10 novembre 2025

Le festival Matia Mou tire sa révérence et se met « à l’abri »

Du 14 au 16 novembre aura lieu la 4ème et dernière édition du festival nantais Matia Mou. Il rassemblera cette année des artistes autour du thème « à l’abri » à La Générale vendredi et samedi puis à Projéta le dimanche.

Le festival Matia Mou tire sa révérence et se met « à l’abri »

10 Nov 2025

Du 14 au 16 novembre aura lieu la 4ème et dernière édition du festival nantais Matia Mou. Il rassemblera cette année des artistes autour du thème « à l’abri » à La Générale vendredi et samedi puis à Projéta le dimanche.

Ce festival culturel rassemblera une douzaine d’artistes, collectifs et associations pour un week-end festif où la question du refuge sera centrale. Nous avons rencontré Mathilde Guiho, artiste et cofondatrice de l’évènement et Amandine Loget, une des artistes exposé.es cette année.

Matia mou tient ses origines d’un voyage en Grèce et d’une volonté collective de « questionner cette idée du voyage, des déplacements, de traverser ou d’habiter un endroit, d’exil ou de refuge » nous explique Mathilde. Après avoir abordé les thèmes de l’errance et s’être fixé en Grèce pendant les précédentes éditions, c’est la notion d’abri et de refuge qui sera mise en avant cette année. Matia Mou c’est comme « un personnage qui erre d’abord, puis qui arrive à un point fixe, et qui finalement se trouve un abri, un foyer ».

Des artistes rassemblé.es autour d’un même thème

Ce week-end, nous aurons le plaisir de voir des artistes et des associations locales réunies autour d’un thème commun : « à l’abri ». Se mêleront des expositions photos et de linogravure à des performances visuelles, sonores et dansées. Il y aura également des projections de court-métrages ainsi que des dj set pour clôturer les soirées du festival. Dans le climat actuel d’incertitudes politiques, sociales, économiques et climatiques, la volonté de mettre en avant « des cocons » et « l’importance de se retrouver » prend tout son sens pour la cofondatrice.

Mathilde Guiho, confondatrice de l’évènement, dans l’atelier Projéta qui hébergera le final de Matia Mou.  © Léa Hervé, 03.11.2025

L’importance de créer du lien

Mathilde Guiho est photographe et réalisatrice. Un de ses projets : Rossignol de mes amours, sera diffusé pendant le festival. Il a été co-réalisé avec Chloé Zamboni et Joachim Maudet, toustes les deux danseureuses et chorégraphes. Ce court-métrage, tourné avec des personnes habitant un EHPAD, s’inscrit « dans une démarche de prendre soin » explique-t-elle. Il lui permet de questionner « le fait de vieillir dans nos sociétés occidentales actuelles » et de mettre en avant « l’importance du lien humain et des rencontres ». Une projection qui interrogera le fait de se sentir bien et à l’abri dans un endroit souvent dévalorisé.

Mon Monde, l’amitié comme ancrage

Côté photographie, Matia Mou nous propose l’avant-première d’une série photo réalisée par Amandine Loget. La photographe nous parle de son parcours et de Mon Monde, exposée ce week-end à La Générale. Pendant ses études de photographie, elle se passionne, contre toute (la sienne) attente, pour la photo documentaire. Les reportages photo lui permettent « d’assouvir sa curiosité » en accédant à des endroits méconnus comme un couvent, ou l’atelier d’un thanatopracteur. Pourtant, la série qu’elle nous présentera est beaucoup plus intime.

 

Après avoir parlé de sa pratique, Amandine Loget s’amuse d’être la photographiée. © Léa Hervé, 05.11.2025

Depuis cinq ans, Amandine part tous les ans une semaine en vacances avec sa grande bande de copaines, en mixité choisie, dans la campagne française. Elle remarque que les gens les remarquent : « les gens posaient les yeux sur nous, il y avait quelque chose d’inhabituel de voir autant de femmes à être ensemble dans ce milieu ». Ces vacances sont source de création pour la photographe. Il y a deux ans, elle décide d’utiliser cette matière pour mettre à l’honneur ses ami.es : « son socle », « son monde ». Démarre alors une série à l’argentique de portraits nu.es et yeux fermés de sa bande qu’elle lie à d’autres photos de ces vacances. En ressort une déclaration d’amour et une ode à l’amitié. « Avec elles, c’est l’endroit où je ressens le plus de bienveillance, où il y a le moins de jugement, où on peut être soi-même. On est un peu toutes le toit les unes des autres ».

Pour Amandine Loget, l’exposition de sa première série photo personnelle Mon Monde est un aboutissement. Elle est à voir pendant Matia Mou à La Générale puis tout au long du mois de novembre à Belle de jour.

L’envie de donner une belle fin au projet

Cette année sera la dernière édition de ce festival créé par une équipe de 5 bénévoles : « ça fait déjà 5 ans qu’il existe ce projet là et la disponibilité de chacun.e n’est plus la même qu’avant« , nous confie Mathilde Guiho. Mais elle est aussi dû à un budget financier amoindri par rapport aux années précédentes (pas d’aide de la DRAC par exemple) et une peur de la continuité de la diminution des aides pour les années suivantes. Matia Mou prend fin, mais d’autres projets communs ou solos émergeront sûrement. Elle en conclue que « c’était une expérience hyper intéressante et enrichissante à vivre. On a décidé de bien fermer la porte de la cabane. »

Infos utiles :

Seront présent.es : Aude Carleton (photographie) ; Antoine Denoual (photographie) ; Karl Garandel et Almamy, Abdoulaye, Moussa et Samouraï (linogravure) ; Amandine Loget (photographie) ; Mathilde Guiho, Chloé Zamboni et Joachim maudet (projection) ; Laïs Decaster (projection) ; Librairie Invisible (projection et librairie itinérante) ; Collectif Abandon (concert) ; Volume bleu (performance dansée) ; Liminal Collectif (performance dansée) ; 913 ensemble (friperie créative) ; Le Naissain (bar à huitres)

Vendredi 14 novembre : 18h-0h à La Générale
Samedi 15 novembre : 16h-2h à La Générale
Dimanche 16 novembre : 15h-22h à Projeta

Plus d’infos : Matia Mou

Installée à Nantes depuis plus de deux ans, Léa cultive à la fois ses convictions écologistes et ses passions culturelles. Bénévole au sein du web magazine “Fragil”, elle y découvre une autre manière d’agir et veut explorer d’autres terrains d’expression.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017