10 novembre 2017

Trump An 1

Trump An 1

10 Nov 2017

Déjà un an.
Au début, on a tous cru que c’était une plaisanterie. Les États-Unis ne pouvait pas mettre à leur tête un homme pareil, milliardaire, animateur de télé-réalité et copie conforme du Biff de « Retour vers le futur ». Un homme pro-armes à feu, prêt à construire un mur à la frontière avec le Mexique et faire la chasse aux musulmans. Un homme qui s’amusait à répéter violemment des « You’re fired ! » (tu es viré !) devant des millions de téléspectateurs et qui nomme son ennemi « Rocket man ». Et je ne parle pas de sa coiffure (on n’attaque pas le physique), ni de sa femme (ou son clone)…
Pourtant, le 8 novembre 2016, la réalité a rejoint la mauvaise fiction qu’on n’osait à peine imaginer : Donald Trump était élu 45ème président des États-Unis. Une claque ! Nous allions tous être obligés de vivre, d’évoluer, d’être heureux, dans un monde où ce guignol (pardonnez-moi l’expression) était président de la plus grande puissance mondiale !
365 jours plus tard, que peut-on retenir des actions de « l’homme le plus puissant de la planète » ?
. 0 loi majeure portant sa signature.
. 1 conférence de presse quand Obama en avait déjà organisé 11.
. 3 ex-membres de son équipe de campagne inculpés dans l’« affaire russe ».
. 48% des Américains sondés déclarent le « désapprouver fortement ».
. 73 journées de golf soit un coût de 77 405 876 dollars.
. 1318 déclarations fausses ou trompeuses, mensonges et contre-vérités.
. 2467 tweets dont 127 avec la mention fake news.
Un triste bilan.
Une seule lueur d’espoir : il ne reste plus que trois ans à tirer.

Allez courage !

Carte blanche à Gabriel Saglio et les Vieilles Pies

« Opération Lune », la fake news en œuvre d’art

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017