14 octobre 2025

«Responsabilité et excitation», les mots d’ordre de Lou à Fragil

Pour Lou, lycéenne en terminale spé SES, venir à Fragil, c’est avoir un objectif clair d’engagement. C’est aussi la promesse de s’intégrer au sein d’un collectif. Elle ne cache pas que c’est une étape essentielle à franchir qui symbolise une première forme d’ émancipation familiale.

«Responsabilité et excitation», les mots d’ordre de Lou à Fragil

14 Oct 2025

Pour Lou, lycéenne en terminale spé SES, venir à Fragil, c’est avoir un objectif clair d’engagement. C’est aussi la promesse de s’intégrer au sein d’un collectif. Elle ne cache pas que c’est une étape essentielle à franchir qui symbolise une première forme d’ émancipation familiale.


Lou n’hésite pas un instant pour affirmer fièrement ce qui l’anime chez Fragil : « en un mot,  responsabilité !  Je vais enfin avoir des objectifs que je vais faire toute seule et aussi acquérir une indépendance par rapport à l’école. Une vraie excitation ! »

Une motivation renforcée par sa famille

Lou est native de Nantes : « Je vis à Nantes et je vis dans le quartier St Mihiel depuis toujours ». Pour la lycéenne,  la défense des idées a commencé sur les bancs de l’école : « j’étais avec des personnes qui ne correspondaient pas forcément à mes idées politiques ce qui m’a appris à défendre mes intérêts et mes jugements

La terminale insiste sur le rôle primordial joué par ses parents dans le développement de sa conscience politique : « je suis très famille, on communique beaucoup, on parle de tous les sujets sans gêne. J’ai beaucoup été influencée par eux dans la manière de voir le monde».
Iels sont également, pour Lou, une source de motivation supplémentaire pour expérimenter le journalisme : « je regarde beaucoup ce que fait ma mère qui est journaliste web. Elle m’a donnée envie et cela m’inspire beaucoup. »

« On a tous un regard unique »

Lou désire partager sa vision des choses pour mieux s’épanouir : « Je souhaite porter un nouveau regard par rapport à mon âge, sur l’actualité. » La terminale précise aussi que l’association donne un cadre propice à la discussion et l’échange : « Chacun·e des membres de Fragil, a un rôle à jouer. On a tou·tes un regard unique ».
L’écriture fait partie de son ADN : « j’écris sur mes émotions, sur ce que j’entends, sur tout et partout, tellement que je n’ai presque plus de stockage dans mon téléphone » dit-elle en souriant.

Lou, lycéenne, nouvelle membre de Fragil. Photo prise le 08/10/2025 par Pierre Farnoud

Fragil, un cadre et un lieu pour se construire

Lou avait quelques appréhensions sur les écarts d’âge en arrivant dans le webzine : « direct,  j’ai pensé que je n’allais pas rentrer dans un lieu avec des gens de mon âge mais ça me va. ». Elle sait qu’intégrer un collectif, c’est porteur d’un projet plutôt positif et sa construction personnelle : « je suis dans un milieu qui n’est pas dans ma zone de confort mais je trouve ça intéressant d’aller au-delà de mes limites, de prendre en maturité ».

Des paroles, des pensées, Lou en a plein en stock et surtout, elle sait déjà que sa vie est encore pleine de promesses. Rien qu’un instant, elle veut se sentir impliquée pour atteindre ses objectifs à Fragil : « il est important d’amener l’association à un niveau de reconnaissance supérieure pour les nantais·es ».

Professeur d’histoire-géographie, Pierre observe avec curiosité les changements de sa ville natale. Entre ses promenades à Chantenay, sa passion pour le backgammon et ses racines iraniennes, il explore à sa manière l’histoire et la culture.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017