15 octobre 2025

Mathilde, une nouvelle plume engagée

Arrivée à Nantes pour s’engager dans la vie militante, Mathilde rejoint cette année le média associatif Fragil. En devenant bénévole, elle retrouve son goût pour l’écriture et souhaite mettre son engagement antifasciste et féministe au cœur de ses futurs articles.

Mathilde, une nouvelle plume engagée

15 Oct 2025

Arrivée à Nantes pour s’engager dans la vie militante, Mathilde rejoint cette année le média associatif Fragil. En devenant bénévole, elle retrouve son goût pour l’écriture et souhaite mettre son engagement antifasciste et féministe au cœur de ses futurs articles.

Mathilde arrive à Nantes en septembre 2023. Originaire de l’est de la France, elle sait déjà où elle met les pieds : « Je suis venue dans cette ville pour m’engager dans la vie militante », confie-t-elle avec le sourire. Guidée par son ambition actuelle, « faire de l’éducation populaire », elle travaille dans le périscolaire et dans un centre de loisirs. Mais il lui est difficile de concilier travail et militantisme, hormis la participation à diverses manifestations certains week-end.

Trouver le temps de s’impliquer autrement

En septembre 2025, Mathilde réduit son temps de travail et trouve désormais « le temps et l’énergie » pour se consacrer à d’autres activités. Cette période coïncide justement avec le recrutement de nouveaux bénévoles pour la saison 2025-2026 du média associatif « Fragil ». Ayant découvert ce webzine en rencontrant d’ancien·es bénévoles, elle commence à le suivre sur les réseaux et ce qu’elle découvre lui plaît énormément. D’abord hésitante, elle postule et se dit « que ça peut être l’occasion de créer du lien, de vivre un peu plus Nantes. C’est l’association parfaite pour ça, car on va aussi découvrir d’autres associations sur lesquelles on va écrire ».

 

Portrait de Mathilde

Mathilde aime voir autant la nature au cœur de la ville de Nantes.
14/10/2025. Crédit : Armel

Revenir à l’écriture et au journalisme engagé

Participer à ce média signifie pour elle un retour à ses premières amours : « J’ai fait des études où j’écrivais et c’est la seule chose qui me manque vraiment. » Le journalisme attire Mathilde dès le lycée, ce qui la pousse à intégrer une licence de sciences politiques à Mulhouse. Elle s’engage aussi dans un syndicat militant lié à l’Union étudiante, le CSTE. Ses articles et vidéos type « vlog » y vulgarisent des sujets antifascistes et féministes, entre autres : sa « seule expérience de journalisme » à ce jour.

Attentive à la vérification des sources, aux dérives liées à l’IA, à la notion de contre-pouvoir de la presse, elle aimerait particulièrement traiter des dossiers relatifs à l’antifascisme et couvrir en immersion des manifestations à la rédaction de « Fragil ». « Je suis venue à Nantes pour participer aux luttes antifascistes. Prendre part à un journal qui ne critique pas systématiquement ces luttes et qui cherche à les analyser, ça ne peut être qu’intéressant. »

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017