20 mars 2024

Al Ghar : la voix engagée et montante de la scène musicale nantaise

Issue de Bordeaux, Laurène a trouvé sa place dans le paysage musical de Nantes dès 2017. En tant que co-fondatrice du collectif Raymonde, elle vient d'entamer un nouveau chapitre en intégrant la formation musicale Trempo 360 depuis janvier 2024. Cette artiste engagée et débordante d'énergie nous entraîne dans le récit de son parcours.

Al Ghar : la voix engagée et montante de la scène musicale nantaise

20 Mar 2024

Issue de Bordeaux, Laurène a trouvé sa place dans le paysage musical de Nantes dès 2017. En tant que co-fondatrice du collectif Raymonde, elle vient d'entamer un nouveau chapitre en intégrant la formation musicale Trempo 360 depuis janvier 2024. Cette artiste engagée et débordante d'énergie nous entraîne dans le récit de son parcours.

« Al Ghar » est est un nom né dans l’urgence avant un festival, portant en lui une quête de sens profonde : « laurier » en arabe, il évoque ses racines paternelles et les saveurs méditerranéennes de la cuisine italienne de sa mère. Laurène, originaire de Gironde, a rejoint par hasard un groupe musical de son lycée bordelais en tant que chanteuse, une anecdote qu’elle raconte avec émotion, comme tirée d’un scénario de film. Son amour pour la musique grandissant, elle enchaîne les jam sessions dans divers bars bordelais tout en suivant des cours au conservatoire. Toujours avide d’opportunités, elle navigue entre les salles de concert et les soirées campings en bord de plage. « Cela m’a appris à monter un système audio à 18 heures, à enchaîner avec un sandwich médiocre, puis à démonter tout le matériel à 2 heures du matin complètement ivre, » se souvient elle.

Photo : Q’Amar Nmr / Dessin : Joachin Sontag

« Trempo un institut à Nantes les artistes peuvent émerger »

Sa période dans le milieu musical bordelais n’est pas seulement marquée par des rencontres chaleureuses : « un environnement masculin où la place des femmes était trop peu visible, avec en prime de nombreux comportements problématiques ». Des situations récurrentes qui l’ont finalement poussée à quitter sa région natale, suite à une discussion de fin de soirée avec l’un de ses amis : « Trempo, un institut à Nantes où les artistes peuvent émerger. » Dès le lendemain, elle entreprenait les démarches pour s’inscrire. Quelques auditions plus tard et 275 km plus loin, elle posait ses valises à Nantes, où sa « véritable professionnalisation » a commencé, précise l’artiste.

À son arrivée à Trempo, elle a rejoint une ancienne formation « Numa » en juin 2017 , suivant des cours de musique notamment en basse, chant et musique assistée par ordinateur. En 2019, des inégalités sexistes subies plusieurs années auparavant lui donne la conviction de créer un collectif à Nantes avec ses amies : les Raymondes. « On s’est dit avec mes potes mais pourquoi il n’y a pas de femmes sur scène ! On a autant de talent que les hommes ça on le sait «  . Un collectif de femmes musiciennes et minorités de genres qui commence à s’implanter également à Rennes, et bientôt à Lyon.

Dans la tourmente de son emploi du temps débordé, elle s’efforce toujours de réserver un instant à ses proches, même si les circonstances se font de plus en plus complexes : « ton personnage personnel, professionnel, social et intime est tout le temps super impliqué, donc je garde précieusement mes amis loin du monde de la musique pour me ramener au monde réel quand j’ai besoin.  »

Avec des engagements pour les minorités de genres et présente dans plus de cinq groupes et des perspectives à Paris et en Chine avec son groupe Polilogue From Sila, Laurène est loin de disparaître de nos radars auditifs.

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Léa, 21 ans, curieuse de géographie humaine, de l'autre et de son point de vue. Actuellement étudiante en journalisme à Bordeaux mais de passage à Nantes à pour objectif de se spécialiser dans le documentaire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017