en jean et wax, sont exposés au sein du show room.

Pièces du showroom

Et maintenant, pour amplifier ce mouvement vers le « slow fashion », comment fait-on ?

Parmi le public présent, plusieurs jeunes professionnelles de l’habillement s’expriment à partir de leurs expériences. Certaines ont travaillé dans l’industrie de l’habillement mais au bout de quelques années ne s’y retrouvent plus : manque de dialogue dans les entreprises, cloisonnement des services, gaspillage du tissu créé par les logiciels de patronage, délocalisation — comme par exemple au Bangladesh — avec des conséquences désastreuses pour les personnes au bout de cette chaine. Alors l’envie vient de faire autrement pour un travail plus vertueux.

Un autre point de vue s’exprime venant d’une jeune femme travaillant depuis quelques années dans l’industrie de la chaussure. Elle nous explique qu’en se battant à l’intérieur de son entreprise, des modes de faire ont évolué pour avancer vers une économie plus responsable. En ce qui concerne les citoyens la démarche du recyclage s’accentue avec des nombreux lieux dédies : le succès par exemple du site Vinted, le regain pour l’apprentissage de la couture.

Ce temps d’échanges très riche s’est conclu par la visite du showroom. Des stands élaborés par les élèves donnent un aperçu des multiples matériaux végétaux et naturels que l’on pourrait utiliser à l’avenir dans les futures créations de vêtements.

Il suffit d’un peu d’imagination pour voir les robes que nous porterons demain, que cela soit avec des matières recyclées ou inspirées par la nature mais de façon respectueuse.

Le mouvement est en marche, chacun peut faire avancer les choses, quelque soit sa place, et demain nous porterons des vêtements vertueux et accessibles à tous et toutes.

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017