19 décembre 2025

Précarité étudiante à Nantes : l’organisation de la solidarité

À Nantes, la précarité étudiante se traduit par des files d'attente qui ne désemplissent pas. Pour faire face à cette demande constante, des associations comme Cop1 et l'Union Pirate organisent la solidarité sur le terrain. Plongée au cœur d'une logistique « par et pour les étudiants ».

Précarité étudiante à Nantes : l’organisation de la solidarité

19 Déc 2025

À Nantes, la précarité étudiante se traduit par des files d'attente qui ne désemplissent pas. Pour faire face à cette demande constante, des associations comme Cop1 et l'Union Pirate organisent la solidarité sur le terrain. Plongée au cœur d'une logistique « par et pour les étudiants ».

“Le principe de l’asso c’est par et pour les étudiants”, Elouan de l’association Cop1.

À Nantes comme ailleurs en France on peut apercevoir ça et là des files d’attente, composées pour certaines d’étudiant.es faisant la queue pour des distributions alimentaires. Face à la précarisation d’une partie des étudiant.es, certaines structures luttent à l’échelle locale contre ce phénomène. Cop1 est une association qui a pour but de lutter contre la précarité étudiante au sens large et l’isolement social. L’Union Pirate de Nantes est un syndicat étudiant qui propose des activités de solidarité, notamment les distributions alimentaires.

Une demande importante

Cop1 organise une distribution chaque vendredi soir à la carte postale sur l’île de Nantes, avec à chaque fois une forte affluence : “généralement on met environ 200 places en ligne le mercredi soir, et ça part très vite, on a de grosses listes d’attente”, nous dit Victor, actuellement en service civique pour Cop1.
Cependant dans la mesure où les distributions plafonnent à 200 places il est difficile pour l’association d’estimer s’il y a une hausse ou non de la demande : “les listes sont à peu près constantes, l’avantage c’est qu’à Nantes, on n’est pas la seule asso à proposer ça, il y a aussi Linkee, l’Epicerie Solidaire et l’Union Pirate sur le campus”, confie Elouan membre de la coordination de Cop1.

Distribution Alimentaire et de produits d’hygiène à la Carte Postale sur l’île de Nantes. 12/12/25 Crédit Elliot Biskri

En effet plus proche du monde étudiant, l’Union Pirate de Nantes organise aussi des distributions sur le campus : “on propose généralement une distribution de ce type par semestre, c’est gratuit, sans inscription et ouvert à toutes et tous.” indique Théophile, président de l’antenne nantaise de l’Union Pirate.

Les membres de l’Union Pirate lors d’une distribution alimentaire. 18/11/25 Crédit Elliot Biskri

Une organisation importante

Ces organismes à l’échelle locale représentent une forme d’auto organisation de personnes issues du monde étudiant pour lutter contre le phénomène de précarité: “en termes de bénévoles on est que sur du moins de 26 ans ou des étudiants”.
Pour proposer une distribution chaque vendredi, les bénévoles de Cop1 doivent s’organiser en amont tout au long de la semaine : “On s’arrange pour passer une commande une semaine avant la distribution, le jeudi on est livré, on se rend en plus à la banque alimentaire du 44 et ensuite on prépare des paniers pour 200 personnes qu’il faut ramener le vendredi pour la distribution”, détaille Victor qui se charge de gérer la logistique pour Cop1.

 

Elouan membre de la coordination et Victor en service civique pour Cop1, pendant une distribution à la Carte Postale. 12/12/25 Crédit Elliot Biskri

Se fournir malgré les coupes budgétaires

Les coupes budgétaires de la Région survenues l’an passé ont eu un impact important sur les associations locales comme Cop1 : “Avant, notre source d’approvisionnement principale c’était la banque alimentaire, mais depuis qu’on leur à supprimé leurs aides ils nous donnent trois à quatre fois moins qu’avant”. L’association pour maintenir ses activités doit maintenant passer en partie par des fournisseurs privés et compter sur des dons, Elouan nous explique :“aujourd’hui on est à 50% de dons privés et 50% de financements publics”. La recherche de ces donateurs privés est toutefois difficile, l’association a connu beaucoup de refus de la part des grandes surfaces pour organiser des collectes, ces dernières étant déjà beaucoup sollicitées pour ce genre d’actions.

Étudiant en histoire, Elliot a pour projet de s’orienter professionnellement vers le journalisme dans les années à venir. Son expérience au sein de Fragil constitue pour lui une première expérience dans le milieu, dont il compte bien profiter pour élargir ses horizons.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017