27 mai 2024

Chattologie : un spectacle pour briser le tabou des règles

Ce mardi 28 mai aura lieu la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Pour l’occasion, le département Loire Atlantique propose aux habitant·e·s de Rezé et Orvault (et autres curieux·ses !) un spectacle sur le tabou des règles – « Chattologie » – aussi drôle que pertinent, aussi vitaminé que nécessaire. Myriam Bigeard, conseillère départementale en charge de l’égalité femmes-hommes, revient sur l’importance d’organiser ce type d’événement.

Chattologie : un spectacle pour briser le tabou des règles

27 Mai 2024

Ce mardi 28 mai aura lieu la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Pour l’occasion, le département Loire Atlantique propose aux habitant·e·s de Rezé et Orvault (et autres curieux·ses !) un spectacle sur le tabou des règles – « Chattologie » – aussi drôle que pertinent, aussi vitaminé que nécessaire. Myriam Bigeard, conseillère départementale en charge de l’égalité femmes-hommes, revient sur l’importance d’organiser ce type d’événement.

Lundi 27 et mardi 28 mai se jouera à Rezé, puis à Orvault (plus d’infos à la fin de l’article) la conférence théâtralisée « Chattologie », interprétée par Alice Bié, une comédienne engagée, qui compte bien lever le poing. Cette représentation est gratuite et ouverte à toutes et tous.

« On est volontaristes, on n’aurait pas fait ça si le besoin n’était pas remonté des établissements scolaires, des associations, etc. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la dernière enquête (2023) menée par l’association Règles Elémentaires et Opinion Way révèle que près de 4 millions de personnes sont en situation de précarité menstruelle. Un chiffre qui a doublé depuis 2021 et, sans surprise, ce sont les jeunes qui se retrouvent en première ligne. Sur cette question, la Loire-Atlantique répond présente. « La lutte contre le tabou et la précarité des règles, c’est l’une de nos priorités. » insiste Myriam Bigeard, conseillère départementale en charge de l’égalité femmes-hommes, de la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes. En effet, depuis quelques années déjà, l’engagement est concret : dans les 142 collèges du département (privés et publics confondus), des distributeurs de protections hygiéniques ont été installés. Et ce n’est pas tout : Pour les élèves de sixième, des kits de protections ont été offert aux filles, et des livrets “à la découverte des règles” ont été distribué aux garçons et aux filles. « La précarité menstruelle est un réel sujet. Au niveau de l’éducation nationale, l’éducation à la sexualité n’est pas mise en œuvre. Nous on est très attentifs […] on sait qu’on répond à des besoins : on est volontaristes, on n’aurait pas fait ça si le besoin n’était pas remonté des établissements scolaires, des associations, etc. », souligne la conseillère départementale.

Mais si la question financière s’avère être le frein premier, le manque d’information lui fait concurrence. Myriam Bigeard poursuit en ce sens : « La peur, la gêne… Tout ça, et encore plus pour des jeunes, c’est difficile à gérer. Il faut que ces mauvaises expériences cessent, que le regard des autres évolue, que personne n’ait honte. Tout ça vient de la méconnaissance. » Le spectacle Chattologie est justement là pour ça : pour informer. Déjà à l’automne dernier, Alice Bié avait fait l’honneur au département de venir dans le cadre de la programmation « Les Règles parlons-en » sur le castelbriantais et de présenter ce seule-sur-scène. Lundi 27 et mardi 28, elle réitère l’expérience : la journée auprès des collèges de Rezé, puis d’Orvault, le soir : pour nous, public ! « L’objectif de ces journées, c’est vraiment de rompre le silence et de diffuser les informations aux personnes menstruées et non-menstruées et s’interroger sur les problématiques liées aux règles à travers le monde. Les règles c’est tabou, notre objectif c’est de le briser et de faire comprendre que c’est un souci réel, pour les femmes. »

Alice Bié lors du spectacle Chattologie, Crédit : © Sébastien Monachon

À qui s’adresse ce spectacle ?

Clairement : « A tout le monde ! », pour reprendre les mots simples, mais justes, d’Alice Bié. « Ce spectacle s’adresse aussi et beaucoup à ceux qui n’ont pas leurs règles ». Hommes, femmes, enfants, adultes : tout le monde est le ou la bienvenu·e ! Et ce n’est pas Myriam Bigeard qui viendra dire le contraire : « Si on a choisi ce spectacle, c’est parce qu’il sensibilise le grand public avec humour et pédagogie. Les enfants à partir de 10 ans peuvent s’y intéresser, c’est vraiment accessible à tous. […] On veut aussi aider les parents, les adultes, à informer et accompagner les enfants »

« Plus ça va, plus cette conférence prend une dimension politique »

À la question « Est-ce du théâtre ou une conférence ? », Alice Bié hésite, mais rebondit habilement : « C’est une conférence gesticulée ! », avant de préciser « c’est une conférence sur les règles, mais c’est aussi du théâtre car j’interprète les mots d’une autre [Louise Mey, ndlr], mais avec lesquels je suis en totale adéquation ». Joué depuis 2017 toutes les semaines à Paris (à la Comédie des Trois Bornes), et partout en France selon les demandes, le spectacle, au fil des années, devient de plus en plus politisé. Le texte, rédigé une première fois en 2016, a été réécrit il y a 6 mois, « pour coller à la société actuelle, qui bouge. Ou pas. ». Pour la comédienne, le théâtre est politique : « Pourquoi on monte sur scène, pour dire quoi ? Pour moi, dans le spectacle vivant il y a un truc plus incarné. Plus ça va, plus cette conférence prend une dimension politique. […] Bon, quand je joue pour des scolaires, j’adapte, je réduis le spectacle à 1h au lieu d’1h20. Et je parle un peu moins politique”. 

Quelques retours pour vous donner (encore plus) envie…

« De manière générale, le retour qu’on a le plus c’est que c’est ludique et que ça fait du bien… La notion d’utilité publique aussi revient souvent ! »

« Les retours des mecs sont drôles : ils avouent que ça libère leur parole : ils étaient curieux sans trop oser poser de questions… Un nouveau monde s’ouvre à eux ! »

(Alice Bié)

Infos pratiques :

  • Le 27 mai 2024 de 20h à 21h30 à l’Auditorium de la Soufflerie à Rezé. Réservations
  • Le 28 mai 2024 de 20h à 21h30 au théâtre de la Gobinière à Orvault. Réservation 
  • GRATUIT / Accueil à partir de 19h30

Pour aller plus loin :

Emmanuel Gibouleau à la projection du film "7 femmes" de Sara Rastegar dans le cadre du festival "Iran en Révolutions".

Le Cinématographe : engagé artistiquement et politiquement

Fragiles, dans un monde fragile : une exposition au cœur de notre quotidien.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017