12 octobre 2019

Annonce de l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès : Chronologie d’un échec médiatique

Le 11 octobre 2019, la majorité des médias Français ont annoncé sans réserve l'arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès à Glasgow. Le 12 octobre, les tests ADN démontrent que l'individu arrêté n'est pas le nantais suspecté d'avoir assassiné 5 membres de sa famille en 2011. Retour sur un emballement médiatique sans précédent.

Annonce de l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès : Chronologie d’un échec médiatique

12 Oct 2019

Le 11 octobre 2019, la majorité des médias Français ont annoncé sans réserve l'arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès à Glasgow. Le 12 octobre, les tests ADN démontrent que l'individu arrêté n'est pas le nantais suspecté d'avoir assassiné 5 membres de sa famille en 2011. Retour sur un emballement médiatique sans précédent.

En se basant majoritairement sur les tweets de quelques médias français, nous avons retracé la couverture médiatique de l’arrestation, à Glasgow, d’un homme annoncé comme étant Xavier Dupont de Ligonnès , suspect principal d’un quintuple homicide familial en 2011 à Nantes.

Cette chronologie nous apprend trois choses. Elle nous permet tout d’abord  d’avoir une vue d’ensemble de l’emballement médiatique autour de l’éventuelle conclusion d’une affaire aussi macabre que mystérieuse. Elle met en lumière la course à l’information dans laquelle les médias s’engagent de plus en plus. Enfin, elle révèle la difficulté grandissante pour les journalistes de vérifier convenablement leurs sources avant la diffusion des informations.

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017