2 juillet 2025

Avec son EP « Pablo », le musicien Enfant Bulle explore son passage à l’âge adulte

Sorti le 4 juin dernier, le second EP d'Enfant Bulle dépeint « Pablo », un adolescent hypersensible qui appréhende le passage à l'âge adulte.

Avec son EP « Pablo », le musicien Enfant Bulle explore son passage à l’âge adulte

02 Juil 2025

Sorti le 4 juin dernier, le second EP d'Enfant Bulle dépeint « Pablo », un adolescent hypersensible qui appréhende le passage à l'âge adulte.

Oscar Mouchet a créé le personnage d’Enfant Bulle il y a 6 ans, lorsqu’il était encore en études. Le jeune nantais de 27 ans est désormais sur le marché du travail et son personnage explore son rapport complexe au monde des grands. Enfant Bulle nous livre des instants de vie d’un jeune adulte qui appréhende le passage à l’adulte et son lot de responsabilités, de désillusions, mais aussi la perte d’une certaine naïveté propre à l’enfance. Se décrivant comme hypersensible, Oscar entrevoit la bulle comme une forme de protection, un cocon au sein duquel il développe sa créativité musicale.

« Pablo » : un second EP inspiré de l’adolescence de l’artiste

Pablo a fait sa première apparition lorsque Oscar était en classe de 5e et qu’il devait choisir un pseudonyme pour son cours d’espagnol. Empreint de ses expériences adolescentes, le personnage fictif permet à l’artiste de se détacher du réel pour parler de ses peurs, ses regrets, ses relations amicales : « La création de Pablo c’est l’idée de créer un alter ego […] qui permet de mieux supporter le monde du travail, de prendre la vie avec plus de légèreté ». Son titre « Canette de Monster » renvoie notamment à l’année de ses 15 ans. Ci-dessous, voici quelques lignes de texte dans lesquelles il partage son ambition de devenir réalisateur, en dépit de son sentiment de solitude et son manque de confiance :

« Petit ado veut devenir réalisateur, à la Tarantino, à la David Fincher.
Pas invité à la teuf, mais de quoi ils ont peur, je me sens six feet under.
Que des classiques sur mes posters, je n’ai pas la science à Kevin Costner.
J’me sens pas chez moi comme fille au pair, je suis dans la lune, non j’suis pas aware ».

Avec « JTM », l’artiste interroge la place de l’amitié dans la société

Acronyme des jeunes générations pour écrire « Je t’aime », le titre « JTM » est une déclaration musicale décrite comme absurde, qu’Enfant Bulle a souhaité rendre « un peu trop forte, presque gênante ». « Est-ce qu’on peut dire je t’aime aussi à un ami ? » demande Oscar. À travers Pablo, le jeune artiste souhaite mettre sur un pied d’égalité relation amicale et relation de couple. « L’idée c’est d’avoir des compagnons de vie autres que le couple pour remettre de l’attention sur l’amitié. Au final l’amitié c’est souvent quelque chose qui peut perdurer toute une vie alors qu’une relation de couple c’est un peu plus les montagnes russes ».

« Placer un peu de poésie dans un quotidien que ne s’y prête pas forcément »

Enfant Bulle revient sur son désir d’apporter plus de poésie dans un monde qui ne lui correspond pas toujours. Il réfute l’opposition entre légèreté et réalité. Pour l’artiste, les deux sont compatibles : « Le syndrome de Peter Pan je le trouve intéressant et important à évoquer, c’est se demander à quel moment on devient vraiment adulte. C’est se demander si on devient vraiment un jour adulte. On peut voir le syndrome comme quelque chose d’assez immature mais je trouve que c’est mettre aussi de la poésie dans un quotidien qui ne s’y prête pas forcément ». Prônant la légèreté de vivre comme philosophie, Oscar invite à la rêverie dans les instants de tous les jours, dans le tramway par exemple ou bien en retrouvant ses collègues.

Avec une prose concise et efficace qui caractérise son écriture, Enfant Bulle, considère qu’il n’est pas toujours utile de « faire des phrases alambiquées ou à rallonge » pour faire passer un message. À travers des formulations simples évoquant la fausse naïveté de son personnage adolescent, le musicien résume en quelques mots ses pensées, visant à délivrer un message de manière directe.

Enfant Bulle dans le Carrousel des Mondes Marins © Savannah Cerveau

Au delà de l’EP : des concerts et des vidéos

Suite à la sortie de son EP, Enfant Bulle a également sorti le clip de son titre « Canette de Monster » tourné en partie dans un lycée agricole de Nantes. Produit par PYPO Production, l’artiste envisage de se produire plusieurs fois dans l’été avec une première date le 5 juillet à Saint-Malo-de-Guersac.

L’artiste invite également à suivre son compte Instagram qu’il décrit comme son terrain d’expression poétique. Il y partage de nombreux formats vidéo décalés et absurdes, notamment des capsules qu’il intitule « Monologue ».

Plus d’infos sur les actualités d’Enfant Bulle : https://pypoproduction.com/artiste/enfant-bulle/

© louisadenubie

Cela fait bientôt 4 ans que Savannah réside à Nantes, capitale culturelle du grand Ouest. C’est d’ailleurs cette réputation qui a incité Savannah à investir ce qu'elle nomme “la grande ville”.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017